Les laitiers préparent l’avenir ensemble
La filière laitière ovine travaille à se rassembler dans une future interprofession. Les discussions avancent car les défis ne manquent pas pour les laitiers.
La filière laitière ovine travaille à se rassembler dans une future interprofession. Les discussions avancent car les défis ne manquent pas pour les laitiers.
La construction de France brebis laitière avance. Cette association est amenée à devenir l’interprofession du lait de brebis. Elle regrouperait les 4 500 producteurs et les transformateurs de lait de brebis de toute la France pour fédérer l’ensemble de la filière et ses 280 millions de litres produits chaque année. « Il est important d’avoir une structuration nationale en plus des interprofessions régionales pour pouvoir être visible », estime ainsi Joël Acher, éleveur dans l’Hérault et président du CNBL, le Comité national brebis laitière. « Avec les États généraux de l’alimentation, tout le monde a pris conscience qu’il fallait se structurer », renchérit Jean-François Cazotte, producteur de lait de l’Aveyron et membre du bureau de la FNO.
Cette interprofession nationale permettrait aux pouvoirs publics de n’avoir qu’un interlocuteur unique pour les questions relatives au lait de brebis. Ce sera aussi une façon d’échanger davantage entre les bassins laitiers pour traiter de façon commune les problématiques techniques ou de promotion des produits laitiers ovins. Si la nouvelle interprofession sera l’instance politique de la brebis laitière, le Comité national brebis laitières (CNBL) restera l’outil technique de la filière.
« Même si on ne peut pas parler des prix dans une interprofession, ce lieu sera aussi un endroit pour se réunir et discuter de la conjoncture et des problèmes que chacun rencontrent », imagine Joël Acher. Surtout qu’avec la loi Agriculture et Alimentation, l’État attend des interprofessions qu’elles produisent des indicateurs économiques de référence qui figureront sur les contrats passés entre les opérateurs de leurs filières.
Une interprofession représentative en cours de création
Le siège social pourrait se situer à Toulouse ou dans une ville du Sud car c’est dans le sud de la France que sont localisées 98,6 % des brebis laitières. En effet, d’après les statistiques du ministère de l’Agriculture, l’Occitanie compte 947 000 brebis et agnelles laitières saillies (60 %) et la Nouvelle-Aquitaine, 502 000 (32 %), suivies par la Corse (85 000 - 5 %), Auvergne-Rhône-Alpes (14 000 – 1 %) et Paca (10 000 – 0,6 %).
Autre question à régler pour faire tourner l’association, celle des moyens. « Il faudra des moyens financiers pour embaucher un animateur ou pour cofinancer des actions de promotion ou de recherche », estime Joël Acher qui plaide pour la mise en place d’une cotisation volontaire qui pourrait devenir ensuite obligatoire. Dans l’état actuel des discussions, ces cotisations seraient prises en charge pour moitié par les transformateurs et pour moitié par les producteurs de lait. « Par soucis d’équité, il faudrait que tout le monde cotise car tout le monde profitera du travail de l’interpro ». Les fabricants de roquefort, d’ossau-itay, de bruccio seront donc mis à contribution de même que les laiteries du quatrième bassin, ceux du reste de la France, qui produisent du fromage, de la glace ou des yaourts aux laits de brebis. Les fromagers fermiers seront aussi appelés à contribuer à cet effort collectif.
En plus de l’animation de l’interprofession, les cotisations permettront de financer et surtout cofinancer des études, sur la qualité du lait par exemple, ou de la promotion générique du lait de brebis. « Je rêve d’un stand du lait de brebis au salon de l’agriculture », projette Joël Acher. Pour communiquer, la future association pourra s’appuyer sur une étude de FranceAgriMer en cours dont les premiers éléments montrent la bonne image des produits laitiers ovins. Une image à entretenir. Ensemble.