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Finistère : la SCEA Le Pépin et la plume s’est diversifiée pour être plus résiliente

Important producteur de fraise bio dans le Finistère, la SCEA Le Pépin et la plume a choisi de diversifier ses productions pour limiter les risques techniques et économiques.

Basée en nord Finistère, la ferme bio Le Pépin et la plume produit des fraises, des pommes, des légumes, des plants de pommes de terre, des œufs et du lait sur 96 hectares pour 33 équivalents temps plein (ETP). « Notre objectif est d’être une vraie ferme de polyculture-élevage, expliquent Mickaël Pont et Mathieu Guyomard, associés de la SCEA. Avoir des animaux et une large gamme de végétaux permet d’être plus autonome et limite les risques techniques et économiques. » Quand il s’installe en 2009 sur 8 hectares, après avoir été dix ans technicien bio, Mickaël plante 4,5 hectares de pommiers, des fraises et crée un atelier de poules pondeuses.

En 2012, il s’associe avec Mathieu et tous deux décident de développer les fraises et les poules. « Il y a de la demande en pomme dans le Finistère, assurent-ils. Mais ici, il manque 2-3°C pour les pommiers. La floraison est belle, mais il y a beaucoup de chutes. » Le développement se poursuit en 2015 avec le rachat d’une ferme voisine qui permet de passer à 25 hectares. « Mais en 2018-2019, nous avons pris conscience que nous prenions beaucoup de risques avec les fraises, explique Mickaël. Pour les protéger de la pluie, nous utilisons des tunnels démontables. Et avec des tempêtes qui atteignent 100 km/h, le risque de casse est important. S’y ajoutent des risques sanitaires, comme Drosophila suzukii. »

Diversification en légumes

Les associés choisissent alors de se diversifier en légumes et installent des multichapelles et des tunnels. Puis en 2020, pour faciliter les rotations, ils achètent une autre ferme, qui fait passer la surface à 96 hectares, avec des vaches laitières et un atelier plants de pommes de terre. « Avec les fientes de poule et le fumier, nous sommes autonomes en azote et phosphore. Le lait et le plant de pomme de terre ont aussi permis de diversifier nos activités. » Six hectares sont aujourd’hui consacrés à la fraise, 20 hectares aux légumes, 2,5 hectares aux pommiers, le reste à l’herbe et aux céréales.

« Nous avons réduit le verger car, outre le manque de chaleur, il y avait un problème avec les pondeuses, explique Mickaël. L’idée était que les poules nettoient le verger. Mais après cinq ans, nous avons constaté un excès d’azote lié aux fientes qui, avec le temps doux et humide, favorisait le chancre. L’ammoniac issu des poulaillers était aussi agressif pour les arbres. Nous n’avons gardé que les variétés tolérantes au chancre comme Pilote, Goldrush, Dalinette, Dalinsweet, Goldor, plantées à au moins 100 mètres des poulaillers et pas sous les vents dominants. »

Les 20 hectares de légumes se partagent entre 1,5 hectare de multichapelles et 4000 mètres carrés de tunnels qui accueillent notamment les légumes d’été, les herbes aromatiques… et le plein champ où sont cultivés poireaux, carottes, pommes de terre, choux, courges, oignons, échalotes, haricots… « Sur l’année, nous cultivons 40 à 50 espèces. Cela permet d’avoir toujours une large gamme de légumes en plus des fraises et des pommes. »

Miser sur les légumes basiques

Une partie de la production est vendue en local sur six marchés, aux magasins spécialisés, restaurants… La SCEA a créé avec trois maraîchers le GIE Douar Bev qui commercialise les produits des quatre exploitations. « Il permet d’avoir une gamme complète toute l’année et de mutualiser la main-d’œuvre et la logistique. La vente est assurée par les associés du GIE et un salarié. » Le reste est vendu à des grossistes et à l’industrie. « En fraise, un tiers est vendu en local, un tiers en circuit long et tiers à l’industrie, précise Mathieu. En légumes, 40 % sont vendus en local et 60 % en circuit long. » En 2022, la SCEA a aussi créé une activité de foodbus à partir des produits de l’exploitation.

