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Forte offensive d’UFC-Que Choisir, Greenpeace et WWF France contre les labels alimentaires

Une révision de la gouvernance de l’INAO, et des soutiens apportés aux signes de qualité, mentions réglementées et labels alimentaires privés s’impose selon les trois associations qui dénoncent un écart entre leurs promesses et réels impacts.

Différents labels de qualité
Trois AOP laitières, le porc label Rouge, ou encore le HVE présentent des cahiers des charges trop permissifs selon UFC-Que Choisir, Greenpeace France et WWF France.
© Capture d'écran de l'étude UFC-Que Choisir

Associée à Greenpeace France et WWF France, l’association UFC-Que Choisir a publié ce matin deux études visant à dénoncer l’écart entre « les promesses et la mise en œuvre » des labels alimentaires, qui bénéficient pour certains de soutiens publics. « C’est loin d’être simple c’est une jungle », a dénoncé d’entrée de jeu son président Alain Bazot, lors d’une conférence de presse.
 

Les AOP saint nectaire, cantal et munster épinglées

Après l’analyse du cahier des charges de 8 AOP fromagères et de 12 viandes label Rouge, selon l’association consumériste, 3 AOP, le saint nectaire, le cantal et le munster, présentent des produits d’entrée de gamme trop peu différents des productions fromagères industrielles. « Ces trois AOP ne devraient pas bénéficier de l’appellation », juge UFC-Que Choisir. L’association consumériste justifie sa position par le fait que trois critères « essentiels au regard du caractère traditionnel et de la typicité », selon l’Inrae, sont exclus de leur cahier des charges. A savoir : une proportion minimale de vaches de races locales, l’interdiction des fourrages fermentés et l’interdiction du lait pasteurisé ou thermisé. Les 5 autres AOP (abondance, camembert de Normandie, laguiole, picodon et salers) étudiées par UFC-Que Choisir rentrent en revanche dans les clous, selon elle.

Un cahier des charges porc label Rouge « trop permissif » selon UFC-Que Choisir

Pour le label Rouge, l’association estime que si les poulets label Rouge montrent bien une différence par rapport au conventionnel, « pour le porc label Rouge, la différenciation est très faible ». « Le cahier des charges est trop permissif, le label ne se justifie pas », assène André Bazot. Et de justifier sa position du fait que le cahier des charges ne comprenne pas d’exigence en matière de race spécifique, de parcours extérieur et d’âge d’abattage supérieur au standard, trois des « quatre critères indispensables pour la qualité supérieure », selon l’UFC-Que Choisir qui a travaillé avec Inrae.


La certification HVE dans le viseur

De leur côté, Greenpeace France et WWF France ont analysé avec Basic (bureau d'analyse sociétale) plusieurs labels privés sur leurs dimensions environnementales et socio-économiques. Si les labels bios tirent leur épingle du jeu aux yeux des associations, « la certification HVE présente des impacts très faibles », estiment-elles après avoir noté chaque démarche sur 14 problématiques environnementales (impacts sur le climat, la biodiversité…) et socioéconomiques (bien-être animal, impact sur la santé humaine…). Les labels Zéro résidu de pesticides et Agri Confiance sont également très mal notés dans l’étude à la différence du le label Bleu Blanc Cœur, mieux évalué.

La gouvernance de l'Inao critiquée

A l’issue de ces deux analyses, UFC-Que Choisir, Greenpeace et WWF France formulent plusieurs propositions à destination des décideurs publics parmi lesquelles :

  • Conditionner le soutien public aux impacts des démarches et non à leurs intentions affichées. Elles demandent notamment de « suspendre le soutien public à la certification Haute valeur environnementale (HVE) tant que le cahier des charges n’a pas été révisé ». « Considérer le HVE au même titre que le bio dans les écorégimes au niveau de la réforme de la Pac est une aberration pour nous », commente Arnaud Gauffier, directeur des programmes de WWF France.
  • Intégrer des critères de durabilité environnementale et socio-économique dans les démarches faisant l’objet de valorisation publique tout en renforçant le contrôle du contenu des cahiers des charges
  • Réviser la gouvernance des signes officiels. « La création et la révision des cahiers des charges dépendent de la seule initiative des professionnels avec la montée en puissance des industriels plutôt que des agriculteurs », affirme André Bazot déclarant que « la gouvernance de l’Inao est trop au bénéfice des professionnels ». UFC-Que Choisir, Greenpeace France et WWF France demandent ainsi que la gouvernance soit élargie à la représentation de la société civile.

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