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Moisson 2025 : quels impacts du pic de chaleur actuel sur les céréales à paille ?

Des températures qui dépassent les 30 degrés, une absence de pluies depuis plusieurs semaines…, des inquiétudes pointent dans certaines régions pour les blés et les orges. Si dans la moitié Sud, la chaleur accélère le démarrage d'une moisson qui s'annonce prometteuse, dans le Nord, la combinaison entre stress thermique et stress hydrique pourrait avoir des conséquences négatives sur les orges de brasserie notamment.

<em class="placeholder">Moisson des céréales. Moissonneuses-batteuses Claas dans une parcelle d&#039;orge dans la plaine céréalière de la Marne. chantier de récolte des orges avec des rendements ...</em>
Les récoltes d'orges ont déjà démarré dans certaines régions, comme dans le Sud-Ouest.
© JC. Gutner

Il a fait chaud cette semaine en France, avec des 35° enregistrés à Toulouse ou Bordeaux et des températures qui s’en approchent désormais dans l’Est. Ce pic de chaleur qui touche une grande partie de l’Hexagone pourrait inquiéter certains céréaliers. Jean-Charles Deswarte, ingénieur écophysiologiste chez Arvalis, se veut rassurant : « Nous avons un gradient Nord-Sud en termes de précocité. Dans le Sud, nous sommes proches de la maturité physiologique, le PMG (poids de mille grains) est finalisé. Les fortes températures ne vont pas avoir d’impact en termes de rendement sur les variétés précoces de blé tendre et blé dur et sur l’orge d’hiver. »

Le stade critique est dépassé pour les blés

L’expert d’Arvalis indique que même dans les situations les plus tardives, le stade grain laiteux est passé et qu’il ne devrait y avoir qu’un impact nul ou mineur sur le PMG. De façon générale, les stades sont, cette année, plus précoces que d’habitude. 

Ce sentiment est partagé dans les régions où les plus fortes chaleurs ont été ressenties ces derniers jours. Ainsi, Eva Deschamps, ingénieur régional Arvalis en Occitanie (secteurs de la Haute Garonne à l’Aude), indique que le stade pâteux a été atteint sur l’ensemble des parcelles, et précise que « malgré des semis tardifs par endroits, il y a eu des rattrapages de stade qui font qu’ils sont assez homogènes aujourd’hui. » Les températures élevées vont avoir pour effet de précipiter la maturité physiologique du grain et donc la récolte. Plus au nord, dans l'ex-région Poitou-Charentes, son collègue Clément Gras (station Arvalis du Magneraud), tient le même discours : « Nous avons dépassé ou sommes proche de la maturité physiologique. Les jeux sont quasiment faits, l’enjeu sur le PMG a été très limité. » Il précise que les orges sont en train d’être récoltées et que les blés sont proches de la maturité physiologique.

Une combinaison de stress thermique et hydrique inquiétante dans le Nord

L'écophysiologiste Jean-Charles Deswarte est plus inquiet pour le nord de la France, parlant d’une situation quasiment inédite, où les plantes n’ont aujourd’hui plus d’eau pour évaporer et se refroidir en cas de températures élevées. « Le risque d’échaudage existe car les parcelles sont plus tardives et les stades plus sensibles. » Les grains sont en train de se former et le remplissage pourrait se faire moins vite ou dans le pire des cas, s’arrêter. Néanmoins, l’expert se veut là aussi rassurant. « S’il y a une perte de PMG, elle devrait être inférieure à 10 % car les parcelles sont très avancées dans le remplissage. » Il ajoute que les parcelles semées tardivement à l’automne ont beaucoup rattrapé pendant l’hiver et le printemps.

Par contre, l’expert d’Arvalis formule quelques inquiétudes pour les critères de qualité sur des orges de printemps tardives, semées courant mars : « Si le PMG est touché, cela va impacter le calibrage et s’il y a un arrêt de transfert de l’amidon vers les grains, la teneur en protéines va augmenter, ce qui n’est pas souhaité. » 

Une crainte de verse liée aux orages 

Ce sont désormais les orages qui inquiètent Jean-Charles Deswarte, avec des risques de verse associés à des grains qui auraient perdu en dormance en raison des chocs thermiques de ces jours-ci. « Cela pourrait donner des scénarios avec des parcelles versées qui risquent de germer sur pied. C’est à surveiller. » 

C’est peut-être l’annonce des orages qui a motivé certains à sortir les moissonneuses, estime Lise Gouaud-Lecoq, chargée de mission grandes cultures à la chambre d'agriculture de la Charente qui indique que la moisson a commencé le 10 juin dans le département. En termes de potentiels, Clément Gras d'Arvalis Poitou-Charentes, explique que les pluviométries, très faibles depuis le 1er mai dans la région, ont entrainé un stress hydrique progressif et continue des céréales à pailles, avec une réduction des PMG dans certaines situations. « Ceux qui ont irrigué les blés avant épiaison et/ou en post floraison, ce qui a été le cas pour de nombreux irrigants, ont pu éviter ou réduire cette longue période de stress hydrique et maintenir en place les potentiels prometteurs. Dans ces situations les rendements sont très encourageants. » Les orges d’hiver plus précoces, et les orges de printemps, pour la majorité irriguée, ont été moins affectées par ce stress hydrique.

Dans la région toulousaine, Eva Deschamps parle, elle, d’une récolte qui s’annonce globalement plutôt bonne. « Dans la région les pluies ont été régulières au printemps, nous avons des fertilités épis qui sont bonnes et un remplissage plutôt satisfaisant. »

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