Aller au contenu principal

Lait bio : « Biolait ne peut pas être réduit à un prix »

Tout juste élue à la présidence de Biolait, Nathalie Delagnes, éleveuse dans l’Aveyron, décrypte, pour Réussir Lait, l’année qui vient de s’écouler et se projette pour 2023. Le prix du lait payé par Biolait devrait légèrement progresser.

Nathalie Delagnes, éleveuse dans l’Aveyron, a été élue présidente de Biolait.
Nathalie Delagnes, éleveuse dans l’Aveyron, a été élue présidente de Biolait.
© Biolait

En 2022, le prix réel du lait bio a été de 489 euros pour 1 000 litres, selon FranceAgriMer. Quel prix Biolait a-t-il payé en 2022 ?

Nathalie Delagnes - « Toutes primes comprises, le prix moyen de Biolait a atteint 455 euros pour 1 000 litres. Nous sommes 30 euros en dessous de la moyenne des autres opérateurs car nous portons un projet différent. Biolait ne peut pas être réduit à un prix. Quand nous faisons le choix de collecter dans les zones à faible densité comme dans les Pyrénées, c’est un choix assumé de tous les producteurs car nous sommes convaincus que si nous ne le faisons pas, ces zones seront abandonnées. Nous ne pouvons pas rivaliser face à des opérateurs qui concentrent leur zone de collecte. Ce différentiel est accepté par les producteurs car c’est un projet politique qui est avant tout un projet de territoire. »

Quelles sont les perspectives pour 2023 ?

N. D. - « Nos prévisions estiment un prix du lait réel de 460 euros pour 1 000 litres. Malgré le décrochage de la consommation de produits laitiers bio, une stabilisation du prix est possible car nos clients nous accompagnent dans ce contexte de forte inflation. Une partie permettra de couvrir la hausse des coûts de collecte et de transport de Biolait. »

La crise que connaît la filière lait bio est due à un déséquilibre entre l’offre, qui a fortement progressé du fait de la dernière vague de conversion, et la demande, plombée par la baisse du pouvoir d’achat. Continuez-vous à accepter de nouvelles conversions ?

N. D. - « Nous avons repris les adhésions qui étaient à l’arrêt depuis mi-2021. Nous sommes convaincus que le bio est une filière d’avenir. Nous proposons un modèle agricole qui répond aux enjeux de la société, même si dans le moment le phénomène d’inflation grève le pouvoir achat des consommateurs qui boudent les produits bio. »

Une reprise rapide des conversions ne risque-t-elle pas de déséquilibrer plus durablement la filière laitière bio ?

N. D. - « Le contexte de marché est compliqué mais nous croyons en des jours meilleurs. Surtout, nous devons faire face au grand défi du renouvellement des générations. Pour 2023, nous prévoyons 5 % de cessations complètes d’activité parmi nos adhérents. Principalement des départs en retraite sans repreneur. Les déconversions sont marginales et doivent nous alerter. Si nous voulons maintenir l’élevage laitier bio, il faut accepter d’accueillir les éleveurs quand ils ont envie de passer en bio sans forcément savoir s’il y a des débouchés en face. Dans les faits, nous avons très peu de demandes de conversion. »

Le gouvernement a annoncé un fonds d’urgence de 10 millions d’euros pour l’ensemble des filières bio (voir p.13). Est-ce suffisant ?

N. D. - « C’est bien que l’on ait été entendus, mais l’enveloppe n’est pas du tout à la hauteur de l’urgence de la situation. L’interprofession a estimé les pertes à 70 millions d’euros rien que pour le lait. Comme la dynamique de conversion est faible, nous demandons que le budget alloué à l’aide à la conversion puisse être utilisé pour les exploitations bio déjà en place. Sinon, nous risquons de perdre notre potentiel de production. Tout le travail effectué et les investissements réalisés auront été gaspillés si cela se solde par des déconversions. »

15 % de taux de déclassement

Biolait affiche 15 % de taux de déclassement en 2022. C’est bien moins que certains opérateurs non spécialisés qui ont annoncé des chiffres avoisinant 40 %. « Notre taux de déclassement sera plus haut en 2023 compte tenu de la baisse de la consommation, explique Nathalie Delagnes. Il pourrait grimper à 33 % en 2023. »

Les plus lus

<em class="placeholder">Estelle et Sylvain Quellier, éleveurs et associés du Gaec des prairies normandes</em>
« Nous réinvestissons pour assurer l'avenir de notre ferme laitière dans l'Orne »

Avec 80 vaches laitières en AOP camembert de Normandie, Estelle et Sylvain Quellier ont choisi d'améliorer les conditions…

<em class="placeholder">vaches rouges flamandes</em>
Race laitière locale : la filière rouge flamande mise sur la valorisation de sa viande et des fromages locaux
L’Union rouge flamande mise, entre autres, sur la valorisation du produit viande pour continuer à tirer la race à petits…
Récolte du maïs épi : les quatre erreurs à éviter

L’ensilage de maïs épi est une source d’énergie pour les vaches laitières. La récolte du maïs épi et sa conservation au silo…

vaches laitières au pâturage dans une prairie permanente du Grand Est
PAC et prairie permanente : quelles sont les règles de retournement ?

Dans quel cas un agriculteur peut-il retourner une prairie permanente ? En France, la conditionnalité de la PAC impose un…

Maïs ensilage : les étapes à suivre pour réussir son ensilage

Récolter au bon stade le maïs fourrage est essentiel : il en va de la qualité et de la conservation de l'ensilage. Ne vous…

<em class="placeholder">Maxime Besnard, éleveur, dans sa luzernière.</em>
« La réussite de l’implantation de la luzerne tient à une somme de petits détails »
Installé en Ille-et-Vilaine en bio, Maxime Besnard sème quatorze hectares de luzerne par an en association avec du trèfle nain et…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière