Jaunisse de la betterave : comment la reconnaître et comment la combattre ?
Avec des moyens de lutte limités, la betterave sucrière est très exposée aux jaunisses virales dont des pucerons sont les vecteurs.
Avec des moyens de lutte limités, la betterave sucrière est très exposée aux jaunisses virales dont des pucerons sont les vecteurs.
Comment reconnaître les symptômes parmi d’autres maladies de la betterave
Il n’existe pas un mais quatre virus causant la jaunisse de la betterave. Les contaminations par ces virus se caractérisent par le jaunissement des feuilles avec une teinte qui vire au jaune orangé. Le jaunissement est diffus et envahit progressivement la feuille à partir de son sommet tout en laissant les nervures vertes. Puis la feuille s’épaissit et prend une teinte orangée. Pour l’un des virus dit « de la jaunisse grave », de minuscules points clairs apparaissent sur le limbe suivis du développement de taches jaune citron qui virent au rouge brun. La teinte rougeâtre peut finir par dominer sur la feuille.
Tous ces symptômes sont généralement visibles à partir de fin juin. Ces jaunisses se traduisent en outre par un épaississement des feuilles qui deviennent cassantes et se manifestent sous forme de foyers dans les parcelles. Le puceron vert du pêcher (Myzus persicae) est le principal vecteur de ces virus. Les individus aptères sont de couleur vert jaunâtre alors que les ailés sont vert foncé à noir. Le puceron noir de la fève (Aphis fabae) est un autre vecteur majeur de la jaunisse sur la betterave. Comme pour le puceron vert du pêcher, les individus ailés arrivent fin avril à début mai pour contaminer les plants.
Des moyens de lutte à disposition dont deux insecticides foliaires
Il n’existe pas de variétés de betterave sur le marché présentant un caractère de tolérance totale aux jaunisses, alors que les betteraves ont été améliorées pour résister au virus de la rhizomanie. Les sélectionneurs travaillent à sélectionner des variétés tolérantes aux jaunisses transmises par des pucerons. Des variétés ont été identifiées comme montrant de bons comportements à la jaunisse mais avec parfois, un léger défaut de rendement en conditions saines par rapport à des variétés conventionnelles.
Le retour trop fréquent de betteraves favorise l’installation des pucerons vecteurs de jaunisse. Quels sont les moyens agronomiques à disposition. L’ITB conseille de détruire toutes les repousses de betteraves qui sont des réservoirs potentiels à virus de la jaunisse à partir desquels les pucerons peuvent contaminer les nouveaux semis. Des plantes compagnes comme des orges de printemps ou des avoines peuvent contribuer à réduire significativement la présence de pucerons mais attention à ne pas les rendre concurrentielles de la betterave. Des cultures comme la pomme de terre, le colza (pour Myzus persicae) ou la féverole (pour Aphis fabae) sont des hôtes de ces pucerons.
Les deux insecticides néonicotinoïdes (imidaclopride et thiaméthoxam) qui étaient utilisables en traitement de semences sont interdits depuis septembre 2018. Les semences recevront toujours un enrobage avec un insecticide efficace contre les ravageurs souterrains mais pas les pucerons. La solution chimique contre les pucerons reste de réaliser des applications foliaires. Deux insecticides montrent une bonne efficacité : le flonicamide (Teppeki…) et le spirotétramat (Movento). Ce dernier n’est pas homologué mais une dérogation 120 jours a été obtenue systématiquement ces dernières années. L’ajout d’huile (Actirob) à 1 l/ha améliore l’efficacité de ces traitements. Des outils d’aide à la décision comme Alerte Pucerons permettent de suivre sur le territoire la présence de pucerons verts.
Aucun produit de biocontrôle antipucerons n’est homologué sur betterave à ce jour. Cependant, des solutions sont en cours de test et pourraient potentiellement servir d’alternative à la lutte chimique. Autrefois, avant l’avènement des insecticides, la lutte contre les pucerons consistait en des applications d’une solution de savon additionnée d’un peu de nicotine…
Cinq points clés sur la jaunisse de la betterave
Les pertes de rendement dépassent les 10 % dans les parcelles les plus infestées. Le Pas-de-Calais et la Normandie sont les deux secteurs les plus à risque, à cause de leurs hivers doux. Plus d’un quart des parcelles peuvent être touchées dans ces régions certaines années. Dans le reste de la zone betteravière, moins de 5 % des parcelles sont atteintes.
Une récolte en 2020 inférieure de 30 % à la moyenne des cinq précédentes années a été imputée aux très fortes infestations de jaunisse cette année-là, qui s’accompagnaient d’une sécheresse élevée dans nombre de situations.
Il ne faut pas confondre la jaunisse virale avec les jaunissements dus à des carences ou autres stress des plants. Dans ces cas, les feuilles ne sont pas cassantes et les jaunissements n’apparaissent pas en foyer.
Les pucerons survivent à l’hiver d’autant plus si celui-ci est doux. Ils passent la mauvaise saison sur des plantes hôtes comme des crucifères, des légumineuses, des chénopodiacées… que l’on peut retrouver parmi les adventices, les couverts végétaux ou des repousses de cultures, notamment celles de betteraves ou de pomme de terre.
Le Plan national de recherche et d’innovation (PNRI) intitulé « vers des solutions opérationnelles contre la jaunisse de la betterave sucrière » a été renouvelé pour la période 2024-2027. Il met d’importants moyens en oeuvre pour trouver des solutions de lutte efficace contre la jaunisse.