Aller au contenu principal

Les laitiers préparent l’avenir ensemble

La filière laitière ovine travaille à se rassembler dans une future interprofession. Les discussions avancent car les défis ne manquent pas pour les laitiers.

La construction de France brebis laitière avance. Cette association est amenée à devenir l’interprofession du lait de brebis. Elle regrouperait les 4 500 producteurs et les transformateurs de lait de brebis de toute la France pour fédérer l’ensemble de la filière et ses 280 millions de litres produits chaque année. « Il est important d’avoir une structuration nationale en plus des interprofessions régionales pour pouvoir être visible », estime ainsi Joël Acher, éleveur dans l’Hérault et président du CNBL, le Comité national brebis laitière. « Avec les États généraux de l’alimentation, tout le monde a pris conscience qu’il fallait se structurer », renchérit Jean-François Cazotte, producteur de lait de l’Aveyron et membre du bureau de la FNO.

Cette interprofession nationale permettrait aux pouvoirs publics de n’avoir qu’un interlocuteur unique pour les questions relatives au lait de brebis. Ce sera aussi une façon d’échanger davantage entre les bassins laitiers pour traiter de façon commune les problématiques techniques ou de promotion des produits laitiers ovins. Si la nouvelle interprofession sera l’instance politique de la brebis laitière, le Comité national brebis laitières (CNBL) restera l’outil technique de la filière.

« Même si on ne peut pas parler des prix dans une interprofession, ce lieu sera aussi un endroit pour se réunir et discuter de la conjoncture et des problèmes que chacun rencontrent », imagine Joël Acher. Surtout qu’avec la loi Agriculture et Alimentation, l’État attend des interprofessions qu’elles produisent des indicateurs économiques de référence qui figureront sur les contrats passés entre les opérateurs de leurs filières.

Une interprofession représentative en cours de création

En ce moment, les discussions et les rencontres vont bon train et l’association France brebis laitière pourrait être officiellement créée au premier semestre 2019. Il restera ensuite à l’État de reconnaître cette association comme interprofession représentative. Comme pour l’interprofession lait de vache (Cniel) ou celle du lait de chèvre (Anicap), l’interprofession fonctionnerait par consensus entre trois collèges, celui des éleveurs producteurs de lait, celui des transformateurs privé et celui des transformateurs coopérateurs qui sont à la fois du côté des éleveurs et de celui de l’industrie laitière.

Le siège social pourrait se situer à Toulouse ou dans une ville du Sud car c’est dans le sud de la France que sont localisées 98,6 % des brebis laitières. En effet, d’après les statistiques du ministère de l’Agriculture, l’Occitanie compte 947 000 brebis et agnelles laitières saillies (60 %) et la Nouvelle-Aquitaine, 502 000 (32 %), suivies par la Corse (85 000 - 5 %), Auvergne-Rhône-Alpes (14 000 – 1 %) et Paca (10 000 – 0,6 %).

Autre question à régler pour faire tourner l’association, celle des moyens. « Il faudra des moyens financiers pour embaucher un animateur ou pour cofinancer des actions de promotion ou de recherche », estime Joël Acher qui plaide pour la mise en place d’une cotisation volontaire qui pourrait devenir ensuite obligatoire. Dans l’état actuel des discussions, ces cotisations seraient prises en charge pour moitié par les transformateurs et pour moitié par les producteurs de lait. « Par soucis d’équité, il faudrait que tout le monde cotise car tout le monde profitera du travail de l’interpro ». Les fabricants de roquefort, d’ossau-itay, de bruccio seront donc mis à contribution de même que les laiteries du quatrième bassin, ceux du reste de la France, qui produisent du fromage, de la glace ou des yaourts aux laits de brebis. Les fromagers fermiers seront aussi appelés à contribuer à cet effort collectif.

En plus de l’animation de l’interprofession, les cotisations permettront de financer et surtout cofinancer des études, sur la qualité du lait par exemple, ou de la promotion générique du lait de brebis. « Je rêve d’un stand du lait de brebis au salon de l’agriculture », projette Joël Acher. Pour communiquer, la future association pourra s’appuyer sur une étude de FranceAgriMer en cours dont les premiers éléments montrent la bonne image des produits laitiers ovins. Une image à entretenir. Ensemble.

chiffres clés

Le lait de brebis en France en 2017

4 470 exploitations détenant des brebis laitières
1 575 000 brebis et agnelles saillies laitières
30 % des brebis et agnelles saillies (lait + viande)
5 races locales
276 millions de litres de lait produit
1 % du lait produit en France (vaches, chèvres, brebis)
Sources : Idele d’après SSP, enquête cheptel ; SSP, statistique agricole annuelle

Les plus lus

<em class="placeholder">Eleveur conduisant ses brebis au pâturage.</em>
« Les Ovinpiades m'ont permis de faire ma place dans la filière ovine »
« J’ai un CV complet », c’est par ces mots que nous avons terminé l’entretien avec Benjamin Piot, meilleur jeune berger…
<em class="placeholder">Brebis au pré, en train de manger des feuilles d&#039;arbre au sol.</em>
Faire la feuille : une pratique adaptée aux ovins à besoins faibles et modérés
En complément d’un apport de foin, « la feuille » complète la ration des brebis peu exigeantes, à l’entretien, taries,…
<em class="placeholder">Marion Lassalle et Yannick Helip </em>
"Nous dégageons deux salaires avec notre système transhumant et nos brebis romanes"
Dans les Hautes-Pyrénées, Marion Lassalle et Yannick Helip conduisent une troupe de brebis allaitantes en optimisant la ressource…
<em class="placeholder">L&#039;éleveur se tient devant ses brebis en bergerie.</em>
« Nous distribuons trois kilos bruts de betteraves fourragères par brebis pour le lot au pâturage en hiver »
Dans les Côtes-d’Armor, Ida Prigent et Nicolas Le Provost pratiquent deux périodes de mises bas par an pour leurs brebis…
<em class="placeholder">Markus Klützke</em>
« J’ai créé un atelier de 1 000 moutons sur la ferme familiale »
Au septentrion de l’Allemagne, en Frise-du-Nord, le jeune Lasse âgé de 19 ans, s’installe sur l’exploitation familiale et crée…
<em class="placeholder">Sana avec son bâton. </em>
La drôle d’estive de Sana, fille de bergère
Sana, 10 ans, partage le travail en montagne de Chloé, sa maman bergère. Elle raconte son quotidien sur les flancs du Chalvet et…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Pâtre
Consultez les revues Réussir Pâtre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Pâtre