Plus de 1,5 million de brebis en Occitanie, première région ovine de France
L’Occitanie a la particularité d’être la première région ovine française, tant sur les brebis laitières que pour les allaitantes. Si la région compte 850 000 brebis laitières, les brebis allaitantes représentent 21 % du cheptel national, avec 730 000 têtes.

En 2022, on dénombrait en Occitanie 3 300 exploitations d’ovins allaitants, dont plus de la moitié est spécialisée. « Aujourd’hui, il y a beaucoup d’exploitations où l’atelier ovin viande est soit secondaire, soit complémentaire », précise Aurore Petit, animatrice de la filière ovin viande à la chambre d’agriculture de l’Aveyron.
À l’échelle régionale, la production est bien structurée : 1 000 éleveurs sont engagés dans des démarches qualité, dix organisations de producteurs (OP), six ateliers de découpe et plus de dix points de vente assurent la valorisation des produits. « C’est une filière de taille modeste, bien organisée, où les acteurs travaillent en synergie. »
Depuis plusieurs années, une stratégie de valorisation sous signe officiel de qualité a été mise en place à l’échelle régionale et départementale. Le Label rouge permet aux éleveurs et aux coopératives de mieux valoriser l’agneau et d’en tirer une meilleure rémunération.

Le comité bassin ovin viande : un groupe d’experts
Depuis plusieurs années, le comité bassin ovin viande a pour mission de renforcer la cohésion de la filière à l’échelle départementale et d’en assurer la promotion. Animé par Aurore Petit, il regroupe les quatre groupements de producteurs (Natera, Aprovia, Sica2G et Elvea 12), les deux schémas de sélection, la chambre d’agriculture de l’Aveyron et le Groupement de défense sanitaire (GDS), chacun étant représenté par un élu.
« Nos missions sont d’échanger avec les techniciens, de diffuser l’information, de faire remonter les problématiques de terrain, d’informer sur les projets et les aides, et de promouvoir la filière auprès des étudiants, des banques et des porteurs de projets. Cela passe notamment par l’organisation du forum ovin viande, de visites d’élevages ou encore d’interventions dans des classes d’étudiants », explique Aurore Petit. « Souvent, j’interviens avec un ou plusieurs techniciens afin de bénéficier de l’appui de collègues qui connaissent bien le terrain. Ce groupe a pour objectif de définir les orientations de promotion de la filière. »
Bien que les quatre OP soient concurrentes, chacune ayant ses propres éleveurs et son propre circuit de commercialisation de l’agneau, elles travaillent néanmoins ensemble au sein du comité bassin ovin viande, avec des actions menées en partenariat avec Inn’Ovin.
Une charte à l’installation
Afin de favoriser les projets d’installation en élevage, le comité bassin ovin viande propose depuis 2021, à travers une charte à l’installation, des mesures d’accompagnement spécifiques pour soutenir l’installation de nouveaux producteurs sous signe officiel de qualité (Label rouge, IGP, Bio).
La filière s’engage donc à accompagner les porteurs de projets dans l’accès au financement régional, avec notamment le fonds d’avance cheptel (un prêt à taux zéro sur sept ou dix ans, avec un différé d’amortissement possible de deux ans pour l’achat d’animaux – brebis et agnelles – destinés aux jeunes agriculteurs). L’accompagnement inclut également : la réalisation de dossiers de demande de financement, une visite gratuite du conseiller ovin viande de la chambre pour la réflexion du projet, la mise en place d’un appui technique personnalisé et gratuit durant trois ans et des conditions commerciales spécifiques pour les nouveaux installés, pendant trois ans, basées sur les grilles de conformation pour chaque OP commerciale.
Quatre OP main dans la main
L’Aveyron compte deux types d’organisations de producteurs : Natera, Sica2G et Aprovia, qui sont des OP commerciales fournissant un appui technique ainsi que l’achat d’agneaux, et l’association d’éleveurs Elvea, qui fournit un appui technique et ne commercialise pas les agneaux. Cette dernière regroupe une centaine d’éleveurs ovins et 350 éleveurs bovins, répartis sur les départements de l’Aveyron, du Lot, de la Lozère et du Tarn. En Aveyron, 40 éleveurs ovins peuvent bénéficier de l’appui technique de Marine Besset.
« Les éleveurs adhérents à notre OP vendent leurs animaux à des négociants privés, eux aussi adhérents de l’association. Nous avons un collège d’acheteurs qui adhère à l’association au même titre que les éleveurs. Cela permet à ces derniers d’accéder à des services comme s’ils étaient membres d’une coopérative, tout en conservant la liberté de commercialisation, sans prélèvement sur les ventes. Nous assurons le suivi administratif, l’appui technique, les dossiers de subventions et la gestion des filières label, avec une visite annuelle pour vérifier le respect du cahier des charges, explique la responsable technique ovin viande de cette OP non-commerciale. Nous ne démarchons pas les éleveurs, ce sont les négociants qui nous mettent en contact. Mon rôle est d’être neutre vis-à-vis des éleveurs et de leur fournir un suivi lorsqu’ils en ont besoin. L’association représente une grande liberté pour les éleveurs et une alternative au système classique. »
Installée à Rodez, dans les locaux de la chambre d’agriculture de l’Aveyron, Elvea compte trois salariées et prélève une cotisation de 0,40 euro par brebis par an, avec un appui technique à la carte (200 euros par visite). « Nous essayons de nous impliquer le plus possible dans l’installation des jeunes en participant aux Ovinpiades et en suivant la charte à l’installation. Nous observons d’ailleurs un nombre croissant d’installations ces dernières années, souvent des doubles actifs installés avec de petits ateliers. Cela est prometteur, cela montre que la filière est porteuse et qu’elle motive à s’installer », ajoute-t-elle.
Le marché de Réquista : une garantie de paiement à tous les éleveurs
Le foirail de Réquista, le premier marché ovin et caprin de France, connaît une évolution inédite depuis le 1er octobre 2024 : l’instauration d’une garantie de paiement pour les vendeurs. Le principe est simple : l’exploitant du marché règle les éleveurs dans un délai de 5 jours et se charge de la facturation auprès des acheteurs, qui sont prélevés dans un délai de 12 jours. En cas de litiges, l’exploitant du marché assume les décalages de trésorerie et les risques d’impayés.
L’évolution du marché, jusqu’alors exploité en régie par la commune de Réquista, a nécessité la création d’une structure dédiée. Ainsi, la commune, 110 éleveurs et 15 négociants ont constitué la société d’économie mixte (SEM) du marché ovin de Réquista. Son capital, d’un montant de 38 700 euros, est détenu à 51,68 % par la commune, et à 24,16 % par les éleveurs et les négociants, chacun.
Chiffres clés
L’Occitanie, première région ovine
34 % de la production animale
3 512 élevages
56 % spécialisés
726 000 brebis allaitantes
850 000 brebis laitières
Cheptel moyen : 202 brebis
Chiffres clés
La production ovine en Aveyron
827 élevages allaitants
1 185 élevages laitiers
103 503 brebis allaitantes
583 158 brebis laitières
69 % suivis par les OP
Chiffres clés
Pourcentage de brebis par OP en 2022 (Aveyron, Tarn-et-Garonne) :
39 % Natera Agneau Fermier des pays d’Oc, IGP Aveyron
29 % AProvia Lou Paillol, Agneau Fermier de l’Aveyron, IGP Aveyron
19 % Sica2G Lou Paillol
12 % Elvea12 Lou Paillol
1 % Arterris