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Jérôme Bédier : “on a fait une part de chemin impor

Audit de la filière, accord Sarkozy, crise des fruits et légumes d’été : Jérôme Bédier, président de la FCD, fait le point sur l’actualité de la filière et présente les propositions de sa fédération.

Olivier Masbou : Hervé Gaymard vient de présenter les conclusions de l’audit sur la filière. Quelle est la position de la FCD ?

Jérôme Bédier : Tout d’abord c’est nous qui avons voulu cet audit sur la compétitivité de la filière fruits et légumes. On constate que si la France a une position pas mauvaise, elle a des compétiteurs solides. Cela oblige à nous comparer à nos principaux concurrents. Hervé Gaymard nous a donné jusqu’au mois d’octobre pour lui faire part de nos réflexions et de nos propositions. Je lui enverrai donc les propositions de la FCD à la rentrée.

O.M. : Pouvez-vous détailler ces propositions ?

J.B. : L’audit marché montre que nous devons nous mobiliser, dans le cadre de l’interprofession, autour de 5 grands axes de travail.

Ì Premier axe : le problème de la main-d’œuvre, un vrai sujet. L’audit démontre parfaitement que les coûts de la main-d’œuvre, régulière et saisonnière, sont en France bien supérieurs à la moyenne européenne, ce qui handicape considérablement la compétitivité des entreprises.

Ì Deuxième point : le problème de l’organisation de la production. Il y a 317 OP en France, ce qui est énorme, et elles représentent moins de la moitié de la production. C’est la différence la plus majeure avec les autres pays où l’offre est beaucoup plus concentrée. Ce système d’organisation de la production doit être réexaminé avec beaucoup de volontarisme. Nous ne voyons que des avantages à ce que l’amont se structure, que des gros opérateurs puissent gérer les mises en marché.

Ì Troisième point : nous avons besoin d’interprofessions fortes, capables de fournir de vrais données d’observatoire des prix et des marges. Nous pensons que la piste de la fusion des interprofessions doit être sérieusement étudiée.

Ì Mon quatrième point est lié au précédent : c’est la clarification du mécanisme de fixation des prix. Nous vivons dans un système dans lequel il y a coexistence de cotations de marché de type Rungis, de cotations issues de cadran, de références de prix européens, du PAV, …. Conséquence, on pense communément que c’est la distribution qui fixe les prix. Ce qui est faux. Il faut donc qu’il y ait des indicateurs de fixation des prix fiables.

Ì Enfin cinquième point : il faut remettre en mouvement la communication. Il y a une sous-mobilisation. Nous ne sommes pas encore assez organisés, pas assez structurés. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour conforter le mouvement de “stop” à la baisse de la consommation. Il faut orienter la communication à la fois sur les aspects nutritionnels, de praticité et aussi sur les prix. Il faut par exemple stabiliser dans l’esprit du public une notion de prix.

O.M. : Que pensez-vous des accords du 17 juin ?

J.B. : Sur les accords Sarkozy, on a fait une part de chemin importante. En nous engageant sur la coopération commerciale et sur les ristournes, nous avons répondu à une des questions les plus fortes qui nous était posée.

O.M. : Pouvez-vous préciser vos engagements ?

J.B. : Pour ce qui est de la coopération commerciale, elle est supprimée immédiatement. Pour les ristournes, il faut prendre le temps de regarder les contrats et d’essayer de regarder comment contractualiser les contreparties. Ces discussions sont en train d’avoir lieu. Les agriculteurs ont longtemps cru que l’accord Sarkozy supprimait totalement les ristournes. Il nous a fallu un bon mois pour arriver à un consensus. Nous sommes depuis le 17 juin en concertation régulière avec la FNSEA et nous devons ensemble faire un bilan à la fin août. Nous sommes parvenus à une lecture commune de l’accord : les filières de produits frais avec circuits courts ne peuvent accepter des niveaux de ristournes trop élevés. Il est prévu dans le contrat de justifier les ristournes par la fidélité, la régularité ou les opérations logistiques. Cette filière a beaucoup vécu en l’absence de contrat. L’intérêt de l’accord est d’obliger à une contractualisation plus formelle.

O.M. : Les grossistes regrettent de ne pas avoir été partie prenante dans ces discussions ?

J.B. : Les deux tables rondes Sarkozy ont donné lieu à un débat largement médiatisé, et l’accord est un accord ouvert. Il n’y a aucune raison technique pour que les grossistes se sentent éloignés. Et d’ailleurs l’interprofession doit être l’endroit où se prépare l’ensemble des réflexions, sur tout les sujets, y compris sur le prix après-vente dont l’utilisation doit être limitée.

O.M. : L’accord prévoit également la mise en place d’un mécanisme de “cliquet” en cas de crise. Comment installer un tel mécanisme ?

J.B. : L’idée du cliquet veut dire que les opérateurs sont d’accord pour faire baisser les prix au profit des consommateurs. Il ne faut pas rentrer dans des mécanismes de cliquet très compliqués dans lesquels on calcule des moyennes et on gère des modalités bureaucratiques, pas forcément compatible avec les règles de la concurrence. Ce que l’interprofession a préféré mettre en place est un système de suivi de l’indice des prix Sécodip dans les enseignes. Depuis le mois de juin, cela ne fonctionne pas trop mal.

O.M. : Il y a en ce moment une grave crise sur les fruits et légumes d’été, et la grande distribution est mise en accusation Comment vous défendez-vous ?

J.B. : Les distributeurs ont montré par le passé qu’ils étaient prêts à se mobiliser pour sortir des crises aux côtés des producteurs. Et cette fois encore. Depuis le début de l’été, nous avons fait des opérations de dégagement de marché avec des prix publics très compétitifs sur la cerise, la tomate, le melon et maintenant la pêche-nectarine. Nous sommes dans une situation de marché dans lequel on joue le jeu.

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