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La chèvre de Lorraine au secours de la rusticité

Dans les Vosges, Elsa et Frédéric Bencteux ont décidé de renforcer leurs Alpines en les croisant avec des chèvres de Lorraine.

A seulement 600 mètres d’altitude, le froid et l’humidité sont présents comme en montagne. Le climat vosgien s’avère difficile à supporter pour les hommes comme pour les animaux. « On peut avoir facilement une amplitude de 20 degrés dans la même journée », explique Frédéric Bencteux. Elsa, son épouse, est installée en élevage caprin depuis 1999 sur la commune de Lusse, rapidement rejointe par Frédéric comme conjoint collaborateur. Dans le même temps de la création de l’exploitation, le couple a racheté un troupeau d’Alpines déjà formé, conduit jusqu’alors en système intensif en bâtiment. Pour Elsa et Frédéric, pas question de laisser les chèvres à l’intérieur, d’autant que leur conduite d’exploitation en agriculture biologique est basée sur la valorisation des parcelles non mécanisables aux alentours de la ferme. « L’apprentissage du pâturage a été assez long et complexe, se remémore Elsa Bencteux. Les chèvres ne mangeaient quasiment pas sur les parcelles, elles attendaient de rentrer dans la chèvrerie ».

Sortir la tête de l’eau et repenser le système

En 2012, coup dur pour la ferme. Une épidémie de Schmallenberg décime une grande partie du troupeau. Pour les chevriers, c’est l’heure de la remise en question de leur système. « On était la tête dans le guidon, on complémentait beaucoup les rations, on disait oui à la plupart des commerciaux qui passaient », reconnaît Frédéric. Pour le couple, qui transforme 100 % du lait en fromage, la priorité est devenue « de produire du lait à moindre coût. Aujourd’hui, on ne pourrait pas plus réduire les charges que ce que nous faisons aujourd’hui », s’amuse Frédéric Bencteux. Pour cela, les chevriers ont souhaité apporter de la robustesse à leurs chèvres. « Cette période coïncidait avec la création de l’association de la chèvre de Lorraine, se rappelle Frédéric Bencteux. Nous avions l’occasion de faire d’une pierre deux coups : participer à la sauvegarde de la race et améliorer l’adaptabilité de notre troupeau à l’environnement ». Le premier bouc lorrain arrive sur la ferme en 2013 et à partir de là commence un vaste programme de sélection par absorption. Une chèvre est considérée comme appartenant à la race de Lorraine si au moins 35 % de son patrimoine génétique provient d’individus reconnus par la race. « Nous y sommes allés progressivement, avec toujours la possibilité de tout arrêter si la situation se dégradait », explique Elsa Bencteux.

Des chèvres adaptées et adaptables

Les éleveurs n’ont pas cherché de prime abord à sélectionner les animaux sur les caractéristiques esthétiques de la race mais plutôt sur leurs aptitudes à s’adapter au terrain. « Nous leur faisons pâturer des friches et des broussailles, nous ne voulons pas de mamelle qui traîne par terre ou des chèvres avec de mauvais aplombs. La robe vient petit à petit, naturellement. Nous commençons à avoir de vraies belles chèvres de Lorraine », s’enthousiasme Frédéric. Avec une production de 600 à 650 litres de lait produits par chèvre et par an, les éleveurs n’ont pas vu de différences entre le troupeau d’Alpines et de Lorraine. « La production n’a pas baissé et pourtant, nos charges de production ont drastiquement chuté. Par rapport à notre ancien fonctionnement, nous économisons près de 10 000 euros par an », développe l’éleveur, pour qui le métier est avant tout celui de chef d’entreprise. Il gère le parcellaire avec beaucoup d’attention, entretien la friche pour que chaque année ses chèvres puissent en profiter pendant l’été. Il ouvre ses parcelles aux chevaux afin de limiter au maximum le parasitisme entre deux passages des chèvres. Et Elsa Bencteux de conclure : « nos chèvres de Lorraine apparaissent comme tout à fait adaptées et adaptables à notre système très extensif tourné vers le pâturage. Pour rien au monde nous ne reviendrons en arrière. »

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