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Aubergine : la punaise prend le relais

En culture d’aubergine, la punaise prédatrice Macrolophus pygmaeus permet de lutter contre l’aleurode en prenant le relais d’Amblyseius swirskii en été.

La présence de la punaise miride l'été permet de réduire la population d'aleurodes et un contrôle correct de ces ravageurs.
© Aprel

En Provence, les aleurodes Trialeurodes vaporariorum et Bemisia tabaci sont des ravageurs très problématiques de la production d’aubergine sous abri froid. La prolifération de ces ravageurs entraîne un développement de fumagine et une perte de qualité des fruits. Actuellement, la stratégie de protection biologique intégrée basée sur des lâchers d’Amblyseius swirskii, acarien phytoseïde prédateur d’aleurodes et de thrips, n’est pas suffisante en été. En effet, la population d’acariens prédateurs diminue à partir de juin-juillet alors que l’aleurode se développe fortement. Il est donc nécessaire de faire évoluer la stratégie pour maintenir l’efficacité de la protection intégrée pendant la deuxième partie de la culture d’aubergine.

Des capacités d’installation bien connues

Plusieurs solutions ont été avancées. La première consiste à relâcher à nouveau A. swirskii au début de l’été pour renforcer les populations et permettre une bonne gestion de l’aleurode. La seconde permet de compléter l’action de l’acarien prédateur avec un autre auxiliaire, la punaise miride Macrolophus pygmaeus, actif pendant la période chaude et efficace contre l’aleurode. La troisième est de nourrir A. swirskii à l’aide de pollen pour favoriser son développement. Des essais ont été menés en 2012, 2013 et 2016 par l’Aprel et ses partenaires (Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône et Ceta de Saint-Martin-de-Crau) afin de comparer, en condition de production, ces trois stratégies. L’objectif était de déterminer la plus intéressante techniquement mais aussi économiquement.
La stratégie la plus satisfaisante est celle basée sur l’introduction de Macrolophus pygmaeus, largement utilisé en PBI, notamment en culture de tomate sous abri pour lutter contre l’aleurode. Ses capacités d’installation sont bien connues et cet auxiliaire ne semble pas avoir de problème pour maintenir ses populations pendant les périodes de forte chaleur. La stratégie consiste à introduire en début de culture la punaise prédatrice M. pygmaeus (à la dose de 0,5 individu/m²) en complément d’A. swirskii lâché à demi-dose (1 sachet pour 6 plantes). La punaise miride prend ainsi le relais de l’acarien prédateur sur la deuxième partie de la culture (voir encadré). La stratégie est complétée avec des lâchers de parasitoïdes Eretmocerus mundus et Encarsia formosa.

Les phytophages perturbent cette stratégie

L’analyse technico-économique des stratégies étudiées montre également que l’utilisation de M.pygmaeus en culture d’aubergine est moins chère. Elle s’élève à 0,17 €/m² HT contre 0,26 €/m² HT pour la stratégie avec un nouveau lâcher en été de A. swirskii. Ce résultat économique confirme l’intérêt pour cette méthode. Pour la stratégie avec apport de pollen, le coût du nourrissage à 500 g par hectare est évalué à environ 0,02 €/m² HT pour une application de Nutrimite® (la main-d’œuvre n’est pas prise en compte), soit un coût total pour la stratégie testée de 0,13 €/m² HT. Bien que cette stratégie ait un coût inférieur aux deux autres, le manque d’efficacité actuel conduit à ne pas la retenir pour la gestion de l’aleurode en culture d’aubergine en période estivale (conditions trop limitantes pour l’acarien prédateur). Si le travail réalisé par l’Aprel et ses partenaires a permis de montrer l’intérêt de l’utilisation de la punaise prédatrice Macrolophus pygmaeus, il semble intéressant de renouveler les essais avec M.pygmaeus pour optimiser cette stratégie, notamment le positionnement des lâchers. Cependant, la présence de punaises phytophages rend la mise en place de cette stratégie difficile. Les pistes de travail s’orientent donc vers la réalisation de lâchers après un traitement insecticide contre ces punaises, en utilisant une population mixte, composée de larves et d’adultes, pour accélérer l’installation de l’auxiliaire. L’utilisation de la biodiversité fonctionnelle constitue également une piste intéressante, en développant les travaux sur les zones refuges pour les auxiliaires dans les abris (projet Ecophyto DEPHY EXPE MacroPlus). L’objectif ici est de créer des zones refuges à l’aide de plantes de soucis (Calendula officinalis) pour le maintien hivernal des populations de M. pygmaeus, afin de bénéficier d’une installation précoce dans la culture de printemps suivante.

Source : La PBI en culture d’aubergine. Vers une meilleure gestion des aleurodes des serres et du tabac en culture sous abri, paru dans Infos CTIFL Juin 2017 n°332

Des effectifs deux à trois fois plus faibles

Dans l’essai sur une exploitation qui produit de l’aubergine (variété Telar, non greffée), sous tunnel plastique, les premières observations d’aleurodes ont été réalisées en mars. Puis, les populations d’aleurodes augmentent brusquement en juillet avec une forte pression de Bemisia tabaci. On observe parallèlement, à cette même période, une forte augmentation de la population de M. pygmaeus qui prend le relais d’A. swirskii dont les effectifs chutent. Le contrôle du ravageur est correct, meilleur que dans le tunnel témoin sans M. pygmaeus. La population d’aleurodes augmente moins rapidement avec des effectifs deux à trois fois plus faibles. Sur la saison de culture, les résultats obtenus montrent une population d’aleurodes plus faible dans le tunnel avec la punaise miride. On observe début septembre un peu plus de 150 aleurodes par plante (adulte) dans le tunnel avec M. pygmaeus contre 400 individus (adulte) dans le tunnel témoin. Cependant, la protection n’est pas complète. On observe l’apparition de fumagine sur les plantes (mais restreinte aux entrées du tunnel) et un traitement insecticide en fin de culture a été nécessaire pour limiter le transfert des aleurodes vers d’autres cultures avant l’arrachage.

 

Stratégie 1
Renforcement A. swirskii
Amblyseius swirskii : 1 sachet de 250 individus pour 3 plantes (dose pleine) + 1 sachet de 250 individus pour 6 plantes (1/2 dose)
+ Encarsia formosa : 10,5/m2
+ Eretmocerus mundus : 4,5/m2
Cout 0,26 €/m2 HT


Stratégie 2
Introduction de M. Pygmaeus
Amblyseius swirskii : 1 sachet de 250 individus pour 6 plantes (1/2 dose)
+ Macrolophus pygmaeus : 0,5/m2
+ Encarsia formosa : 3/m2
+ Eretmocerus mundus : 3/m2
Coût 0,17 €/m2 HT

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