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Gaec Ginalhac, dans le Cantal
Valoriser les atouts de la Salers par l’engraissement

Qualité des fourrages, croisement, insémination, tri des animaux et valorisation en boucherie… Voilà les principales recettes de la bonne efficacité économique de cette exploitation Salers.

Geneviève et Bernard Ginalhac sont éleveurs dans le sud du Cantal, une région géographique qui porte le nom de Châtaigneraie. « Dans la Châtaigneraie, on fait de la châtaigne, et au pays de la Salers, on fait de la Salers », lance Bernard Ginalhac en boutade. La parcelle de châtaigniers en bio (1 ha), c’est par passion et pour « l’argent de poche ». Quant aux vaches rouges, « depuis mon installation en 1992, j’aurais eu plusieurs fois l’occasion de changer de race (NDLR : deux abattages totaux), explique l’éleveur. Si nous sommes encore en Salers, c’est que cela correspond bien à notre région. Il faut faire avec les atouts que nous avons. » Et les valoriser au mieux. Hormis les mâles croisés Charolais, presque tous les animaux sont engraissés pour la boucherie au mieux de leur potentiel. Et, leur commercialisation est contractualisée. L’engraissement est une longue histoire sur cette exploitation.

Des prairies temporaires diversifiées

Le Gaec exploite 70 hectares de SAU et élève 70 Salers. Ce qui génère un chargement de 1,6 UGB/ha, conforme à ce qui se pratique dans cette zone où les surfaces fourragères sont cultivées et assez productives (47 ha de prairies temporaires, 4 ha de maïs ensilage et 2 ha de céréales). « Ce sont de bonnes terres mais peu profondes », indique Bernard Ginalhac. Des terres groupées, avec 50 ha d’un seul tenant autour du siège d’exploitation. Pour limiter les risques et optimiser la qualité des fourrages, l’éleveur a diversifié les types de prairies temporaires. Sur les parcelles les plus favorables (12 ha), il pratique une rotation avec deux années de maïs suivis d’une année de céréales puis trois ans de prairies à base dactyle, ray-grass anglais et trèfle blanc ou de ray-grass hybride - trèfle violet, destinées à l’ensilage. Il implante aussi, hors rotation, des mélanges complexes riches en légumineuses ou à base de luzerne. Des prairies renouvelées par un travail simplifié du sol quand le besoin s’en fait sentir. Dans le même esprit, la céréale est un mélange blé/triticale. « Il y en a toujours une qui réussit mieux que l’autre », dit-il. Ce qui lui permet de viser un rendement de 60 quintaux, même s’il n’est pas toujours au rendez-vous. Cela couvre une partie de ses besoins en céréale et paille.

Insémination et vêlage à deux ans et demi

Plus des deux tiers des vaches mettent bas en septembre et en octobre. Les autres vêlages s’étalent sur l’hiver. « Je mets 80 femelles (vaches et génisses) à la reproduction pour avoir 65 couples à la mise à l’herbe. Cela correspond bien à mes pâtures », précise Bernard Ginalhac. Pour parvenir à ce nombre, quelques veaux sont vendus à un mois et leur mère réformée aussitôt. L’essentiel de la reproduction est assurée par insémination. « Je fais 30 IA avec du Charolais sur les moins bonnes vaches et celles que je veux réformer et 15 à 20 IA en pur sur les meilleures », détaille-t-il. Un seul taureau est présent pour les primipares et assurer la fin de campagne. À partir de fin janvier, il n’y a plus d’IA.

S’il a beaucoup travaillé sur le format, l’éleveur recherche aujourd’hui plutôt la production laitière des vaches — il ne met pas de nourrisseur au pré —, leur caractère et bien sûr les qualités bouchères (« des kilos et de la viande là où il faut »). Depuis deux ans, il a entrepris de faire vêler les génisses à deux ans et demi. Nées à l’automne, elles mettent bas en mars. Ce qui colle bien avec son souhait de mieux regrouper les vêlages d’hiver sur le mois de mars. Mais, sans changer la proportion de vêlages entre automne et fin d’hiver car la stabulation principale, où sont logées les vaches qui vêlent à l’automne, a une capacité de 50 places. Celles qui mettent bas en mars démarrent l’hiver à l’extérieur.

Des animaux de boucherie pour des filières qualité

Toutes les génisses de race pure (20 à 25/an) sont élevées et mises à la reproduction. Le tri est effectué après le premier vêlage. Les veaux nés en début d’automne sont sevrés en juillet. Les femelles croisées sont orientées selon leur potentiel : les meilleures (5/an) pour faire des génisses grasses de 30 mois (440 kg), les plus standards en babynettes de 18 - 20 mois (340 kg) à destination de la filière Casino via le groupement Altitude. Quant aux mâles de race pure, ils sont engraissés pour la filière Salers primeurs (SVA Jean Rozé) et abattus entre 12 et 17 mois (340 kg). Les carcasses doivent peser moins de 370 kg. Les mâles croisés sont repoussés (450 kg). Les vaches de réformes sont également engraissées soit en label soit en démarche qualité Altitude. L’engraissement est conduit de la même manière pour presque tous les animaux (sauf les vaches en label). L’ensilage de maïs, distribué à volonté, constitue la base de l’alimentation. Un repas de foin est distribué le matin avant le passage de la désileuse. La complémentation est assurée par de la céréale (de 800 grammes jusqu’à 2 kg) et 1,2 kg de correcteur azoté (43 % de MAT). Les vaches commercialisées en label sont engraissées avec du foin et de l’enrubannage.

