Blé tendre et blé dur : comment bien protéger les épis des attaques de fusariose ?
Sur blé tendre et a fortiori sur blé dur, la protection des épis contre les fusarioses repose sur des moyens agronomiques, variétaux et phytosanitaires. La prise en compte des conditions climatiques est primordiale pour décider d’une intervention fongicide à la floraison des blés. État des lieux des recommandations.

Les fusarioses des épis du blé sont causées par deux pathogènes : Fusarium (graminearum principalement) qui produit des mycotoxines (déoxynivalénol, DON) dans les grains et Microdochium, qui peut avoir un impact important sur le rendement. À noter que le blé dur est plus sensible que le blé tendre à ces maladies.
Fusariose des épis du blé : bien évaluer le risque climatique avant de traiter
Que ce soient pour Microdochium ou Fusarium, les conditions climatiques sont déterminantes au moment de la floraison pour les contaminations. Des conditions pluvieuses sur les deux semaines qui entourent la floraison du blé favoriseront particulièrement les contaminations par Fusarium. Microdochium peut se contenter d’une période humide plus longue, jusqu’au début du remplissage des grains pour contaminer les blés. Mais si la période de la floraison se caractérise par des conditions sèches (avec moins de 10 mm de pluie dans les 15 jours entourant ce stade), le risque de contamination sera très réduit par les fusarioses des épis.
Est-on sur une parcelle à risque à cause du précédent cultural ?
En précédent cultural du blé, le maïs et le sorgho constituent des espèces augmentant le risque de mycotoxines produites par Fusarium, d’autant plus s’il s’agit de variétés grains (les maïs et sorgho fourrages ont un peu moins d’incidence). Ce risque augmente davantage si les résidus de la récolte du maïs ou du sorgho ne sont ni enfouis ni broyés. Restant en surface, ces résidus sont des sources d’inoculum du Fusarium sur les blés. Le labour ou l’enfouissement des résidus de culture diminue fortement le risque de contamination. Cet effet vaut pour tous les précédents culturaux du blé. Arvalis a établi une grille d’évaluation du risque DON selon le précédent cultural, les conditions climatiques et la variété de blé utilisée.
Des variétés de blé peuvent-elles résister à la fusariose ?
Des variétés de blé tendre montrent une faible sensibilité au risque de DON produit par Fusarium. C’est le cas pour les variétés Apache, Orégrain, Hyligo, SY Adoration, RGT Natureo, KWS Sphere, Renan… D’autres variétés se montrent sensibles en revanche : Amboise, LG Armstrong, Complice, SU Astragon… Arvalis renseigne sur la sensibilité de chaque variété de blé aux fusarioses avec un OAD de choix variétal. La tolérance du blé aux fusarioses est plus difficile à obtenir par les sélectionneurs que pour d’autres maladies comme les rouilles ou la septoriose.
En blé dur, il y a très peu de variétés pouvant être considérée comme peu sensible (Platone, RGT Monbecur). Globalement, les variétés de blé dur sont sensibles à moyennement sensibles au risque DON. La protection de l’épi avec des fongicides est souvent indispensable sur cette céréale.
Quels fongicides choisir en cas de risque avéré de fusariose ?
Quelques fongicides montrent une action contre les fusarioses mais il ne faut pas s’attendre à une efficacité dépassant 50 voire 60 % dans les meilleures conditions possibles de traitement. Malgré tout, un traitement peut permettre de maintenir le niveau de DON dans les grains à un niveau inférieur aux seuils réglementaires pour l’alimentation.
Les fongicides les plus efficaces sont ceux à base de prothioconazole, de metconazole ou de tébuconazole. À noter que le prothioconazole (produits Fandango S, Prosaro, Kestrel, Maxentis, Avastel…) présente l’intérêt de combiner bonne efficacité sur Fusarium et Microdochium, alors que le tébuconazole et le metconazole sont plus limités sur Microdochium.
Comment positionner au mieux le traitement fongicide contre la fusariose ?
Le traitement fongicide doit être positionné au début de la floraison de la céréale, à savoir à la sortie des premières étamines sur les épis. Par ailleurs, Arvalis recommande un volume d’eau minimal de 150 l/ha pour la bouillie de pulvérisation, de façon à bien traiter les épis. Ce traitement peut être l’occasion de protéger le blé d’autres maladies de fin de cycle comme la rouille brune, en choisissant l’association de produits ad hoc.