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Guillaume Brisard adopte l’éco-pâturage dans ses vergers

Guillaume Brisard, arboriculteur en Indre-et-Loire, a installé une douzaine de moutons dans ses vergers de pommiers et poiriers afin de gérer l’enherbement. Il a également débuté une diversification de ses productions.

De nouveaux locataires ont élu domicile dans les vergers de Guillaume Brisard, en Indre-et-Loire, à une vingtaine de kilomètres au sud de Tours. Depuis deux ans, une douzaine de brebis et un bélier de race Shropshire, achetés dans le Limousin, pâturent entre les rangs de pommiers, poiriers, pruniers et cerisiers. « L’idée d’installer des moutons m’est venue de Jean-Yves Fillâtre, un arboriculteur normand à la pointe sur l’éco-pâturage dans les vergers. La race Shropshire est très intéressante car les moutons ne mangent pas l’écorce des arbres », explique Guillaume Brisard. L’arboriculteur de 39 ans compte augmenter son cheptel pour avoir entre 30 et 40 moutons sur ses 13 ha pâturés, et ainsi atteindre la densité généralement préconisée de 2,5 par hectare.

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« Le pâturage a un effet très positif sur l’enherbement, il y a beaucoup moins d’herbe sur le rang dans les zones où les moutons sont présents. En complément, on a fait l’été dernier un passage à l’andaineur de bois de taille, pour faucher les herbes sur le rang une fois qu’elles étaient sèches, et deux passages de girobroyeur avant le passage des saisonniers (récolte et éclaircissage) », poursuit le producteur, qui note aussi des bénéfices en termes de fertilisation du sol et contre les dégâts de campagnols. Selon lui, la gestion des ovins est assez facile. « On a juste dû clôturer les 13 ha pâturés et construire une cabane pour qu’ils puissent s’abriter. Ils sont en totale autonomie. L’hiver, on les nourrit avec un mélange caprin préparé par un producteur local. »

Une solution simple et économique

Guillaume Brisard est très satisfait de son association moutons-verger, qu’il recommande pour les parcellaires groupés et quand les charpentières sont suffisamment hautes. « C’est une solution simple, avec beaucoup d’avantages et peu d’investissements. Au total, la mise en place de l’atelier moutons a coûté 5 000 euros, précise-t-il. J’envisage l’installation d’oies pour un travail du sol différent ».

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Installé depuis 2019, Guillaume Brisard a pris la suite de son beau-père, après sept ans comme salarié sur l’exploitation, jusqu’alors certifiée Verger écoresponsable. Les plus vieux arbres ont été plantés en 1963, mais la majeure partie du verger a moins de vingt ans. Dès son installation, Guillaume entame les démarches de conversion en bio des cultures et renomme son exploitation La branche à fruits, en référence à la commune de Saint-Branchs où elle est située. « Je voulais absolument m’installer en bio, c’était une condition obligatoire de ma démarche. Je concrétise ainsi mes convictions. La période de conversion se passe bien malgré quelques erreurs techniques. On a pas mal d’auxiliaires, mais il y avait une bonne base : le verger était peu traité lorsqu’il était conduit en conventionnel. On a aussi la chance d’avoir un bon sol ». Pour favoriser encore plus la biodiversité sur l’exploitation, le producteur a installé cette année des nichoirs à mésange et planté une haie.

Un tri sans calibreuse

Le verger comporte actuellement 5 ha de poiriers (Général Leclerc, Comice, Williams, Conférence), 2 de pommiers (Belchard, Canada, Gala, Jubilé, Monidel, Reine des Reinettes, Rubinette) ainsi que des pruniers et des cerisiers sur 1 500 m². 

L’exploitation disposait auparavant d’une calibreuse pour le tri et le conditionnement, mais Guillaume Brisard a fait le choix de s’en séparer lors de son installation. « En bio, les calibres sont assez souples, ça ne valait pas le coup de la garder », indique-t-il. Le conditionnement est désormais fait « à la main », avec une table de tri et un lève-palox. Pour le stockage, deux chambres froides sont utilisées en location, pour une capacité totale de 120 t. En plus du producteur, deux salariés à temps plein travaillent à La branche à fruits. Quatre personnes formées pour la taille viennent chaque année, ainsi que des saisonniers « historiques » pour la récolte et l’éclaircissage.

