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PRÉSIDENTIELLE 2007 L’Agriculture vue par M.-G. Buffet

Candidate du parti communiste français aux élections présidentielles, Marie-George Buffet a accepté de répondre à nos questions

La Dépêche - Si vous étiez élue à la Présidence de la République, quelle est la première mesure que vous adopteriez concernant l'agriculture ?

Marie-George Buffet : Dans la mesure où le « cycle de Doha » n'a pas abouti à Hong Kong, j'exigerais de l'Europe qu'elle retire son offre de réduction de baisse de 39% des droits d’accès à l’Union sur les produits agricoles et qu’elle ne cède rien sur les pics tarifaires qui protègent les denrées sensibles comme la viande et les produits laitiers.

Le potentiel de production de la « ferme France » est encore considérable à condition de ne pas commettre l’irréparable qui peut surtout venir de l’OMC et de la Commission européenne, par de nouvelles facilités d’accès au marché européen pour les grands pays exportateurs.

La Dépêche - Quel regard portez-vous sur la Politique agricole commune, et comment envisagez-vous l'après 2013 ?

Marie-George Buffet : En 1992, un premier infléchissement a été apporté pour « corriger les excédents » et maîtriser les dépenses; puis se sont instaurées les primes aux jachères et ont été mises en place des aides directes aux revenus en « compensation » de la baisse du soutien aux prix.

En 1999, les aides, dites de développement rural, instaurent un financement des aménagements territoriaux. En 2003, le « découplage » entre la production et les aides est érigé en principe. Désormais, les agriculteurs percevront un « revenu unique ». Cette orientation préfigure l'abandon des interventions en 2013 et la soumission de l'agriculture au marché mondial. Continuer dans ce sens constitue une forme de renoncement aux ambitions de développement des productions.

La Dépêche - Considérez-vous que les aides publiques soient équitablement réparties et pourquoi ?

Marie-George Buffet : Non, que ce soit en matière de subventions européennes mais également en matière de mesures spécifiques telles que les mises aux normes des installations par exemple. Désormais, le découplage des aides de la production, par la mise en place du Droit à paiement unique (DPU), me paraît dans son fondement d'autant plus inéquitable que la référence « historique » consistant à calculer ces aides par référence aux années passées et indépendamment des productions a aussi pour effet d'en exclure certaines catégories de paysans, à commencer par ceux qui sont engagés dans des productions bio et respectueuses de l'environnement.

La Dépêche - Comment envisagez-vous l'avenir de l'exportation française, notamment concernant les filières des grandes cultures (céréales en particulier) ?

Marie-George Buffet : L'export français tend de plus en plus à être soumis à la seule règle du marché libre et concurrentiel. La référence au seul critère du prix, mondialisé, constitue une véritable aberration dans la mesure où les conditions de production d'un pays à l'autre de la planète ne peuvent pas être identiques. C'est une des raisons pour lesquelles l'agriculture aura toujours besoin de régulation, d'autant plus que sa mission est d’abord de nourrir l'humanité !

La Dépêche - Certains semenciers annoncent 30.000 ha de maïs OGM en France cette année alors que la législation européenne n'est pas transposée en droit français et que l'actuel gouvernement a abandonné le projet de loi sur les biotechnologies. Comment comptez vous gérer cet épineux dossier ?

Marie-George Buffet : Tout d'abord, il convient d'observer que les débats qui ont eu cours sur ce dossier ouvraient de fait la porte à la commercialisation généralisée d'OGM, au mépris du principe de précaution et de la priorité qu'il conviendrait d'accorder au développement de la recherche scientifique et aux expérimentations. Tout est mis en oeuvre, à la fois pour tendre à développer les cultures transgéniques et pour faire supporter la charge des risques prioritairement aux agriculteurs, plutôt qu'aux semenciers. Dans l'hypothèse d'une loi sur ce sujet, qui devrait préalablement faire l'objet d'un moratoire et d’un débat national, celle-ci doit avoir pour objectif de libérer les OGM de la seule tutelle du libéralisme et de la finance, pour les mettre au service du progrès humain.

La Dépêche - Quel est votre regard sur la filière des biocarburants agricoles français ? Les encouragerez-vous et si oui, comment ?

Marie-George Buffet : La production de biocarburants peut constituer une activité de régulation de notre agriculture comme cela a déjà été le cas par le passé. En effet, les paysans au cours des siècles ont toujours pourvu à la production d'énergies pour le chauffage et pour la traction. Mais plusieurs questions se posent quand même. Tout d’abord, quel sera le prix payé aux agriculteurs, au vu de la concurrence de l'éthanol produit au Brésil par exemple ? Ensuite, les biocarburants sont-ils vraiment des carburants écologiques ? La question se pose notamment pour l'éthanol, dont la production consomme énormément d'énergie. Beaucoup de recherches sont encore nécessaires pour faire des biocarburants des carburants vraiment utiles. Enfin, ne faut-il pas veiller, en priorité, à ce que l'agriculture serve à nourrir les hommes ?

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