Fruits tropicaux
« L’avocat corse répond à toutes les attentes des consommateurs » pour Les Domaines de la Taste
Spécialiste de la clémentine, en bio, Les Domaines de la Taste ont commencé à se diversifier sur l’avocat. Estimant son potentiel, le producteur a même créé une association pour regrouper d’autres producteurs corses et faire naître et vivre cette filière. De son côté, il teste aussi d’autres cultures, comme la mangue.
Spécialiste de la clémentine, en bio, Les Domaines de la Taste ont commencé à se diversifier sur l’avocat. Estimant son potentiel, le producteur a même créé une association pour regrouper d’autres producteurs corses et faire naître et vivre cette filière. De son côté, il teste aussi d’autres cultures, comme la mangue.
Sur l’Île de Beauté, sur la plaine orientale de Pianiccia, les Domaines De La Taste s’étendent sur une centaine d’hectares, quasiment tout en bio. Réputée pour ses clémentines, entre autres agrumes, l’entreprise familiale se diversifie aujourd’hui vers une nouvelle culture : l’avocat. Pour FLD, Anthony De La Taste, directeur administratif et financier, revient sur les origines de cette nouvelle aventure et les ambitions du projet.
« La clémentine est notre cœur de métier, et nous voulons solidifier ce pilier en nous diversifiant », explique Anthony De la Taste. Ainsi, dans l’optique de se diversifier pour sécuriser en production mais aussi pour proposer une gamme plus large à ses clients, l’entreprise s’est intéressée à l’avocat, produit dont l’intérêt des consommateurs était grandissant. Les frères De La Taste se sont rendus en Espagne en 2016. Au programme : visite à des pépiniéristes, tests gustatifs, mais aussi analyses de sol en Corse… En 2017, commande est passée pour 7 ha d’avocatiers, plantés en 2019. Les volumes commencent aujourd’hui à sortir.
De La Taste, 60 ans de savoir-faire au service d’une diversification fruitière. Les Domaines de la Taste ont été créés il y a 60 ans par Yves De La Taste, grand-père des actuels dirigeants Yoann, Anthony et Loïc De La Taste. A l’origine exploitation viticole, Les Domaines se sont rapidement diversifiés vers l’arboriculture, en particulier la clémentine. En 2007, l’entreprise prend le virage du bio et aujourd’hui, quasiment toute la production est en bio. La clémentine de Corse est le cœur de métier de l’entreprise avec 1 500 t en production en propre. « C’est un savoir-faire qui se transmet depuis 60 ans et qui nous permet aujourd’hui de développer de nouveaux projets et de nous diversifier, dans d’autres agrumes mais aussi dans des produits exotiques : l’avocat, la mangue, le fruit de la passion », explique Anthony De La Taste. Parmi les projets de diversification : le pomelo, depuis déjà quelques années, de manière importante (environ 800 t récoltées cette année, un volume qui va aller croissant avec l’entrée en production de jeunes vergers). Les Domaines ont aussi planté depuis ces trois dernières années oranges (type Navel) et citrons. L’objectif d’ici 6-7 ans : 1 000 t d’orange (200 t déjà aujourd’hui) et 600 t de citron.
Tropicorse : une association pour fédérer l’avocat de Corse
Mais De La Taste a été plus loin en créant l’association Tropicorse, afin de « créer une plus grande surface en avocat et créer un marché de l’avocat corse en France ». Anthony De La Taste précise encore : « Nous avons vu le potentiel de l’avocat et avons décidé de créer une association pour rassembler les producteurs partageant nos valeurs et souhaitant se lancer sur l’avocat. De La Taste fournit l’itinéraire cultural, le conseil et suivi techniques, la logistique pour les plants, et se charge de la commercialisation sous sa marque De La Taste. »
Tropicorse regroupe à date « cinq à six producteurs », dans la plaine orientale, majoritairement en bio, sur 25 ha. Cette année, 60 à 80 t d’avocats sont prévus, pour une ambition de 50 ha d’ici 3 ans (« les arbres sont déjà commandés ») et un potentiel de 1 000 t d’avocat d’ici 4-5 ans.