Une diversification qui tombe à point en 2022, marquée par la sécheresse et la hausse des coûts de production. L’année a aussi été beaucoup plus difficile sur le plan commercial. « Le marché a beaucoup changé en trois, quatre ans, constatent les producteurs. La concurrence est forte notamment en fraise et tomate avec la conversion de grosses structures. Et cela alors qu’en 2022, la consommation a diminué, encore plus en bio. Sur certains légumes, nos ventes ont chuté de 25 %. » Les producteurs envisagent donc de réduire leurs surfaces en fraise et tomate et de miser sur des légumes plus « nourriciers » comme les pommes de terre, poireaux, carottes, oignons, échalotes…

« La fraise bio est devenue un produit de luxe. Et en tomate, qui demande beaucoup de main-d’œuvre, la valorisation n’est plus intéressante qu’en tout début et fin de saison. Le prix de vente aux grossistes est passé de 2,40 euros le kilo à 2 euros le kilo en moyenne, avec des semaines à 1,20 euro le kilo. » Un nouveau hangar est ainsi en construction pour moderniser la chaîne pomme de terre, développer le stockage des alliums et installer une chaîne de lavage des poireaux et carottes.

100 tonnes de fraise bio par an

Le Pépin et la plume cultive 6 hectares de fraisiers et commercialise 100 tonnes de fraises par an de mi-avril à mi-octobre. Au printemps, les producteurs cultivent les variétés Cigaline, Manon des fraises, Caprice, Verdi et Rubis des jardins. « Nous avons arrêté Gariguette, difficile à produire en pleine terre et mal valorisée », précisent-ils. En remontantes, la production repose sur Cirafine et Cijosée. Les plants sont gardés deux ans et recouverts en période de production de tunnels démontables. Le rendement est de 15 à 20 tonnes par hectare. Pendant deux ans, Mickaël a aussi produit des framboises, groseilles et myrtilles. « Mais la framboise est peu rémunératrice vu le faible rendement à la cueillette. Et les myrtilles sont attaquées par les oiseaux. »

Un foodbus pour aller jusqu’au bout de la chaîne

Depuis mai 2022, Le Pépin et la plume propose, pour des animations (concerts, festivals, anniversaires…), une activité de restauration dans un foodbus qu’ils ont eux-mêmes aménagé de façon simple et fonctionnelle. « Le but est de montrer et de communiquer sur ce que l’on produit dans un cadre festif, précise Mickaël. Cela permet aussi de valoriser les produits de la ferme, les légumes déclassés, les pommes de terre trop grosses pour faire du plant et que l’on peut transformer en frites… » Le foodbus propose des wraps, burgers, frites, pokebowls… et des menus plus élaborés (bœuf bourguignon, hachis parmentier, plats végétariens…). 90 % des produits sont issus de l’exploitation.

Les plats sont préparés en amont, les finitions et cuissons minutes étant réalisées sur place. Mickaël et trois salariés y travaillent, en moyenne une fois par semaine depuis le début de l’activité. Tous ont suivi une formation hygiène-sécurité. « La contrainte est que cela implique de travailler le week-end », note Mickaël. L’objectif prochainement est de proposer aussi le foodbus une à trois fois par semaine sur des lieux fixes, à Landerneau et à Brest, avec plutôt des menus végétariens pour les salariés d’entreprise souhaitant manger léger et rapide. Le foodbus pourrait aussi servir alors pour le retrait de paniers.

Parcours

2009 Installation de Mickaël Pont après un BTS ACSE et dix ans comme technicien AB

2012 Installation de Mathieu Guyomard après un BTS Productions végétales et du salariat en production de tomate et chantier d’insertion

2015 Achat d’une ferme portant la surface à 25 ha

2018 Diversification en légumes

2020 Achat d’une ferme portant la surface à 96 ha

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