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Mâche : L’occultation insuffisante contre l’enherbement

Si la technique du désherbage par occultation reste insuffisante pour lutter contre l’enherbement en culture de mâche, elle favorise la vie du sol selon des essais menés sur la station CTIFL de Carquefou.

Aprés un, deux ou trois mois, l’occultation du sol avant culture reste insuffisante pour gérer l’enherbement en mâche.
© CTIFL

En 2018 et 2019, des essais d’occultation du sol avant culture ont été menés sur le centre opérationnel CTIFL de Carquefou dans le cadre du projet régional OMBRE, porté par l’Arelpal et soutenu par la Région Pays de la Loire. Objectif : étudier l’effet de la durée d’occultation du sol sur l’infestation des cultures de mâche par les adventices. « La gestion de l’enherbement est un des problèmes majeurs en mâche, souligne Sébastien Picault, du CTIFL de Carquefou. Pour désherber, les producteurs ont essentiellement recours aux herbicides. Certains désherbent à la vapeur ou à l’aide de désherbeurs thermiques, mais ces techniques sont fastidieuses à mettre en œuvre et très coûteuses. En bio, beaucoup de producteurs désherbent à la main, ce qui s’avère pénible et chronophage. » L’effet de la durée d’occultation sur l’abondance et le recouvrement de la flore adventice a été étudié en 2018 en comparaison d’un témoin non désherbé. Le sol a été recouvert d’une bâche d’ensilage noire, après arrosage. « Il s’agit en fait d’un faux semis, note Sébastien Picault. L’arrosage a pour but de faire germer les graines d’adventices qui meurent ensuite du fait de l’occultation. » Trois modalités ont été étudiées : occultation pendant trois mois, occultation pendant deux mois et occultation pendant un mois. Les bâches ont été posées respectivement début mars, début avril et début mai et toutes ont été enlevées début juin. La mâche a été semée deux semaines après le retrait des bâches.

Insuffisant pour satisfaire les producteurs

La principale adventice présente dans l’expérimentation est le pourpier, qui représente 77 à 98 % de la population adventice totale selon la date et la modalité. Début juin, juste après le retrait des bâches, les parcelles occultées ne comptaient aucune adventice, alors que sur les parcelles témoins, l’abondance était de 238 individus/m² (35 % de recouvrement). Le 5 juillet, un mois après le débâchage, et 13 jours après le semis de la bâche, l’enherbement n’a pas beaucoup évolué sur le témoin (207 individus/m²). Il a par contre augmenté sur les parcelles occultées. L’abondance d’adventices est respectivement de 210 et 242 individus/m² sur les parcelles occultées deux mois et trois mois, plus faible pour la modalité occultée un mois (114 individus/m²). Le 10 juillet, soit 21 jours après le semis de la mâche, l’enherbement a augmenté pour toutes les modalités. Elle est supérieure à 450 individus/m² pour les modalités témoin et occultée trois mois (476 et 524 individus/m²) et plus faible pour les modalités deux mois et un mois (respectivement 367 et 276 individus/m²). Le recouvrement du sol par les adventices est toutefois très faible dans toutes les modalités occultées (moins de 15 % aux deux dates). « L’enherbement le plus faible a donc été obtenu avec une durée d’occultation d'un mois, constate Sébastien Picault. L’efficacité constatée pour cette durée d’occultation n’est malgré tout pas suffisante pour satisfaire les producteurs. Et il est possible que les durées d’occultation plus longues favorisent le pourpier, principale adventice dans cet essai. » L’essai a été renouvelé en 2019, avec pose des bâches en décembre, janvier et février. « Là encore, la technique n’a pas fonctionné. L’abondance d’adventices est de 300 individus/m² pour la modalité un mois et atteint 500 individus/m² pour la modalité trois mois, ce qui n’est pas acceptable, avec à nouveau un gros problème de pourpier. Seule la renouée des oiseaux, très peu présente, a été un peu mieux gérée par l’occultation. La technique de l’occultation pour lutter contre l’enherbement n’est donc pas satisfaisante. Quand on enlève la bâche, il n’y a pas d’adventices, mais celles-ci se développent ensuite très rapidement. Les essais ne seront pas renouvelés. »

Effet positif sur la vie du sol

Dans le projet ATILA, autre projet porté par l’Arelpal, soutenu par la Région Pays de la Loire et dans lequel le CTIFL est partenaire, l’occultation du couvert avant la culture a par contre montré un intérêt, mais pas vis-à-vis de la gestion de l’enherbement. « L’occultation favorise la vie du sol et les vers de terre et donc la structure du sol, résume Sébastien Picault. Les meilleurs rendements sont obtenus après destruction du couvert par occultation, comparé à la technique de référence par rotobêche et au strip-till. Et comme la vie et la structure du sol sont améliorées, le système est sans doute plus durable. »

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