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« En Centre-Val de Loire, je cultive du soja pour mes chèvres »

Depuis quatre ans, Mathilde Kippert cultive du soja puis le fait toaster par sa Cuma. Elle améliore ainsi son autonomie alimentaire et les chèvres produisent un lait plus riche.

<em class="placeholder">Mathilde Kippert apprécie le service de toastage du soja à domicile.</em>

Mathilde Kippert, éleveuse de 280 chèvres à l’EARL des Barres, exploite 165 hectares de terre en zone AOP Chavignol. En 2020, elle décide d’introduire le soja dans ses rotations, une culture encore peu implantée si haut en latitude. Une initiative qu’elle poursuit depuis avec des ajustements. « J’ai voulu réduire ma dépendance aux concentrés achetés tout en améliorant la qualité du lait de mes chèvres », explique l’éleveuse du Cher.

En mai 2022, Mathilde sème 13 hectares de soja sur une parcelle argilo-calcaire superficielle. « J’ai utilisé un semoir monograine avec un double passage pour avoir un semis tous les 30 cm, après labour et passage d’un vibroculteur », détaille-t-elle. Si l’implantation est satisfaisante, l’apparition d’ambroisies malgré deux désherbages pose un premier défi.

Des débuts prometteurs malgré les défis agronomiques

En 2023, elle modifie sa stratégie en semant toujours avec un monograine mais à 60 cm pour pouvoir réaliser un binage. Toutefois, cette technique crée des billons le long des rangs, ce qui complique la récolte. « Les gousses sont très basses et nécessiteraient une barre de coupe spécifique pour le soja. Je ne renouvellerai pas cette méthode », conclut-elle.

Pour sa troisième campagne, en 2024, Mathilde sème 5 hectares fin mai-début juin. Malgré une année humide et des dégâts causés par les ragondins, la récolte d’octobre confirme l’intérêt de cette culture pour son élevage.

Des bénéfices nutritionnels et économiques

L’impact du soja toasté sur la qualité de la production laitière et les charges opérationnelles plus faibles de cette culture compensent largement des rendements modestes (8 à 11 quintaux à l’hectare). « Le lait affiche de meilleurs taux, tout en réduisant de moitié mes achats d’aliments », se réjouit Mathilde. Dans la ration, le soja toasté complète idéalement le maïs et le foin de luzerne séchée en grange.

Le toastage, effectué par la Cuma Terr’eau, constitue un maillon clé de cette réussite. À 140 euros l’heure, fioul et main-d’œuvre inclus, le coût équivaut à 70 euros la tonne. « Le chauffeur de la Cuma assure le toastage de façon autonome », apprécie l’éleveuse. Grâce à un brûleur chauffant l’air à 280 °C, la température au cœur des graines atteint 100 °C, détruisant ainsi les facteurs antinutritionnels et améliorant la digestibilité des protéines et la conservation des graines. Ainsi, les analyses des échantillons de l’EARL des Barres montrent une nette augmentation des protéines digestibles dans l’intestin (PDI) : de 77 g/kg pour les graines crues à 141 g/kg après toastage.

Une culture durable et diversifiée

Au-delà des avantages nutritionnels, le soja offre une diversité agronomique et des bénéfices financiers. « Avec la prime PAC [politique agricole commune] protéagineux, de 122 euros par hectare, et une rotation enrichie, le soja a toute sa place dans mes cultures », affirme Mathilde. Pour l’avenir, l’éleveuse compte continuer à cultiver du soja tout en achetant des graines crues à toaster, afin de pouvoir alimenter les chèvres toute l’année.

Lire aussi : Le soja, une plante qui aime l’eau et la chaleur

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