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Banane
Les nouvelles conquêtes des planteurs antillais

Désormais unis sous la bannière de l’UGPBAN, les producteurs antillais vont s’investir dans le soutien de la banane aux Caraïbes et, stratégiquement, dans les fruits et légumes métropolitains.

Sans tomber dans le cliché facile, il n’est pas exagéré d’écrire que depuis le 1 er janvier dernier, la filière banane des Antilles a changé de peau. 2008 a été l’année où la stratégie d’union des planteurs, initiée par Eric de Lucy, a certainement trouvé son apogée. A tel point qu’il convient aujourd’hui de parler de périmètre d’activité pour l’UGPBAN.

Première nouvelle : l’UGPBAN commercialise désormais 100 % de la banane antillaise. Jusqu’à présent, l’Union avait en charge la commercialisation de la production de Banamart et de LPG. Banalliance, l’autre groupement martiniquais, s’occupait directement de la vente de sa production, et ne confiait à l’UGPBAN que les actions de marketing et de communication. Depuis le 1 er janvier, les quelque 10 000 t de la production de Banamart sont également commercialisées par les équipes de Rungis. Ainsi, les planteurs antillais sont en formation pour développer leur production et atteindre dans les toutes prochaines années l’objectif de 350 000 t de bananes. La campagne 2009, encore marquée par les effets du cyclone Dean, ne connaîtra pas encore le plein potentiel. En ce début d’année, les volumes estimés sont de 175 000 t pour Banamart, 50 000 t pour LPG et 10 000 t pour Banalliance.

Le rassemblement de la production antillaise ainsi réalisé, l’UGPBAN a décidé d’ouvrir un autre chantier : celui de la diversification des origines. Il s’agit de proposer aux planteurs de Guadeloupe ou de Martinique désireux d’aller investir dans d’autres régions du monde de bénéficier des circuits de distribution de l’UGPBAN. Le 1 er juillet, une activité “autres origines” a été créée au sein de l’Union. Elle commercialise depuis cette date la production camerounaise de SPM, filiale du groupe Castri du martiniquais Jean Simonnet. Les bananes SPM répondent d’ores et déjà aux critères du cahier des charges de la banane antillaise (la production est certifiée EurepGap depuis 2006). La production de SPM au Cameroun totalise 850 ha, répartis en trois plantations. SPM affiche un objectif de 50 000 t de bananes pour 2008. Cet élargissement de la production doit également permettre d’écraser certaines charges. Ainsi, la banane SPM est actuellement débarquée à Anvers. En 2009, une partie des volumes pourrait être déchargée à Dunkerque. L’UGPBAN affiche ainsi sa volonté de conforter son partenaire dunkerquois Dunfresh, dont l’équilibre économique avait été compromis après le passage de Dean et l’interruption des exportations antillaises.

La volonté de diversification des origines se complète par un volet régional : l’UGPBAN a décidé de soutenir la production de bananes dans les Caraïbes. Cette politique est en totale cohérence avec le plan banane durable présenté par Michel Barnier le 5 décembre dernier en Martinique (cf. fld hebdo des 2 et 9 décembre). L’UGPBAN a aidé à la création d’une coopérative de planteurs en République Dominicaine. Composée de vingt producteurs, cette coopérative devrait apporter une production de 25 000 t. L’Union ne se contente pas d’agir simplement en importateur. « Nous mettons les producteurs face au marché », explique Philippe Ruelle, directeur de l’UGPBAN qui apporte également un soutien technique à la coopérative et aux planteurs. Mais cette implication dans les Caraïbes et en Afrique est aussi stratégique : elle participe à la politique de défense du tariff only.