La rhubarbe en diversification

Les épisodes de gel tardif n’ont pas épargné les vergers de Guillaume Brisard. « En 2019, le gel avait provoqué environ 50 % de pertes. Cette année, il est encore trop tôt pour le dire avec certitude, mais ce sera peut-être 60 ou 70 %… En cerise, on a tout perdu », déplore Guillaume Brisard. Mais, philosophe, il n’a pas de regret. « On a fait tout ce qu’on a pu, en allumant des feux, et même en installant deux tours anti-gel la veille de la première nuit de gel. Elles ont eu un effet positif à leur proximité. »

Les pertes dues au gel ont poussé l’arboriculteur à diversifier ses productions. En avril dernier, il a ainsi planté de la rhubarbe sur 0,5 ha, une culture qu’il a découverte au sein de Bio Centre Loire, groupement de producteurs de fruits et légumes bio dont il fait partie, créé en 2016. Ce choix de culture a été fait pour deux raisons principales : un calendrier cultural compatible avec celui des productions fruitières, et une demande importante, notamment en bio. « C’est une culture que je découvre mais qui a l’air assez facile, robuste et peu sensible aux maladies. Elle est juste un peu gourmande en eau et en fertilisation. Je compte en planter encore 0,5 ha l’an prochain. » La coupe des tiges s’effectue en avril-mai, une deuxième coupe peut se faire en octobre-novembre. Guillaume Brisard réfléchit aussi à une diversification vers les petits fruits, notamment la framboise, pour laquelle il y a beaucoup de demande en bio.

« J’envisage l’installation d’oies pour un travail du sol différent » Guillaume Brisard, arboriculteur

Parcours

2012 Salarié sur l’exploitation fruitière de son beau-père

Novembre 2018 Reprise d’une partie de l’exploitation, début de la conversion en bio

Mai 2019 Installation de moutons Shropshire dans les vergers

Août 2019 Reprise de la totalité de l’exploitation

Avril 2021 Plantation de 0,5 ha de rhubarbe

Une orientation vers la biodynamie

Du compost de bouse a été appliqué sur la culture de rhubarbe pour accélérer la dégradation du fumier. © A. Lasnier
Guillaume Brisard s’intéresse à la biodynamie et commence à la mettre en pratique sur son exploitation. « J’ai déjà fait une application de compost de bouse sur la rhubarbe pour accélérer la dégradation du fumier. Il faudra ensuite appliquer de la bouse de corne. L’application sera difficile. Sans matériel adapté, c’est de la débrouille, j’ai acheté un pulvérisateur à dos. Il existe du matériel spécifique pour la biodynamie mais ça coûte très cher, il faudrait qu’il existe des aides. Je comprends les doutes qu’on peut avoir sur le côté ésotérique de la biodynamie, mais cette méthode montre des résultats. »

 

La vente au magasin en développement

 
Le magasin propose à la vente les fruits de l'exploitation ainsi que des jus et des purées de fruits. © A. Lasnier
La production de La branche à fruits est commercialisée pour 20 à 30 % en vente directe, principalement via le magasin présent sur l’exploitation et plusieurs Amap. Le reste est vendu en magasins spécialisés et à Bio Centre Loire, qui fournit des plateformes Biocoop ainsi que les magasins « Terroirs d’avenir » à Paris. « 10 % de nos ventes sont réalisées dans notre magasin, mais on souhaite développer cette partie. Il y avait déjà de la vente directe à l’époque de mon beau-père. Avec la conversion en bio, j’ai augmenté les prix. On a perdu une partie de la clientèle, mais une nouvelle, sensible au bio, est arrivée », raconte le producteur. Fermé depuis avril car toute la production a été écoulée, le magasin propose, en plus des fruits frais, des produits transformés à partir des fruits « industrie » : du jus produit par l’association Espoir jus de fruits à Ecouflant (Maine-et-Loire) et de la purée de fruits confectionnée à la Conserverie de Touraine. Un site internet est en projet pour que les clients puissent faire leurs commandes en ligne.

 

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