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Faut-il tolérer du refus dans l’alimentation des chèvres laitières ?

Accepter plus de refus permet d’augmenter l’ingestion et la production laitière mais l’intérêt dépend du contexte et des fourrages utilisés. Essai dans la Vienne avec du foin séché en grange.

Des essais antérieurs avaient montré des effets importants de la quantité de fourrage offert (et donc des refus admis) sur la quantité ingérée. Ainsi, pour 100 grammes de foin proposés en plus aux chèvres, il y aura 24 grammes de foin ingérés en plus. Dans le cadre du projet MaxForGoat, une étude réalisée à la chèvrerie expérimentale Patuchev de l’Inrae de Lusignan (Vienne) sur du foin ventilé a évalué l’effet de différents niveaux de refus (5 %, 15 % et 25 %) sur la consommation et la production laitière des chèvres.

Plus de lait mais moins de gras

Le foin séché en grange était distribué en un seul repas à trois lots de 18 chèvres. Chaque lot a pu tester alternativement un niveau de refus de 5 %, 15 % ou 25 %. Les résultats montrent que l’augmentation du niveau de refus entraîne une augmentation de la quantité de foin consommée. À 5 % de refus, 2,47 kilos de matière sèche de foin ont été distribués par chèvre et 2,27 kilos ont été ingérés. À 25 % de refus, 3,38 kilos ont été distribués et 2,44 kilos ont été ingérés. La production de lait était de 3,02 kilos et 38,7 g/kg de taux butyreux à 5 % de refus et de 3,15 kilos et 37,6 de TB à 25 %.

Lire aussi : Comment bien distribuer les fourrages ?

« Le fait d’accepter 20 % de refus en plus implique de distribuer 900 grammes de foin ventilé en plus, traduit Hugues Caillat de l’Inrae. Cela permet une augmentation de la production laitière brute de 130 grammes par chèvre et par jour, mais en diminuant le taux butyreux, ce qui limite l’intérêt global. » Ramenée en lait standard, l’augmentation reste modeste : environ 50 grammes de lait en plus par chèvre et par jour pour chaque palier de 10 % de refus.

Accepter plus de refus peut améliorer la qualité de l’ingéré

En triant leur ration, les chèvres mangent le meilleur. La ration est ainsi améliorée en tolérant plus de refus.

En compilant les données issues de plusieurs dispositifs expérimentaux et essais antérieurs, Romain Guyard de l’Inrae a montré que, sans surprise, les fourrages refusés étaient en moyenne plus pauvres en protéines que les fourrages distribués. C’est surtout vrai pour le foin de luzerne et pour les fourrages que les chèvres peuvent trier comme le foin de prairie multiespèce, le foin de sainfoin ou les rations complètes. En revanche, les foins de graminées, les ensilages de maïs, l’herbe enrubanné ou l’herbe verte sont moins triés à l’auge et les fourrages laissés dans l’auge ressemblent à ceux qui ont été distribués.

La luzerne est très triée, pas les graminées

« Sur des fourrages de graminées, tolérer un niveau de refus élevé n’a pas d’effet significatif sur la qualité du fourrage ingéré, explique Romain Guyard. En revanche, pour la luzerne, on observe une amélioration notable de la teneur en matière azotée du fourrage consommé, jusqu’à 0,8 point de MAT en plus pour 10 % de refus en plus. » L’impact des refus sur la qualité de l’ingéré dépend donc de la nature du fourrage avec un effet fort pour la luzerne.

Un outil d’aide à la décision pour bien distribuer le fourrage

<em class="placeholder">Copie d&#039;écran OAD MaxForGoat</em>

Le projet MaxForGoat propose un outil pratique d’aide à la décision pour accompagner les réflexions sur les modalités de distribution des fourrages. Cet outil prend en compte le nombre de fourrages distribués, leur type, le matériel disponible et les objectifs principaux liés à la distribution et donne des recommandations sur la façon d’alimenter et le pourcentage de refus conseillé. L’outil est en ligne gratuitement sur idele.fr/detail-article/maxforgoat-un-outil-daide-a-la-decision.

« Moins de refus en distribuant l’enrubannage à midi »

Chez Isabelle Durand, éleveuse de 480 chèvres dans les Deux-Sèvres, avancer la distribution de l’enrubannage de 16 h 30 à 13 heures a réduit les refus, amélioré la consommation du foin de luzerne et libéré du temps l’après-midi.

<em class="placeholder">Isabelle Durand, éleveuse de 480 chèvres dans les Deux-Sèvres</em>

« Auparavant, nous distribuons le foin de luzerne le matin vers 9 h 30 puis l’enrubannage de ray-grass vers 16 h 30. Nous avons avancé la distribution de l’enrubannage vers 13 heures et nous observons qu’il y a moins de refus. Nous venons juste de changer donc on ne voit pas encore de résultats sur la production laitière. Avant, les chèvres étaient un peu impatientes en attendant l’enrubannage. Maintenant, en mangeant l’enrubannage dès 13 heures, elle mange davantage les tiges du foin de luzerne. Nous ne pouvons pas mettre toute l’alimentation d’un seul coup car il faut que le robot distributeur de concentrés puisse circuler. Cette nouvelle organisation nous laisse plus de temps libre pour des chantiers l’après-midi. Même si la distribution de l’enrubannage ne prend qu’un quart d’heure, ne revenir que pour ça oblige à couper l’après-midi. Nous avons essayé aussi de distribuer l’enrubannage après la traite du soir mais, de ce fait, elles s’empêchent de manger en attendant leur repas favori. »

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