 

 

« Il manque 50 centimes par kilo de viande »

En hiver, les vaches suitées sont alimentées avec de l’ensilage d’herbe en libre-service. Les 50 mères sont séparées en deux lots avec chacun son silo. Du foin est distribué dans des râteliers. Les primipares et les vaches avec de gros mâles sont dans un autre bâtiment avec accès à un silo d’herbe et de maïs (en deux couches). La complémentation est adaptée selon la valeur des fourrages, systématiquement analysés. L’hiver dernier, les vaches de la stabulation principale avaient 800 grammes de céréale et tourteau. Les génisses de première année (renouvellement et croisées) passent l’hiver à l’intérieur avec du foin et moins d’un kilo de concentré (2/3 céréale et 1/3 tourteau). En revanche, les génisses de deuxième année sont hivernées à l’extérieur avec du foin et de l’enrubannage. Celles qui vêlent en fin d’hiver rentrent en janvier pour préparer le vêlage.

Ainsi décrit, le fonctionnement de l’exploitation semble tout à fait classique. Mais, son efficacité économique est très bonne. Elle produit près de 400 kg de viande par UGB et plus de 20 tonnes par unité de main-d’œuvre avec un cheptel somme toute assez modeste. Des chiffres dans la norme des cas-type de cette région d’engraissement. Et, surtout, très économe, elle dégage 53 % d’excédent brut d’exploitation sur produit brut. « Ma politique est de travailler moins tout en maintenant le résultat économique, conclut Bernard Ginalhac. Mais, il manque 50 centimes par kilo de viande. On n’arrive pas à renouveler suffisamment le matériel (distribution), et à faire des améliorations sur le bâtiment (raclage, paillage). Heureusement, le boulot (investissements…) a été fait à des périodes plus favorables. Pour un jeune, ce serait difficile. »

 

 

Chiffres clé

70 ha de SAU dont 47 ha de prairies temporaires, 17 ha de prairies permanentes, 4 ha de maïs ensilage et 2 ha de céréale.

70 Salers

1,6 UGB/ha SFP

2 UMO

 

 

Du pâturage tournant pour mieux valoriser l’herbe et réduire l’empreinte carbone

Au printemps dernier, le Gaec Ginalhac a mis en place un pâturage tournant conduit dans les règles de l’art avec 6 à 7 paddocks par lot d’animaux, changement de parcelle tous les 4 - 5 jours et fauche des excédents. Les vaches ont été séparées en trois lots (veaux mâles, veaux femelles et vêlages de printemps). Les génisses d’un an constituaient un quatrième lot et les prêtes à vêler ont complété les troupeaux de vaches. Malgré un printemps compliqué pour la gestion de l’herbe, l’éleveur est satisfait du résultat : « les animaux ont toujours pâturé dans de la bonne herbe. Et, cela fait moins de travail une fois que tout est organisé ». Cet essai de pâturage tournant a été réalisé suite à un diagnostic Beef Carbon pour évaluer le bilan carbone de l’exploitation. Ramenées au kilo de viande vive, les émissions brutes de carbone sont plutôt faibles car l’exploitation est très productive. En revanche, le stockage de carbone n’est pas très élevé car il y a peu de prairies permanentes. Mais, au final, les émissions nettes sont dans la moyenne. Le pâturage tournant est un moyen de les réduire : il permet de mieux valoriser l’herbe et donc de faire plus de kilos avec moins de concentrés. Réduire de l’âge au premier vêlage en est un autre. Allonger d’un an la rotation ou introduire un couvert entre deux maïs permettrait aussi de les diminuer.

 

Estelle Delarue, ingénieure références, chambre d’agriculture du Cantal

« Une bonne maîtrise de l’engraissement »

« L’efficacité économique de cette exploitation est remarquable. Avec 21 tonnes de viande par UMO, la productivité est au rendez-vous. Il y a une bonne maîtrise de l’engraissement, un tri des animaux selon leur potentiel. Pour autant, les charges opérationnelles sont maîtrisées. La consommation de concentré (389 kg/UGB) n’est vraiment pas élevée pour un système d’engraissement. Il y a une bonne maîtrise de la qualité des fourrages, avec de l’ensilage de maïs, de l’ensilage d’herbe et une forte présence de légumineuses dans les prairies. Les frais vétérinaires sont régulièrement bas. Hormis l’achat d’un taureau tous les trois ans, l’exploitation fonctionne en vase clos d’un point de vue sanitaire. Le système de logement demande peu de paille. Les charges de structures sont plutôt basses également. La quasi-totalité du foncier étant en propriété, la charge foncière n’est pas très élevée. La mécanisation est, pour sa part, favorisée par un parcellaire regroupé et par l’alimentation en libre-service. La rémunération, en trésorerie, est de 1,78 Smic/UMO. »

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