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Fin de négociations commerciales sous haute tension pour les produits laitiers caprins

Malgré un prix du lait moyen payé aux producteurs en hausse de 11 % en 2022, la flambée des charges dégrade de façon importante la marge des producteurs. La Fnec tire la sonnette d’alarme et exige une nouvelle revalorisation du prix du lait de chèvre.

Fin de négociations sous haute tension
© GEB - Idele d'après Insee et SSP

À deux semaines de la fin officielle des négociations commerciales annuelles, les producteurs de lait de chèvre ont une nouvelle fois alerté l’ensemble des opérateurs de la filière caprine sur la nécessité de revaloriser le prix du lait. « À l’indice 140,2 au troisième trimestre 2022 (base 100 = 2015), l’Ipampa s’est en effet accru de 22 % par rapport à 2021 », a rappelé la Fédération nationale des éleveurs de chèvres (Fnec) dans un communiqué mi-février.

La marge se réduit fortement

« Dans le même temps, la hausse du prix moyen payé aux producteurs (+11 %/2021) montre une dégradation importante de leur marge, souligne la Fnec. Cette marge, appréciée dans l’indicateur public Milc, a ainsi baissé de 20,3 % au troisième trimestre 2022 par rapport au troisième trimestre 2021 en dépit de la hausse du prix du lait ! Avec les coûts qui continuent de flamber, cette marge se rapproche des niveaux dangereusement bas connus lors de la grave crise qu’a connue la filière caprine entre 2010 et 2013, ce que personne ne souhaite pour la filière. »

La Fnec rappelle qu’une nouvelle revalorisation du prix du lait est indispensable pour permettre aux éleveurs en place de se maintenir et attend que les acteurs de l’aval de la filière agissent « avec responsabilité, comme ils l’ont fait jusqu’à présent ».

Des discours et des actes

« Sur la partie matière première agricole, nos clients ont compris l’importance de la préservation de la ressource laitière, et nous avons peu de difficultés. En revanche, sur la prise en compte de nos hausses à nous, transformateurs, c’est plus compliqué », explique Mickaël Lamy de La Coopération laitière.

« La loi Egalim cadre bien la prise en compte des hausses des charges en élevage, confirme Jacky Salingardes, président de la Fnec. Mais on ne peut pas avoir une filière pérenne si les transformateurs n’ont pas un retour également. »

Crainte confirmée par le président-directeur général de la Fédération nationale des industries laitières (Fnil), François-Xavier Huard : « La fin des négociations se passe mal. Nous faisons face à un grand écart entre les déclarations de soutien aux filières alimentaires et la réalité des négociations, y compris pour les PME sur lesquelles la pression est très forte. Nous avons même des cas de demande de facture pour justifier les augmentations de tarifs. En 2022, les entreprises privées avaient obtenu à peine 40 % des hausses demandées. Pour 2023, les augmentations demandées sont de 10 à 12 % en moyenne. Nous voulons sortir du mode de fonctionnement actuel et du rapport de force permanent, nous devons collectivement prendre de la hauteur et être plus responsables. »

Dans ce contexte tendu, l’évolution de la consommation est incertaine, avec une orientation vers des formats plus petits et des petits prix. Si, pour l’instant, l’équilibre du chiffre d’affaires se fait entre volume et prix en lien avec l’inflation, ce qu’il faut regarder, c’est le revenu net des entreprises. Entre la guerre en Ukraine et le prix de l’énergie, la filière a peu de visibilité et tous restent vigilants. Les producteurs fermiers ne sont pas épargnés, et même particulièrement touchés, à la fois en volume et sur les prix de vente qu’ils ne parviennent pas à augmenter.

Les charges augmentent plus vite que le prix du lait

L’année 2022 a été marquée par la hausse des charges en élevage. À l’indice 136 en moyenne annuelle (base 100 = 2015), l’Ipampa a bondi de près de 20 % par rapport à 2021. L’alimentation achetée, principal poste de charge en élevage caprin, a augmenté de 24 %, mais, c’est surtout le poste « énergie et lubrifiants » qui a connu une forte envolée de 37 %, comparé à l’année précédente.

Le prix réel payé du lait de chèvre a connu une importante progression en 2022, sous l’effet de la hausse du prix de base dans tous les bassins caprins. En moyenne annuelle pondérée, ce prix a atteint 825 €/1 000 litres, soit une hausse de 54 € (+7 %) par rapport à l’année passée. En moyenne sur l’année, le lait de chèvre a été mieux payé dans le Centre à 854 €/1 000 litres, avec une augmentation de 6,5 % par rapport l’année 2021. Le bassin Centre-Ouest, fermant le peloton, a enregistré le plus faible prix du lait à 814 €/1 000 litres, même si le taux de revalorisation est similaire au bassin précédent. Les bassins Sud-Ouest et Sud-Est ont enregistré, respectivement, les prix moyens de 823 et 833 €/1 000 litres, avec des évolutions respectives de 8,5 et 7,1 %/2021.

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