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Ronan Collet, nouveau président de Solarenn : « L’adaptation au changement climatique est notre principal défi »

Ronan Collet est le nouveau président de la coopérative Solarenn. Il a été élu lors de l’assemblée générale le 18 avril. Il succède à Christophe Rousse, qui a décidé de passer la main après 15 années en tant que président de la coopérative bretonne. Il nous présente les défis qui attendent la coopérative de tomates et fraises, avec en premier lieu le changement climatique.

Montage de deux photos : d'un côté le soleil qui frappe contre une serre et de l'autre Ronan Collet, nouveau président de la coopérative Solarenn.
Ronan Collet, nouveau président de la coopérative Solarenn : « Nous avons déjà mis en place un certain nombre de systèmes de lutte contre la chaleur dans les serres comme les brumisation et les écrans ».
© Solarenn

Le nouveau président de Solarenn est producteur de tomates sur 1,8 hectare de serres. Il a repris les rênes de l’activité familiale en 2011, lorsque son père a souhaité prendre sa retraite. « Notre exploitation fait partie des plus petites de Solarenn », déclare-t-il. Les adhérents à la coopérative cultivent en moyenne 3 à 4 hectares de serres, les plus gros jusqu’à 12 hectares. « A peine en activité, je suis entré au conseil d’administration de la coopérative en tant que responsable de la Commission Variétés, puis je suis devenu vice-président en 2023, et me voilà président, les choses se sont faites naturellement », poursuit le nouveau président. Interview.

Lire aussi : Tomate : comment Solarenn a réalisé son bilan carbone ?

FLD : Quels sont les grands chantiers qui vous attendent en tant que président de la coopérative Solarenn ? 

Ronan Collet : Solarenn a toujours œuvré à se développer que ce soit au niveau économique, technique, variétal, qualitatif, et durable. En témoigne le chiffre d’affaires 2023, en hausse de 4,5 % à 57 millions d’euros malgré le contexte inflationniste. Je vais m’employer à continuer ce travail. Pour que nos adhérents soient correctement rémunérés, nous avons mis en place une segmentation en tomates, anciennes, cerises et cocktails, qui fonctionne très bien et répond aux aspirations des consommateurs actuels.
Nous avons arrêté la tomate ronde classique et diminué les volume en grappe pour nous focaliser sur des petits fruits plus rémunérateurs. Il nous faut poursuivre cette démarche d’adaptation à la mouvance de notre marché.

FLD : L’évolution du climat est-elle une préoccupation de la coopérative Solarenn ?

R. C. : L’adaptation au changement climatique représente notre principal défi à venir. En Bretagne, il fait de plus en plus chaud en été, et là où nous avions 2 à 3 journées de canicule avant, on peut avoir 2 à 3 semaines maintenant comme en 2022. Il faut savoir que la tomate supporte mal les grandes chaleurs et que, au-dessus d’une certaine température, le plant souffre et il y a des problèmes de qualité pour les tomates. Nous avons déjà mis en place un certain nombre de systèmes de lutte contre la chaleur dans les serres : brumisation et écrans.

FLD : Envisagez-vous de planter des variétés plus adaptées ?

R. C. : Bien sûr, il va nous falloir trouver de nouvelles variétés de tomates moins gourmandes en eau et plus résistantes à la chaleur. Autrefois nous suivions les essais et les recherches du côté de la Hollande. Il y a peu, nous sommes allés voir des programmes de recherche en Espagne pour trouver des solutions afin de produire autant, mais avec moins d’eau. Les semenciers sont les mêmes De Ruiter, Enza Zaden, Rijk Zwaan… Mais les recherches effectuées actuellement au sud de l’Espagne sur de futures variétés semblent désormais mieux adaptées à notre climat breton. Pour le moment, ces nouvelles variétés prometteuses n’ont pas encore été baptisées et attendent de faire leurs preuves, mais c’est déjà une bonne piste pour nous.

FLD : Quelles sont vos initiatives en matière de décarbonation ?

R. C. : Afin de faire des économies sur notre consommation d’énergie, nous avons engagé un test au début 2024 en recouvrant une partie du toit de notre entrepôt de Saint-Armel de peinture blanche, laquelle est sensée nous protéger des fortes chaleurs en plein été et éviter de forcer nos frigos pour conserver nos tomates. Si le test s’avère positif, je pense que nous systématiserons cette pratique.

FLD : Avez-vous souffert du contexte inflationniste ?

R. C. : Nos produits ont très bien résisté à l’inflation grâce à une augmentation de prix et une hausse de la rémunération de nos adhérents malgré une baisse des volumes commercialisés. Cela, grâce au choix de la diversification avec des produits plus attractifs et plus valorisés comme les tomates cerise allongées, rondes, de différentes couleurs, les cocktail grappe…
Si pour le bio, le marché est compliqué, nos produits « cultivés sans pesticides » continuent à progresser. En fait, quasiment toutes nos tomates peuvent se prévaloir de cette estampille, mais pour le moment, la demande n’est pas suffisante alors une partie est commercialisée en tomates conventionnelles. Nous sommes prêts à assumer une hausse de la demande sans problème. Seule contrainte, ces produits ne sont vendus qu’en barquettes fermées, et pas en vrac, pour éviter tout problème de contamination qui pourrait nuire à notre discours. Nous avons d’ailleurs prévu une campagne de communication par affichage sur ces produits en mai et juin, à Paris, Rennes, Nantes et Brest.  

FLD : Où en êtes-vous avec les autres espèces de fruits que produit la coopérative ?

R. C. : Cette année nous lançons une nouvelle variété de fraise, la Sirafine, une fraise allongée comme la Gariguette, dans une nouvelle barquette ajourée pour que le consommateur puisse voir son contenu.
Du côté des mini-pastèques, nous avons encore des axes d’amélioration à trouver, notamment sur le rendement. Pour le moment, un seul de nos adhérents en produit et va continuer cette année sur une surface plus importante. En revanche, nous avons décidé de ne pas reconduire l’expérience du melon haut de gamme Petit Gris, dont la production trop aléatoire sur une saison n’était pas adaptée à nos clients, principalement les GMS.

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