Déjà l’année dernière, 40 t d’avocat corse sous marque De La Taste ont pu être mises sur le marché. Le bilan est plus que satisfaisant. « Il y a d’une part une très forte demande des consommateurs pour l’avocat, tirée notamment par l’aspect santé, et d’autre part pour les produits locaux, confirme Anthony De La Taste. Avec un avocat corse, les consommateurs s’affranchissent des polémiques sur les ressources en eau que l’on retrouve sur les avocats du Mexique, du Pérou… La Corse est une zone climatique adéquate pour l’avocat -il y pleut beaucoup. En outre, l’avocat corse ne traverse pas l’Atlantique dans un conteneur, ce qui lui confère une grande qualité gustative. Notre problème, c’est donc plutôt l’inverse : on va manquer de produits et on ne pourra satisfaire que nos clients de longue date et qui nous suivent. »
La Corse, un terroir et un climat adapté à l’avocat
L’avocatier est une culture déjà ancrée dans l’histoire de la Corse. Anthony De La Taste raconte : « Notre grand-père il y a 30 ans avait déjà planté des avocatiers. Il y en avait en Corse. Mais ce n’étaient pas des variétés adaptées au terroirs, les itinéraires techniques n’étaient pas développés. L’avocatier est un arbre qui pousse bien mais qui reste très fragile et qui meure vite dans de mauvaises conditions. »
Aujourd’hui c’est la variété Hass qui a été plantée. La saison corse commence légèrement après la saison espagnole, de janvier à potentiellement fin mai ; c’est donc une fenêtre commerciale intéressante. « Le climat corse permet une qualité de fruits vraiment exceptionnelle et notre savoir-faire et nos infrastructures en clémentine nous permettent de proposer un avocat quasi mûri sur l’arbre : en deux jours il est récolté et expédié. C’est vraiment la qualité qui fait notre différence. »
Sur le marché du bio, se diversifier vers l’export. Les Domaines De La Taste, 60 ha à l’origine, représentent désormais 100 ha, avec la volonté de planter une cinquantaine d’hectares supplémentaires d’ici quelques années. A part quelques hectares de clémentines en conversion, toute la production est en agriculture biologique. Les Domaines commercialisent leurs fruits sous marque propre De La Taste, vers les grossistes, quelques metteurs en marché, magasins de producteurs et enseignes spécialisées bio sur le marché français. « Face aux difficultés observées sur le marché français des fruits et légumes, nous avons l’ambition de nous développer sur l’export vers les pays voisins : Suisse, Allemagne, Luxembourg, Belgique… Ces marchés sont attirés par le bio, mais aussi par le prix, et pas par l’origine corse ou française, il y aura donc un gros travail de sensibilisation à faire », se projette Anthony De La Taste.
D’autres projets dans les exotiques
Et comme De La Taste est continuellement en recherche de nouveaux projets, l’entreprise teste également les manguiers, découverts lors de cette fameuse visite en Espagne en 2016. 150 arbres de la variété Kent avaient été plantés en test en 2019 avec déjà des premiers fruits l’année suivante. Suite à ce test encourageant, 1 ha ont été plantés en 2020 avec 1 t produite cette année (la saison de la mangue en Corse est en septembre). Le potentiel est de 15 t.
« Mais nous voulons d’abord nous consolider sur les autres agrumes et sur l’avocat avant de nous lancer réellement dans cette nouvelle aventure. Nous testons aussi avec des volumes anecdotiques le litchi et le fruit de la passion. Nous sommes toujours à l’affut de nouvelles idées et de nouvelles cultures, pour transmettre à nos enfants. Nous sommes aussi à l’écoute de nos clients et des demandes du marché. Le fait d’être resté une structure familiale nous permet de nous adapter très rapidement à ces évolutions », conclut Anthony De La Taste.