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Sécurité alimentaire mondiale
Les pays émergents en ordre de marche pour relever le défi agricole

Investissements et environnement entrepreneurial, recherche et transfert de l’innovation, coopération internationale sont les clefs de la réussite.

« NOUS entrons dans une ère de la ressource rare. Il existe des solutions pour faire face à la demande mais il faudra agir sur l’offre », a expliqué David Barroux, rédacteur en chef aux Echos, en préambule de la conférence coprésentée par Passion Céréales et le journal économique, le 22 février au siège de l’OCDE. Être en mesure de nourrir 9 milliards d’hommes à l’horizon 2050, tout en préservant des ressources limitées (sol, eau, engrais, énergie...), tel est le défi que l’agriculture doit relever. Le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, marchés à forte croissance économique et démographique, font déjà la preuve de leur engagement à relever les défis de l’approvisionnement alimentaire au niveau mondial. « Les systèmes agricoles de ces pays sont diversifiés et leurs réussites peuvent apporter des enseignements précieux aux zones à forte croissance, et même aux pays développés », affirme l’étude exclusive “L’agriculture dans les marchés en croissance : sécuriser l’approvisionnement alimentaire mondial”, menée par l’Economist Intelligence Unit.

Le Brésil, une mentalité d’entrepreneur ouverte à l’innovation
« Notre expérience au Brésil montre que les agriculteurs travaillent volontiers avec des développeurs afin d’être les premiers sur le marché à disposer d’une nouvelle technologie », constate Thais Affonso, directrice Veille commerciale de Syngenta. Il faut dire que « les agriculteurs brésiliens sont jeunes, compétents et bien formés, contrairement aux travailleurs qui manque d’instruction », explique Cassio Casseb Lima, ancien président de Banco do Brasil. Pour les accompagner, « les banques sont tenues de prêter au secteur agricole un quart de leurs dépôts à des taux définis par le gouvernement », relève l’étude, tout en précisant que le pays démarre un programme d’assurance climat, en partie subventionné par l’état.
Si le Brésil n’a pas de problème de disponibilités en eau, en énergie et en terre – le pays compte agrandir sa SAU au détriment de sa savane et de ses pâturages, sans « brûler la forêt tropicale », comme l’affirme Cassio Casseb Lima –, il n’y a « pas de stratégie à long terme dans le secteur agricole (...) qui a besoin d’une politique commerciale plus agressive et plus dynamique ». Un autre point faible concerne la logistique et les infrastructures, avoue-t-il, « malgré la construction d’un nouveau chemin de fer ».

La Chine, une modernisation et une restructuration de l’agriculture en cours

« La Chine connaît des transformations sans précédent, ce qui conduira à une augmentation de l’offre alimentaire », affirme avec conviction Yuanchun Liu, vice-président de l’école d’économie Renmin University. Selon l’étude, les investissements agricoles ont en effet dépassé 10 % des dépenses publiques en 2011 (contre 8 % en 2005) quand « la croissance annuelle moyenne en termes réels des dépenses publiques de recherche et de développement agricoles a augmenté pour dépasser 20 % en 2010/2011 (contre 16 % en 2000/2009) ». Le gouvernement chinois « va investir 3.000 milliards de yuans dans les infrastructures agricoles », tandis que « des opérations agricoles à grande échelle apparaissent » (comme des élevages porcins industriels) et que « le taux de mécanisation croît », détaille Yuanchun Liu. Et d’ajouter fièrement : « La modernisation et la restructuration de l’agriculture en Chine de 2011 à 2020 vont libérer davantage de moyens de production et augmenter la production agricole chinoise. »

La Russie, des réserves financières au service de l’agriculture

« Dans un contexte de hausse des prix agricoles mondiaux, la Russie a la volonté de soutenir le secteur avec ses réserves financières », a déclaré Natalia Orlova, chef économiste à Alfa Bank. Si elle reconnaît que « beaucoup d’entreprises étrangères sont venues apporter leur technologie et leur savoir-faire en agriculture, (...) les infrastuctures du secteur doivent être financées par l’état ». Alors que la Russie prévoit de développer ses installations portuaires et de doubler sa capacité d’exportation dans les cinq prochaines années, indique l’étude, Dmitri Rylko, directeur général de l’Institut d’étude des marchés agricoles de Russie, rappelle les carences de l’infrastructure des transports intérieurs (cf. p 3) : « Des investissements énormes sont indispensables pour développer notre industrie (ferroviaire) de transport de marchandises. » D’après l’étude, l’état subventionne également des prêts aux agriculteurs pour investir dans les semences et les équipements, et a même lancé en 2011 un fonds d’intervention dont la mission est de stabiliser les prix des céréales. Ce système s’est avéré bénéfique au blé, dont la production s’est développée.

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