Construction de réserves d’eau en Charente-Maritime : « Le climat n’est pas très encourageant mais la sécheresse de cet été a remis l’irrigation au cœur du débat »
Le Conseil d’Etat a clos une bataille juridique vieille depuis plus de 8 ans contre le projet de construction de 21 réserves de substitution d’eau prévues en Charente-Maritime. Françoise de Roffignac, présidente du syndicat mixte des réserves de substitution de la Charente-Maritime (Syres 17) répond à nos questions sur l’avancée du projet désormais possible.
Le Conseil d’Etat a clos une bataille juridique vieille depuis plus de 8 ans contre le projet de construction de 21 réserves de substitution d’eau prévues en Charente-Maritime. Françoise de Roffignac, présidente du syndicat mixte des réserves de substitution de la Charente-Maritime (Syres 17) répond à nos questions sur l’avancée du projet désormais possible.

Où en êtes-vous de la réflexion autour de votre projet de construction de 21 réserves de substitution d’eau en Charente-Maritime (validé définitivement en Conseil d’Etat le 30 avril dernier après une longue bataille juridique) ?
Françoise de Roffignac : Nous poursuivons la phase de consultation technique et financière, en attente d’éléments pour la rentrée pour une prise de décision avec le monde agricole dans le bassin de la Boutonne. Des articles relayant les propos assez violents d’anti-bassines ou relevant des dégradations sur des réserves sont parus cet été dans la presse. Dans un article de Libération, un représentant du collectif Bassines Non Merci disait notamment que tout nouveau chantier de réserve trouverait « une résistance forte », ce que je traduis par « serait détruite »…. Ce n’est pas un climat très encourageant, mais la sécheresse de cet été a une nouvelle fois remis la question de l’irrigation au centre du débat agricole : même la partie nord de la France s’interroge. Cela va sûrement jouer sur les volontés de concrétiser des projets.
Lire aussi : Irrigation : 21 réserves de substitution vont bien pouvoir être construites en Charente-Maritime
Les agriculteurs de Charente-Maritime ont-ils souffert des restrictions d’eau prises par arrêté préfectoral cet été ?
Les agriculteurs du département ont déjà pas mal fait évoluer leurs pratiques, en semant moins de cultures d’été et plus de cultures d’hiver et de printemps par exemple. On voit aussi que depuis 20 ans la sole de maïs a largement diminué en Charente-Maritime. Mais cela reste très compliqué pour certaines filières comme les semences et le maraîchage par exemple…
Le Département a créé la marque + de 17 dans nos assiettes, mais si les cultures d’hiver ne peuvent pas être semées, ou les animaux alimentés ça ne sert à rien.
Le Département a créé la marque + de 17 dans nos assiettes, et accompagne les collèges dans l’achat local, mais si les cultures d’hiver ne peuvent pas être semées, ou les animaux alimentés ça ne sert à rien. Et la question de la chaleur extrême interroge sur la pérennité de certaines productions. D’où l’intérêt de réserves collectives pour sécuriser différents systèmes de production en lien avec les filières déjà existantes et celles en devenir.
Lire aussi : Sécheresse 2025, l’irrigation limitée dans 45 départements : quelle carte des restrictions d’eau ?
La promulgation de la loi Duplomb peut-elle influencer votre décision ?
Pour un projet comme celui de la Boutonne, inscrit dans un projet de territoire, dans un secteur de nappes superficielles, la promulgation de la loi Duplomb devrait avoir peu d'impact. En fait, le dossier de la Boutonne coche déjà toutes les cases : notre décision de construire les réserves de la Boutonne est déjà prise.
Ce qui m’inquiète plus c’est la médiatisation d’une poignée d’opposants qui, malgré la loi, s’opposent au respect de la loi, en particulier dans l’ex Poitou Charente
Ce qui m’inquiète plus c’est la médiatisation d’une poignée d’opposants qui, malgré la loi, s’opposent au respect de la loi, en particulier dans l’ex Poitou Charente.
Ils se servent de la moindre information pour la détourner et l’interpréter à leur manière : la FRAB Nouvelle Aquitaine (fédération régionale de l’Agriculture biologique) qui annonce une mobilisation le 23 septembre contre la loi Duplomb et vise notamment les réserves de substitution espérant voir l’article 5 retiré de la loi, alors que celle-ci a été promulguée en est un exemple. Nous sommes en pleine guerre de communication !
Lire aussi : Loi Duplomb et stockage de l’eau : quelles avancées pour l’agriculture ?
Vous êtes-vous fixé une date dans le calendrier pour vous décider ?
Oui, nous avons un calendrier précis auquel nous nous tenons. Mais je ne souhaite pas le partager pour le moment.
Concernant le coût des 21 réserves estimé à 30 millions d’euros en 2016, vous l’aviez réévalué dans un premier temps à 50 millions d’euros. Etes-vous toujours sur cette enveloppe ?
Nous attendons une deuxième estimation pour début septembre mais oui nous devrions nous situer autour de ce niveau-là. D’autant plus que le fait de devoir sécuriser les réserves (avec grillages, mûrs, caméras ?) va amener un surcoût.
Je trouve d’ailleurs totalement anormal de devoir dépenser des sommes importantes pour protéger un outil de production de dégradations préméditées et organisées
Je trouve d’ailleurs totalement anormal de devoir dépenser des sommes importantes pour protéger un outil de production de dégradations préméditées et organisées...ça ne se voit dans aucune autre démocratie. La réalisation des 21 réserves se fera au fur et à mesure, en commençant par celles qui sont les plus stratégiques. Notre volonté est vraiment de montrer que le projet est réfléchi. On expliquera pourquoi et comment ces réserves permettent le maintien d’une agriculture de proximité, nécessaire pour l’aménagement du territoire. Il y a des enjeux écologiques, économiques, touristiques… Nous sommes dans un projet de territoire, voulu par la très grande majorité du territoire.