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Consommation
Le vrac, plébiscité pour des raisons économiques plus qu’écologiques

Nielsen et Réseau Vrac ont offert un éclairage complet sur le vrac le 4 mars : croissance du marché, impact de la crise sanitaire, profil de l’acheteur vrac, attentes des consommateurs. Des faits étonnants sont à noter et à exploiter pour permettre au vrac de poursuivre sa croissance.

 

La crise sanitaire a ralenti la croissance du marché du vrac, qui continue malgré tout de bien se porter.
© Un Air d'Ici - Archives FLD

Et si les Français consommaient vrac pour des raisons économiques plus qu’écologiques ? A l’occasion de la publication le 4 mars de l’étude Nielsen/Réseau Vrac 2021 sur les habitudes de consommation vrac des Français (étude Nielsen Panel View sur 9 900 foyers en décembre 2020), les deux organismes ont apporté de nombreux éclairages sur les attentes, motivations et profils des acheteurs de vrac.

Le vrac en définition : pour mémoire, et selon l’Article L120-1du code de la consommation, « la vente en vrac se définit comme la vente au consommateur de produits présentés sans emballage, en quantité choisie par le consommateur, dans des contenants réemployables ou réutilisables. La vente en vrac est proposée en libre-service ou en service assisté dans les points de vente ambulants. »

Vrac : un bilan positif malgré la crise sanitaire

La crise sanitaire a ralenti les performances du vrac. Alors que le marché du vrac (tous circuits) avait dépassé le milliard d’euros en 2019 (1,2 Md€ de chiffre d’affaires avec une croissance sur un an de +41 %), la croissance est “seulement” de +8 % en 2020, à 1,3 Md€. « Depuis 2013, le marché observait des croissances annuelles à deux chiffres, et de +40 % depuis 2018, explique Célia Rennesson (cofondatrice et directrice Réseau Vrac). La croissance a été cette année ralentie par la crise, en raison de la fermeture de nombreux magasins ou rayons vrac, du fait du e-commerce qui a été le circuit favorisé et où l’offre vrac n’est que peu disponible… Ce ralentissement est donc lié aux contraintes logistiques plutôt qu’à la peur en termes d’hygiène ou qu’un désintérêt. »

Pour preuve, selon les chiffres de l’étude Nielsen, en janvier 2020, 40 % des ménages étaient acheteurs de vrac ; 27 % pendant le premier confinement et 28 % en juillet ; et à nouveau 37 % en décembre, dans un contexte redevenu un peu plus normal. Et les raisons d’arrêt d’achat pendant le confinement sont, pour 42 % des foyers, un magasin ou un rayon inaccessible ou fermé.

Enfin, le vrac n’est pas qu’un achat occasionnel. Sur les 40 % de foyers acheteurs, 46 % achètent au moins une fois par mois, soit 19 % des foyers français, c’est-à-dire 5,4 millions de foyers ! Toutes ces données prises en compte, le bilan est donc plutôt positif pour le vrac, qui s’installe en tant que tendance de consommation durable.

Le consommateur de vrac, un bobo parisien ?

« La crise sanitaire a changé les priorités des Français et leur manière de consommer », contextualise Isabelle Kaiffer (Consumer & Shopper Insights Director chez Nielsen). Ainsi, si la résolution de limiter leurs emballages plastique reste au même niveau entre 2019 et 2020 (pour 27 % des Français), elle perd sa première place, d’autres priorités prenant le dessus (faire plus de sport, voir plus ses proches, ne plus procrastiner).

Interrogés sur la raison qui les pousse à acheter en vrac, les Français répondent que c’est pour acheter la juste quantité dont ils ont besoin (37 %), puis pour réduire les déchets d’emballage jetables (22 %), puis pour acheter des produits plus sains et naturels (10 %), puis parce que ça revient moins cher (10 %). « La raison d’achat est peut-être ce qui nous a étonnés le plus dans cette étude : c’est le critère économique qui arrive en premier et non écologique, souligne Isabelle Kaiffer. Bien qu’acheter la juste quantité puisse aussi se rapporter avec l’envie de ne pas gaspiller… Ces conclusions ouvrent des réflexions quant à la manière de développer le vrac en répondant mieux aux attentes des consommateurs. D’autant plus que la crise sanitaire a fragilisé économiquement une partie de la population. Maîtriser sa consommation pour faire des économies est un argument du vrac pour séduire de nouveaux adeptes. »

Alors qui est consommateur de vrac ? Isabelle Kaiffer décrit : « On est loin du cliché du bobo parisien jeune cadre dynamique. L’acheteur de vrac est plus proche de Monsieur Tout le Monde. 38 % des acheteurs vivent seuls, d’où l’intérêt de la juste quantité ; 40 % vivent en zone rurale ou petite ville ; 53 % ont plus de 50 ans ; et il y a autant de cadres que d’ouvriers (14 %) acheteurs. Et cette diversité d’acheteurs s’explique parce que le vrac s’achète partout : en hyper et supermarchés (pour 61 %) avant même le magasin bio (52 %), les marchés (13 %) ou les spécialistes vrac (10 %). »

L’offre de vrac, à développer par les marques nationales, mais aussi en Siqo

L’épicerie, catégorie historique du vrac, continue de représenter la majorité de l’offre, avec en premier lieu les fruits oléagineux comme les noix et amandes (63 % d’acheteurs), les fruits séchés comme les abricots et raisin (56 %), les légumineuses (37 %), les graines (35 %), le riz (31 %), les pâtes et les céréales (30 %), les olives (17 %).

« Il y a néanmoins une croissance à prendre en développant de nouvelles catégories, sur le non alimentaire (lessive, beauté/hygiène, alimentation des animaux de compagnie) mais aussi sur de nouveaux produits alimentaires », souligne Célia Rennesson. Ainsi, plus de la moitié des Français (54 %) souhaitent voir les produits de grandes marques proposées en vrac, et les industriels ont commencé à se saisir de cette tendance. Les Français veulent ainsi que les marques leur proposent des produits en vrac et moins cher (70 %), plus sains et naturels (59 %), AOP ou IGP (54 %) ou avec label (52 %), en vrac bio (51 %).

« La traçabilité des produits en vrac est bien mise en place, avec toutes les garanties. Les Français veulent consommer de qualité et au plus proche. L’Inao est dans un état d’esprit très positif pour développer le vrac dans les Siqo (outre le bio). Le riz de Camargue est désormais autorisé en vrac », explique Lucia Pereira (directrice des Affaires Juridiques de l'association Réseau Vrac). En revanche, les surgelés, le lait ou les produits infantiles sont encore exclus de la vente en vrac dans le projet de décret.

3,2 Md€ de chiffre d’affaires en 2022 : objectif atteignable

Parce que le profil des acheteurs de vrac est proche de Monsieur tout le monde, et qu’il répond aux attentes écologiques des Français (moins d’emballage) mais surtout économiques (la juste quantité et prix souvent moins élevé), le vrac a donc un beau réservoir de croissance devant lui. « Le vrac a continué à se développer malgré les conditions difficiles de 2020 et nous estimons que les prévisions de 3,2 Md€ de chiffre d’affaires en 2022 sont atteignables, estime Célia Rennesson. Ceci parce que le parc de magasins vrac continue de s’agrandir, que l’offre s’élargit avec de plus en plus de marques qui s’y mettent et que le cadre législatif soutient cette croissance. Et parce que la motivation économique à acheter du vrac va trouver un terrain favorable en 2021 avec la crise économique attendue. »

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