Commercialiser 300 000 t de bananes en 2009

D’autres projets de partenariats ne sont pas à exclure pour les années à venir. « Nous sommes ouverts à commercialiser les bananes de tous groupes de producteurs qui souhaitent travailler dans une logique transparente face au marché », indique Philippe Ruelle. En 2009, l’Union prévoit de commercialiser 300 000 t de bananes, toutes origines confondues. A terme, l’UGPBAN souhaite atteindre les 450 000 t en vitesse de croisière. Un tel volume devrait permettre à l’Union « de répondre aux demandes des marchés européens que l’on ne peut satisfaire aujourd’hui. »

Autre diversification produit : les fruits et légumes. En rachetant Fruidor au groupe Pomona, l’UGPBAN récupère en effet Fruidor Terroirs. Implanté dans les principaux bassins de production français et belges, Fruidor Terroirs commercialise près de 110 000 t de f&l : pommes de terre, endives, oignons et pissenlits dans le Nord et en Belgique ; carottes, melons courgettes et fraises en Aquitaine. L’Union souhaite conserver et même développer cette branche. La production et la commercialisation de fruits et légumes de zones tempérées, en complément d’une production tropicale, offrent l’avantage de mieux utiliser les outils et les hommes tout au long de l’année. Mais décidément avec l’UGPBAN, les Antilles ne sont jamais bien loin. Ce nouveau développement dans les fruits et légumes pourrait donner des idées aux agriculteurs guadeloupéens ou martiniquais, désireux de se lancer dans la production de f&l à destination du marché métropolitain. Ils pourraient ainsi bénéficier de la force de commercialisation de Fruidor Terroirs. Bref, le but serait de permettre la mise en place de productions régulières et en quantité suffisantes dans ces régions. Une initiative qui est observée attentivement par les collectivités locales.

L’autre grande évolution de ce début d’année est donc la reprise de Fruidor. La vente a été signée le 8 décembre dernier. L’UGPBAN a acquis Fruidor pour 48,3 millions d’euros. Fruidor comprend deux activités : Fruidor bananes (mûrissages, etc.) qui réalise un chiffre d’affaires de 125 millions d’euros et Fruidor Terroirs (85 millions d’euros).

Fruidor dispose d’un parc de huit mûrisseries qui commercialisent 150 000 t de fruits : 51 % de bananes de Guadeloupe et de Martinique, 28 % pour l’origine Afrique, 10 % pour l’Amérique Latine et 7 % pour les autres ACP. L’objectif est de porter ce volume à 200 000 t, essentiellement par des opérations d’agrandissement des mûrisseries existantes.

Ces nouvelles activités font écho à la mise en chantier du plan banane durable aux Antilles. Le cœur de cette initiative est la création et l’installation de l’Institut technique de la banane, présidé par Eric de Lucy, président de l’UGPBAN. L’ITBAN a pour vocation d’étendre son activité aux autres îles de la région. L’Union européenne souhaite en effet que les régions ultra-périphériques (les RUP) aident au développement des pays voisins. Des fonds (Interreg) viennent appuyer cette politique. L’idée est que la finalisation du plan banane durable soit partagée avec les autres pays producteurs de la région : St Vincent, Ste Lucie et la Dominique notamment. Mais l’ITBAN pourrait aussi travailler en liaison avec ses homologues européens des Caraïbes ou de Madère.

Le plan banane durable vise, entre autres objectifs, à réduire l’usage des pesticides : - 50 % sur la période 2008-2013 (après une première diminution des usages de 60 à 70 % sur la période 1996-2006). Ce qui permet à Eric de Lucy de rappeler que l’objectif que ce sont fixés les producteurs antillais « est plus ambitieux que celui fixé à l’ensemble des agriculteurs français dans le cadre du Grenelle de l’Environnement ». La réalisation d’une unité de traitement des bouillies fongiques (cf. p 51) s’inscrit également dans ce plan.

Mais l’ITBAN ne va pas uniquement travailler sur la réduction des pesticides. En collaboration étroite avec le Cirad, les Antillais poursuivent leurs efforts en recherche variétale : il s’agit de trouver une ou des variétés résistantes à la cercosporiose et répondant aux critères européens de distribution et de consommation. Une nouvelle variété, la 918, est actuellement en phase de test, mais il semble qu’elle ne corresponde pas encore complètement aux références retenues.

Basé en Guadeloupe et en Martinique, l’ITBAN est composé d’une équipe de deux ingénieurs et de quatre techniciens. Il dispose pour la période 2008-2013 d’un budget de 6,2 millions d’euros.

En 2009, comme les années précédente, la banane des Antilles n’a pas l’intention de se laisser abattre.

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