"Nos canards « bien-être » sont élevés sur sciure"
La coopérative CPASL a lancé en 2015 une production de canards de Barbarie sur litière avec jardin d’hiver. Elle mise désormais sur des bâtiments mixtes canard-poulet, offrant une plus grande adaptabilité aux marchés.
La coopérative CPASL a lancé en 2015 une production de canards de Barbarie sur litière avec jardin d’hiver. Elle mise désormais sur des bâtiments mixtes canard-poulet, offrant une plus grande adaptabilité aux marchés.





C’est à Chassigny-sous-Dun, chez Stéphanie et Patrice Labrosse, qu’a été construite l’une des premières canardières Bien-être animal (BEA) de la coopérative de production avicole de Saône-et-Loire CPASL.
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Sa particularité : un élevage de canards de Barbarie sur sciure avec accès à un jardin d’hiver (préau semi-ouvert adjacent à la salle d’élevage). Ce concept a été développé à partir de 2015 en partenariat avec l’abattoir Palmi d’or du groupe LDC (Trambly, 71), au départ pour répondre à un cahier des charges Suisse. « Notre production régionale de canard de Barbarie s’est depuis longtemps démarquée de l’offre de l’Ouest par une viande issue d’un animal alourdi, qui est plumé à sec et dont la peau est jaunie grâce à une alimentation spécifique, explique Patrice Labrosse, président de la coopérative. Le canard BEA s’inscrit dans la continuité de cette démarche de différenciation en termes de qualité de produit et de réponse aux attentes sociétales. » Regroupant sept canardières de 600 à 1 500 m2 permettant d’approvisionner l’abattoir chaque semaine, le canard BEA avec jardin d’hiver représente aujourd’hui 17 % des mises en place de la petite coopérative.

Un jardin d’hiver accessible dès six semaines
Les canards BEA sont élevés sur de la sciure de bois, une litière traditionnellement utilisée dans les élevages de la région, pourvue de nombreuses scieries. « Ce matériau, très absorbant et friable, convient très bien au canard. Le frein initial lié à la main-d’œuvre pour l’ajout quotidien de litière a pu être levé grâce à la mise au point d’une distributrice spécialement conçue par un constructeur local (voir ci-contre). »
Les canards sont démarrés à une densité plus faible que sur caillebotis (12 canards par mètre carré au lieu de 15). Cette dernière descend à 10 canards par mètre carré avec l’ouverture du jardin d’hiver à partir de six semaines. Ce dernier, sur sciure également, représente au minimum 20 % de la surface de la salle d’élevage. Il dispose de plusieurs enrichissements du milieu comme de larges tubes remplis d’eau permettant le trempage de tête ou des bottes de paille.
Des canards sur litière plus actifs
Au niveau technique, les élevages BEA donnent des performances similaires à ceux sur caillebotis. « La condition est de bien maîtriser la qualité de litière et les paramètres d’ambiance dès le démarrage, d’optimiser le confort des animaux pour favoriser l’expression des performances des souches tout en diminuant le risque de picage. »
Même si le prix de reprise du canard produit en bâtiment avec jardin d’hiver proposé par l’abattoir est plus élevé pour tenir compte du coût de production supérieur, la plus faible densité reste pénalisante en termes de marge au mètre carré par rapport au caillebotis. Avec l’augmentation des charges variables comme la sciure, qui était quasiment gratuite et qui aujourd’hui coûte environ 4 euros par mètre carré et par lot, ce canard reste un peu moins rentable. « Nous produisons un produit plus haut de gamme qui n’est pas plus rémunérateur, regrette Patrice Labrosse. L’enjeu est d’obtenir une meilleure valorisation pour tenir compte de coûts de production plus élevés. »
Ces dernières années, la coopérative a misé son développement sur la construction d’élevages mixtes : des bâtiments toujours sur litière mais sans jardin d’hiver, équipés pour produire du canard à rôtir ou du poulet du quotidien type Ross (plus de construction de canardière sur caillebotis depuis 2017). « C’est un bon compromis en termes de performances technico-économiques et de bien-être animal. »
Le compromis du bâtiment mixte
À l’instar du canard élevé en jardin d’hiver, le canard en bâtiment mixte répond au cahier des charges Nature d’éleveur du groupe LDC. Il est valorisé à travers la marque Gourmet et Respect de l’abattoir Palmid’Or (densité maximale de 12 canards par mètre carré, sans antibiotique, lumière naturelle…). « La polyvalence du bâtiment donne de la souplesse pour s’adapter à la demande des marchés, poursuit Martine Début, de la CPASL. En 2024, par exemple, les bâtiments mixtes ont produit essentiellement du poulet lorsque le marché du canard était moins porteur. Cette souplesse profite à l’ensemble des adhérents en limitant les vides longs. »

Alors que la demande de l’abattoir pour des canards sur litière est croissante et que la volaille apporte une diversification aux exploitations de la région, à dominance bovine, la CPASL a pour le moment stoppé son développement. « Les études de rentabilité ne sont plus au rendez-vous, du fait de l’inflation et de coûts de bâtiments devenus trop élevés. Nous visons une rémunération de 1 500 euros par mois pour un atelier de 1 200 m2 correspondant à 0,7 UTH. » Cet objectif est pour l’instant difficile à atteindre.
Une préférence des éleveurs pour le canard sur litière
Stéphanie et Patrice Labrosse exploitent deux canardières, l’une de 500 m2 sur caillebotis et la seconde de 600 m2 sur litière avec jardin d’hiver. Le couple ne cache pas sa préférence pour le bâtiment « bien-être ». « Le travail est beaucoup plus agréable. Il y a moins d’odeur, le nettoyage est plus aisé (pas de caillebotis) et la gestion des effluents plus facile (fumier). » Même si l’ajout de litière est quotidien, les distributrices de sciure ont amélioré les conditions de travail. Stéphanie qui s’occupe de l’atelier canard au quotidien compte un temps de travail équivalent, grâce à la distributrice de sciure. « Je surveille le lot pendant l’épandage à vitesse lente. » L’élevage BEA correspond plus à leurs aspirations en termes de confort pour l’animal. « Cela contribue à notre fierté d’élever des canards de qualité. Cela donne une bonne image de la production. Nous n’hésitons pas à le montrer à nos clients », soulignent les éleveurs qui ont démarré une activité de vente à la ferme. Sur leur exploitation autrefois à dominante de vaches allaitantes, le canard est devenu l’atelier le plus rémunérateur.
En chiffres
Production de la CPASL
42 155 m2 de bâtiments
1 million de poulets par an
1,5 million de canards de Barbarie alourdis par an dont
- 63 % en canard Bien-être animal : canard en bâtiment mixte + canard sur litière + canard avec jardin d’hiver
- 37 % sur caillebotis
La CPASL représente 57 % des canards abattus par Palmid’Or LDC