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Lutte contre le datura : comment fonctionne la télédétection par drone ?

Maïsadour, coopérative du Sud-Ouest, propose à ses adhérents et clients une prestation de télédétection par drone pour faciliter l’arrachage du datura dans les cultures d’été. Explications par son expert dédié.

<em class="placeholder">Plante de datura dans une parcelle agricole.</em>
Le fruit du datura, en forme de capsule, peut produire jusqu’à 500 graines.
© C.Gloria

Le groupe Maïsadour s’intéresse de très près au datura, car cette adventice pénalise directement la qualité des récoltes et concerne toutes les cultures d’été, maïs, tournesol, soja et légumes de plein champ, présentes chez ses adhérents. La coopérative du Sud-Ouest a mis en place plusieurs initiatives pour aider les agriculteurs à limiter sa présence. Parmi elles, des flashs récoltes, qui expliquent l’intérêt du réglage des moissonneuses-batteuses afin d’éviter au maximum la présence de graines de datura dans les remorques.

Maïsadour peut aller jusqu’à appliquer des frais de nettoyage, en cas de forte présence, ce qui contribue aussi à la sensibilisation des producteurs. Une autre mesure proposée est l’utilisation de la télédétection par drone, qui permet de réaliser une cartographie extrêmement précise des zones infestées par le datura au sein des parcelles.

Un datura absolument interdit dans certaines cultures

En 2025, Maïsadour lance sa troisième campagne de mise en œuvre de cette prestation auprès des adhérents et clients. « Il y a quelques années, nous avions des adhérents qui produisaient du sarrasin bio sur quelques hectares, mais la majorité des parcelles n’était pas récoltée à cause d’une forte présence du datura. La distinction entre les deux graines devient d’autant plus difficile que les plantes sèchent », indique Jonathan Rérat, expert en télédétection et en agriculture biologique au sein de la coopérative.

Il ajoute : « Lorsque nous avons eu l’opportunité d’avoir des contrats pluriannuels sur cette culture, nous avons décidé de mettre les moyens pour valoriser la récolte à 100 %. » La coopérative a dans un premier temps lancé cette prestation de télédétection sur du sarrasin bio, tout en faisant en parallèle quelques essais sur maïs doux, chanvre et soja bio.

Un drone détecte un datura de 5 cm de hauteur

Le processus est piloté par Telespazio, entreprise qui fournit des services et des applications satellitaires. « Notre rôle est de référencer les agriculteurs intéressés et les surfaces à faire survoler par le drone », explique Jonathan Rérat. Pour être efficace, il faut survoler les parcelles au plus près de la récolte, dans les 15 jours qui précèdent, pour être sûr de ne pas trouver de datura dans la benne. Le prestataire prévient les agriculteurs de la date du vol et 48 heures après, ceux-ci reçoivent sur une application la cartographie de leur parcelle, chaque point rouge représentant une plante de datura. La précision est très importante puisque le drone détecte un pied de datura de 5 cm au milieu d’un champ de sarrasin. L’agriculteur peut ainsi intervenir directement sur les plantes identifiées et les détruire, sans perte de temps.

La télédétection fonctionne pour toutes les adventices

L’objectif de Maïsadour est de développer la prestation, notamment sur les cultures conventionnelles, pour augmenter les surfaces survolées et ainsi réduire le coût actuel d’environ 70 euros par hectare à moins de 50 euros par hectare, même si « le coût actuel est largement compensé par la réduction de celui lié aux arrachages manuels et à la pénibilité de ce travail », estime l’expert.

La télédétection est également utilisée par les producteurs de légumes de plein champ (haricot vert, petits pois, maïs doux), car elle est systématiquement comprise dans leurs contrats avec les industriels. Cette méthode de détection fonctionne pour toutes les adventices, ambroisie, chénopode, morelle, mais aussi pour détecter des plastiques. Jonathan Rérat explique notamment que la télédétection est une piste sérieuse étudiée au sein de la coopérative pour lutter contre la morelle dans le soja, puisqu’une graine touchée par cette adventice est obligatoirement déclassée pour l’alimentation humaine.

Une plante reconnaissable à son odeur

Pour identifier le datura, au stade plantule, les cotylédons sont très étroits et allongés et les 2-3 premières feuilles sont ovales avec des bords entiers. Les limbes sont dentés à partir de la 4e feuille. On observe des poils sur la tige et les pétioles. Un diagnostic ne trompe pas : au toucher, la plante exhale une odeur nauséabonde. Adulte, un datura peut mesurer de 40 cm à 4 m de hauteur grâce au développement d’une tige puissante et ramifiée. Ses fruits sont en forme de capsules ovales et épineuses pouvant produire chacune jusqu’à 500 graines. Un pied peut donner jusqu’à 5 000 graines qui ont une durée de survie potentielle de plus de 80 ans dans le sol. Les alcaloïdes tropaniques contenus dans les plantes et graines de datura sont très toxiques et les teneurs maximales pour la nutrition humaine sont réglementées.

Des herbicides peuvent venir à bout du datura au champ

Contre le datura, Arvalis préconise d’abord une lutte préventive : ne pas laisser monter en graine les pieds pendant l’interculture, arracher les daturas manuellement en cours de saison en les exportant, surveiller les bords des parcelles, les fossés, les passages d’enrouleurs. La récolte est un facteur de dissémination important : commencer sur les parcelles les moins infestées, bien surveiller le début de chantier de la machine, là où des graines de datura peuvent tomber au sol et veiller au bon nettoyage du matériel entre les chantiers.

En désherbage chimique, l’efficacité des herbicides sur maïs, est satisfaisante. Mais la réussite du programme de désherbage peut être remise en cause par les levées échelonnées du datura. Arvalis recommande donc de prévoir une base herbicide de prélevée avec un spectre large pour cibler l’adventice. Les levées seront ainsi plus groupées et plus faciles à contrôler avec une deuxième intervention herbicide en post-levée du maïs positionnée sur de jeunes daturas au stade 2-4 feuilles. Et une troisième intervention peut s’avérer parfois nécessaire pour gérer les levées tardives. Le désherbage mécanique, quant à lui, peut s’avérer délicat, car les passages de bineuse ont tendance à stimuler de nouvelles levées. L’institut recommande un système de dents bien adapté pour scalper l’adventice sans remuer le sol en profondeur et précise que le nombre de passages doit être important (4 à 5).

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