« J'élève des veaux sous la mère et des broutards »
Romain Chazal, éleveur de limousines en Corrèze, s'est installé en 2018. Il est passionné de veaux sous la mère, mais fait évoluer son système en vendant une partie des mâles en broutards. Il continue aussi à travailler pour le service départemental de remplacement.
Romain Chazal, éleveur de limousines en Corrèze, s'est installé en 2018. Il est passionné de veaux sous la mère, mais fait évoluer son système en vendant une partie des mâles en broutards. Il continue aussi à travailler pour le service départemental de remplacement.
À Sérilhac, en Corrèze, Romain Chazal s'est installé à la suite de son père qui est parti en retraite en 2018 en système veaux sous la mère en filière Label rouge. « J'ai repris quinze hectares et je suis passé à 45 vêlages, alors que son (mon) père en faisait 35 », explique le jeune éleveur. Depuis cette année, son système d'élevage prend un autre virage : Romain Chazal a décidé de passer d'un système 100 % veaux sous la mère à un système broutards et veaux sous la mère. « Je fais ce choix pour des raisons de temps de travail et de prix. Je viens de vendre mes deux premiers broutards, environ 2200 euros par tête, alors qu’en veau sous la mère, on n’arrive pas à dépasser 1800 euros », illustre-t-il.
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Romain Chazal prévoit de monter progressivement à 60 vêlages, et d'élever chaque année 20 à 30 veaux sous la mère et 15 broutards mâles chaque année. Il va orienter en veau sous la mère les veaux de génisses, car cela permet de bien les manipuler et de les préserver avec une première lactation courte, le veau étant vendu avant l'âge de 5 mois. Ce sera aussi le cas des veaux des vaches qu’il a décidé de ne pas remettre à la reproduction. Le délai entre vêlage et engraissement est ainsi raccourci. « Je prévois aussi de ne pas avoir de veau sous la mère l’été, car les jours de fortes chaleurs, ils tètent moins bien. C'est aussi la période où il y a le plus de remplacements à faire.»
Toutes ses surfaces sont en prairies. « Je vais cultiver 3 hectares de méteil à partir de cette année.» L'éleveur est en train de recaler les vêlages sur deux périodes, de fin mars à fin mai, puis de septembre à décembre. Cela pour séquencer la surveillance des vêlages. Les mères des veaux pâturent nuit et jour sur la plus longue période possible, et à certains moments elles vont jusqu’à deux kilomètres de la salle de tétée. Celles qui élèvent des broutards valoriseront les prairies les plus éloignées.
Les vaches en veau sous la mère consomment peu de concentrés. « Elles ont 1 kg de concentré acheté par jour, plus pour les récompenser de venir au cornadis de la salle de tétée qu'autre chose.» Certaines mères limousines dont le veau est déjà vendu et qui acceptent d'autres veaux font «de la repasse» : elles donnent un complément de lait à un veau en cours de finition pendant leur fin de lactation. Romain Chazal a aussi quatre montbéliardes qui assurent la fonction de tante. Les montbéliardes sont inséminées en race pure quand il souhaite élever une de leurs filles pour les remplacer. « Je les garde jusqu’à 12 ans en moyenne. Les limousines font carrière souvent jusqu’à 14 ans, tant que les vêlages et les lactations se passent bien. » Les vaches qu'il veut réformer reçoivent une quantité progressivement croissante de concentrés pendant la fin de l'engraissement de leur veau. Elles sont ensuite vendues au marché au cadran d’Ussel quelques semaines après la vente du veau, en « vaches d’herbe ». Avec une partie des mâles vendus en broutards, Romain Chazal va passer de 15 à 20 % de taux de renouvellement. « Les femelles qui ne plairont pas au sevrage seront vendues broutardes.»
Un complément d'activité au service de remplacement
Romain Chazal a travaillé pour le service départemental de remplacement quand il préparait son installation. Une expérience qui, pour lui, a fait office d'«une marche vers l'installation». Et il continue depuis à assurer des missions qui lui procurent un complément de revenu. Il apprécie le lien social avec ses collègues et amis éleveurs de veaux sous la mère, qui l'appellent quand ils ont besoin de lui et de ses compétences. Une grande flexibilité dans les missions est permise par le service de remplacement. On peut moduler le nombre d'heures. « Je prends des missions courtes pour des vacances, des congés paternité, ce qui me permet de prioriser mon élevage.» Il arrive à décaler les tétées chez lui si besoin pour assurer son service.
« Il est particulièrement apprécié en système veaux sous la mère d'avoir un remplaçant qui connaît bien cette production. L'astreinte de la tétée complique en effet le remplacement », remarque Charlotte Rochette, du service de remplacement de Corrèze. Ce service permet de mieux vivre son métier.