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Rotation : bien implanter sa culture ou son couvert après un tournesol

Dans la majorité des cas, le tournesol est suivi d’un blé. La succession avec une autre culture d’été est également possible, avec alors l’implantation d’un couvert en interculture.

Les parcelles de tournesol tardent à être récoltées pour cause d'intempéries qui mettent à mal les rendements.
© L. Jung – Terres Inovia

« Dans 90-95 % des cas, le tournesol est suivi d’un blé », indique Matthieu Abella, de Terres Inovia. Parmi les cultures de printemps et d’été, le tournesol présente de nombreux avantages comme précédent à une céréale à paille. Il permet de libérer tôt le sol, en laissant des quantités limitées de résidus. L’implantation du blé se fait alors sans problème. « Le tournesol est en général récolté dans de bonnes conditions, en septembre-octobre, sur sol sec », observe Jérôme Labreuche, d’Arvalis. Les risques de tassement des sols sont fortement réduits et les conditions sont optimales pour implanter les céréales d’hiver. D’autant que le blé présente une certaine tolérance à la compaction.

Le labour s’avère donc peu pertinent avant l’implantation d’un blé, mis à part parfois dans les sols hydromorphes, comme en région Centre-Val de Loire où des agriculteurs commencent à essayer le tournesol. « Un ou deux passages d’un outil à disques, à 5 cm de profondeur, sont suffisants pour préparer un petit lit de semences, précise Jérôme Labreuche. Les résidus de tournesol sont assez cassants, le passage de l’outil les détruit sans problème. » Le semis direct est aussi possible en général.

Attention aux adventices à la récolte

Inséré dans des rotations à dominante de cultures d’hiver, le tournesol est un levier pour réduire la pression des adventices hivernales (ray-grass, vulpins, matricaires, géraniums…). « En cas de parcelle infestée au moment de la récolte, il faut adapter les réglages de la moissonneuse-batteuse, pour éviter les bourrages, la contamination des lots et la dissémination des graines d’adventices dans les autres parcelles », prévient Fanny Vuillemin, de Terres Inovia.

Il est conseillé alors de couper le tournesol le plus haut possible, de récolter à vitesse plus faible, de régler les rabatteurs en position agressive, pour que le flux apporté au batteur soit régulier, et d’augmenter la vitesse du batteur. « Il est conseillé de récolter les parcelles très infestées en dernier pour éviter la dissémination des adventices aux autres parcelles, et de nettoyer soigneusement la moissonneuse-batteuse », insiste Fanny Vuillemin. Avoir un compresseur à disposition permet de nettoyer la machine après moisson d’une zone infestée. Une grande vigilance doit être apportée notamment en cas de présence d’orobanche (éviter de broyer les cannes et les enfouir dès que possible).

Comme pour les graminées, le tournesol assure en outre une rupture du cycle des maladies des céréales (fusariose, piétin…).

Adapter la fertilisation du blé

Un point de vigilance à avoir en tête : la fertilisation du tournesol étant très limitée, de 0 à 40 unités d’azote en général, la culture qui suit peut épuiser les réserves en azote du sol. Ce qui peut parfois se traduire par un léger jaunissement du blé. « On observe assez souvent de tels jaunissements sur des sols crayeux, comme en Champagne-Ardenne, constate Jérôme Labreuche. Dans ces conditions, les apports en azote peuvent être un peu supérieurs, mais doivent être réalisés aux dates habituelles. » Au global, l’effet bénéfique d’un précédent tournesol se traduit par une hausse moyenne de rendement de 15 % du blé qui suit, par rapport à un blé sur blé, indique Terres Inovia.

Implanter un couvert non gélif

Dans les régions du sud en monoculture de maïs, l’insertion d’un tournesol peut aussi être décidée pour répondre à l’obligation de rotation de la BCAE 7 (conditionnalité de la PAC). L’interculture étant longue, l’implantation d’un couvert après le tournesol s’impose alors. « Il faut, dans ce cas, semer le plus tôt possible et choisir des espèces non gélives, qui pourront rester en place jusqu’à la fin de l’hiver », insiste Jérôme Labreuche. La biomasse du couvert sera très dépendante des sommes de température disponibles entre le semis et la destruction.

Elle peut être très élevée dans le Sud-Ouest, où les hivers sont doux, avec des implantations assez précoces en septembre. Il est possible d’implanter des graminées comme du seigle ou de l’avoine, et/ou des légumineuses adaptées à un semis tardif, comme une vesce d’hiver, une féverole ou du pois d’hiver, du trèfle incarnat ou encore de la phacélie ou un radis fourrager.

Fanny Vuillemin, Terres Inovia :« En cas de parcelle infestée au moment de la récolte, il faut adapter les réglages de la moissonneuse-batteuse, pour éviter les ...
Fanny Vuillemin, Terres Inovia :« En cas de parcelle infestée au moment de la récolte, il faut adapter les réglages de la moissonneuse-batteuse, pour éviter les bourrages, la contamination des lots et la dissémination des graines d’adventices dans les autres parcelles. » © Chambre d'agriculture Nouvelle-Aquitaine

Répondre à l’obligation de couverture végétale après récolte

Dans certains cas, la réglementation impose un couvert végétal après tournesol. Le 30 janvier 2023 est paru l’arrêté relatif au 7e programme d’action national (PAN) de la directive nitrates, à mettre en œuvre dans les zones vulnérables pour réduire la pollution des eaux par les nitrates d’origine agricole. Une des mesures prévoit notamment que « pendant une interculture longue après une culture de tournesol et avant une culture de printemps, la couverture du sol ne peut plus être obtenue par broyage fin des cannes suivi d’un enfouissement des résidus dans les 15 jours suivant la récolte. Il faut implanter un couvert. »

Cette nouvelle obligation de couvert végétal après tournesol devait s’appliquer dans chaque région à compter de la publication de l’arrêté révisant le programme d’action régional (PAR) et au plus tard le 1er janvier 2024. Début juillet 2024, seules quelques régions (Bretagne, Centre-Val de Loire, Pays de la Loire…) ont toutefois révisé leur PAR. Dans les autres, c’est encore le 6e programme d’action national qui s’applique.

Rédaction Réussir

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