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Dossier Poireau : « Ne pas déstabiliser le marché »

Fabien Biette est producteur de poireaux en Sologne. Il évoque la conduite de sa culture, ses problématiques (notamment le développement du souchet et de la mineuse) et sa vision du marché.

Le poireau peut être un excellent précédent cultural, si il est récolté dans de bonnes conditions.
© M.Yves

Installé à Soings-en-Sologne (Loir-et-Cher), Fabien Biette a repris l’exploitation familiale en 2008 faisant perdurer la culture du poireau installée depuis les années 1980. Aujourd’hui, dix-sept hectares sont dédiés aux poireaux sur la centaine d’hectares que compte l’exploitation. Il s’inscrit dans l’organisation d’ensemble de l’exploitation par rapport aux cultures d’été (fraise, cornichon, maïs semence et maïs ensilage). Cette activité permet au producteur de garder son personnel toute l’année (cinq permanents), renforcé par huit saisonniers.

 

 

« Le poireau peut être un excellent précédent : il améliore la qualité des sols. Mais en fonction de la période de récolte, le poireau peut être très bon comme très mauvais. Lorsque les conditions sont humides, le sol est abîmé. Or, nous récoltons en hiver… Toutefois, le sol sablo-argileux rend facile la production de poireaux », commente Fabien Biette. Le professionnel achète ses plants aux Pays-Bas en hiver à un prix compris entre 22 et 29 euros les 1000 unités. Livrés en juin/juillet, il implante aussitôt et récolte de septembre à fin avril. L’implantation s’effectue avec une poinçonneuse à trous, à raison de 200 000 plants par hectare. « Les travaux durent un mois et demi car il faut échelonner les récoltes. » L’espace entre les rangs est d’environ cinquante-trois centimètres, ce qui est relativement petit. « J’optimise ma surface », indique le producteur solognot.

Souchet, thrips et mouche mineuse

Fabien Biette est confronté à trois problématiques dont en premier lieu, le souchet. « Cette plante envahissante est présente depuis trente ans et se développe. Elle pousse en été au moment de l’implantation. L’enjeu peut être une perte totale de la récolte par étouffement. Il existe des solutions chimiques par dérogation annuelle. Celles-ci ne détruisent pas le souchet mais le stabilisent et, en binant, on le maîtrise », mentionne-t-il. Afin d’être efficace, les interventions se font dès l’implantation. Deuxième problématique : le thrips qui se développe par temps sec à une température comprise entre vingt et trente degrés avec un risque de refus à la vente. La solution passe par la lutte phytosanitaire. « Depuis quelques années, j’interviens en septembre, lorsque la température est inférieure à trente degrés. » Troisième problématique : la mouche mineuse. Celle-ci pond dans le poireau en septembre et octobre, donnant des vers. « Début novembre, on commence à voir les conséquences. Pour résoudre ce problème, j’utilise un insecticide en dérogation qui me permet de diviser par deux mon nombre de passages car le produit a une efficacité plus longue, sans risque de résidu sur poireau. »

Le poireau se conserve au champ

Le sol ne contenant aucune réserve hydrique, la culture est irriguée lors de l’implantation. Disposant d’une tonne à eau, Fabien Biette arrose en localisé sur les rangs. « On fait la même chose qu’un particulier dans son jardin, sauf que c’est sur une plus grande surface. » Le professionnel bine régulièrement sa culture. La première intervention a lieu trois ou quatre semaines après l’implantation. Puis tous les dix jours jusqu’en septembre ou octobre à raison d’un hectare par heure. L’arrachage s’effectue selon les commandes des clients à un rythme pouvant atteindre un hectare par semaine. L’enjeu : respecter le produit. C’est-à-dire limiter le serrage et éviter les coups afin que le produit ne se casse pas. Le producteur solognot conditionne dans un bâtiment de 12x24 m : lavage, épluchage et mise en colis. « Je ne stocke pas car cela serait coûteux et le poireau se conserve au champ. »

Entre 0,60 euro et un euro le kilo

Fabien Biette produit dix variétés de poireaux : cinq d’automne-hiver et cinq d’hiver. Biker, SV3225 et Poulton appartiennent à la première catégorie. Dans la seconde, on trouve notamment Pluston et Cherokee. Les critères pris en compte : résistance aux maladies, résistance au gel pour les variétés d’hiver, facilité d’épluchage, rendements, etc. « Nous sommes à un stade où le choix variétal est réduit. Multiplier du poireau s’avère compliqué car c’est un cycle long : il faut plus de dix ans pour qu’une nouvelle variété apparaisse. Actuellement, les chercheurs travaillent sur les variétés qui sortiront en 2030. » Le poireau représente 20 % du chiffre d’affaires de l’exploitant solognot. Quant à savoir si c’est rentable, l’intéressé répond : « Cela dépend des années, de l’offre et de la demande. » Fabien Biette vend sa production au Cadran de Sologne (lire l’encadré). Le prix au kilo oscille entre 0,60 euro et un euro. S’y ajoutent le conditionnement et la livraison. « Après plusieurs années difficiles, on a eu une année correcte. Les gens ne doivent pas avoir la mémoire courte et déstabiliser le marché avec un développement de nouvelles surfaces en production », conclut le producteur.

Maxime Yves

2 500 t vendues au Cadran de Sologne

Présidé par Franck Guilloteau, le Cadran de Sologne existe depuis 1982. Six agriculteurs sont membres de cette Organisation de Producteurs, qui proposent un volume annuel d’environ 2 500 t. Membre de la structure, Fabien Biette déclare : « Nous formons un groupe. L’enjeu est la sécurisation des ventes. » Le Cadran est une coopérative, chaque adhérent vend sa production à celle-ci, qui la revend à différents courtiers. « Nous employons deux personnes . Nous souhaitons rester une petite structure afin de limiter les charges et la production ne peut pas augmenter beaucoup. »

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