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Cerise d’industrie
Copebi à la recherche de son indépendance commerciale

Les années se suivent et, pour la cerise d’industrie, commencent à se ressembler. Depuis trois ans, les récoltes sont très affectées par les aléas climatiques.

« Cela devient pesant, devait déplorer Jean-Pierre Cuxac, président de Copebi, à l’occasion de son AG. 2010 ne fut pas une année faste. Alors que la récolte s’annonçait très importante et de bonne qualité, de fortes pluies suivies de vents violents ont détruit environ un tiers des volumes. » Situation d’autant plus paradoxale que, sur la base des estimations de récolte, Copebi avait envisagé de plafonner les apports de ses adhérents, n’ayant pas capacité à commercialiser les 9 000 t annoncées. Ce sont donc “seulement” 6 262 t qui ont été commercialisées, chiffre qui, selon Jean-Paul Ravier, directeur de Copebi, « ne reflète pas le potentiel réel de la coopérative qui se situe entre 8 000 et 8 500 t. » Une coopérative qui assure 85 % des besoins du marché français.

Progression des exportations
Cependant, à volumes quasiment similaires depuis 2008, le chiffre d’affaires de Copebi s’est élevé à 4,69 M€. Ce résultat tient en partie par la progression des exportations. Elles sont passées de 227 789 € (2008) à plus de 843 000 € en 2010. Néanmoins, Copebi reste encore dans le rouge avec un déficit de 63 000 €, imputé sur la ligne report. « La gestion de la coopérative nous procure des réserves satisfaisantes pour assurer l’avenir de Copebi, souligne Jean-Pierre Ravier. Néanmoins, nous devons, en dépit de la baisse du capital social liée à la diminution des adhérents, maintenir le montant de nos fonds propres. » En 2010, Copebi a continué ses investissements pour un montant de 295 000 €. Il s’agit d’aménagements de la SCAP (installée à Villars dans le Vaucluse), coopérative achetée en 2009 pour permettre le stockage et la fabrication produits élaborés, une activité nouvelle pour Copebi. Jusque-là, le rôle principal de Copebi était la commercialisation de cerises en saumure destinées aux confiseurs et conserveurs, pour le compte de ses adhérents. Car la politique des industriels, en particulier celle de Kerry Aptunion, client n° 1 de Copebi avec 3 963 t achetées, soulève de nombreuses interrogations. « Le manque de lisibilité de la situation du principal intervenant industriel et les incertitudes sur la garantie de débouchés entraînent les producteurs à différer des investissements ou à des cessations d’activité. La situation de Kerry semble stabilisée. La société annonce son retour à l’équilibre en 2010 avec une progression des ventes et la reprise de parts de marchés. Mais malgré cette évolution plutôt favorable, il faut que nous ayons conscience que les achats des industriels ne reviendront plus jamais aux niveaux antérieurs. » Une situation qui semble stabilisée, mais la rumeur se fait instante de la vente prochaine par Kerry de sa branche fruits (dont les cerises confites), à l’exception des pépites et des fonds de tartes, deux activités très bien valorisées. En dépit d’accords interprofessionnels signés pour un an (mais sans références d’engagements en volumes ni prix), la situation reste tendue avec les industriels. Dans la ligne de mire des producteurs, les importations des industriels. « Les industriels et Kerry nous expliquent qu’ils ne peuvent conserver les cerises récoltées mécaniquement plus de neuf mois, souligne Jean-Pierre Cuxac. D’où l’obligation de faire appel à des importations en provenance d’Espagne ou d’Italie. Ces cerises fraîches en saumure récoltées manuellement assurent pendant trois ou quatre mois, un quart de leurs besoins. Si l’on considère que les besoins nationaux de cerises confites se situent entre 5 000 et 5 500 t, les 1 300 t d’import déclarées par les industriels ne nous amènent pas au bon compte. Il est désolant que Kerry conteste ces chiffres. »
Jean-Paul Ravier, pour sa part, met en doute le bien-fondé de ces transactions : « Le prix de la récolte manuelle brute est supérieur au prix payé en France, ce que ne contestent pas les industriels. Par ailleurs, ils nous reprochent de ne pas pouvoir servir leurs besoins. Ce qui n’est pas totalement faux, car sur dix ans, sept récoltes ont été trop faibles pour répondre à leurs demandes. Nous avons avec Kerry des discussions sans fin sur le sujet. Mais nous sommes en attente de réponses. S’agit-il de problèmes de qualité au stockage ? Un moyen de maintenir la pression sur les producteurs français ? Des problèmes de gestion et de trésorerie ? Quoi qu’il en soit les achats de cerises d’importation nous semblent étonnants. »

Copebi fait le choix du marché mondial
Pour sortir de ces turbulences, Copebi s’est lancé sur le marché mondial avec des produits à plus haute valeur ajoutée, triés, calibrés, équeutés et dénoyautés. « Face à l’évolution du marché et plus largement de l’agriculture, nous avons une place à prendre en tant qu’intermédiaire. Essayons de faire avec ce que nous avons afin de devenir leader dans la préparation de produits. » Après l’achat en 2009 de la SCAP, le conseil d’administration a validé, pour 2011 et 2012, l’achat de cuveries et le doublement de la chaîne de traitement des cerises dans « l’espoir de travailler tout au long de l’année. » L’unité Copebi a fabriqué, en 2010, 1 064 t et l’objectif est de passer progressivement à 1 500 puis 2 000 t. « Nous ne restons pas inactifs face à la baisse des achats de Kerry, devait conclure Jean-Pierre Cuxac. Mais ces transformations demandent du temps et ont des conséquences profondes sur le fonctionnement économique et administratif de la coopérative. Cette évolution à marche forcée n’est pas une solution de facilité. Mais cette diversification est la seule voie que nous avons pour sortir de la dépendance d’un industriel. »

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