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Réfléchir en groupe à son organisation du travail en élevage bovins viande

Les réunions de groupes de progrès sont une bonne opportunité pour aborder l’organisation du travail. Exemple avec des éleveurs allaitants bio du Maine-et-Loire, qui ont planché sur le sujet pendant une journée de formation avec la chambre d’agriculture.

Le port de charges (pour les distributions de concentrés au seau notamment) est revenu plusieurs fois dans la conversation au cours de la journée, et plus généralement le nombre de passages devant l’auge.
Le port de charges (pour les distributions de concentrés au seau notamment) est revenu plusieurs fois dans la conversation au cours de la journée, et plus généralement le nombre de passages devant l’auge.
© S. Bourgeois

Un œil extérieur sur ses habitudes de travail, le retour des autres éleveurs sur leurs propres pratiques, cela permet de reconsidérer son organisation dans le travail. Et aussi de donner l’impulsion nécessaire pour essayer de mettre en place de nouvelles choses.

C’est ce qu’a expérimenté un groupe d’éleveurs allaitants bio du Maine-et-Loire encadrés par la chambre d’agriculture sur une journée de formation, en novembre 2022. « Prendre le recul nécessaire, être plus serein dans son travail et se préserver du temps pour soi est essentiel. Ce n’est pas toujours évident », observe Christophe Bousseau, conseiller d’entreprise en viande bovine de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire et animateur du groupe.

En amont de la formation, chacun avait été invité à se pencher sur la "calculette temps de travail", un outil qui permet en quelques clics d’estimer le besoin en travail d’une exploitation.

Pour commencer la journée, chaque éleveur était amené à compter combien de jours de vacances il a pris dans l’année écoulée, et combien de temps sur les week-ends il a passé sans mettre les pieds sur l’exploitation sur les trente derniers jours. Identifier le temps professionnel et le temps personnel n’est pas toujours évident.

Mieux comprendre qui on est dans le travail

Un questionnaire permettait ensuite à chacun de mieux cerner sa situation personnelle vis-à-vis de l’organisation du travail. Le volume global de mon travail est-il acceptable ? Est-ce que j’ai trop souvent des imprévus ? Est-ce que j’arrive à prendre autant de temps libre que je le souhaite ? Les relations de travail avec des associés, avec un salarié, avec des voisins sont-elles saines ? Est-ce que j’ai une solution pour être aidé en cas de coup dur ? Est-ce que la gestion administrative me pèse ?

Un autre questionnaire visait à mieux comprendre qui on est dans son travail. « On distingue schématiquement trois profils - qui ont chacun autant d’avantages que d’inconvénients et ne préjugent en rien de la qualité du travail », a expliqué Fanny Busson Grégoire de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.

Les perfectionnistes s’appliquent dans leurs activités, en y consacrant beaucoup de temps. Les efficients simplifient certaines tâches mais restent exigeants sur d’autres, et réalisent un travail de qualité sans y consacrer la totalité de leur temps sur l’exploitation. Les simplificateurs ont organisé leurs tâches dans l’objectif prioritaire de ne pas perdre de temps. Le fonctionnement de chaque personne est différent. À partir de là, on dépasse largement le simple aspect d’organisation du travail. C’est la fameuse charge mentale.

Une planification du travail à la semaine

Tous les éleveurs de ce groupe planifient à la semaine leurs tâches, et adaptent au jour le jour leur emploi du temps en fonction des prévisions météo et des autres contraintes (réservation de matériel en Cuma et organisation de chantiers, responsabilités professionnelles ou commercialisation de la viande en circuit court). L’idée dans cette planification étant d’être réaliste et pas trop ambitieux pour ne pas courir toute la semaine.

L'organisation du stockage des aliments et de la circulation dans les bâtiments est une clé pour alléger le travail d'astreinte.

 

Pour le travail administratif, certains se tiennent à jour en le traitant chaque matin ou chaque soir. D’autres y consacrent une demi-journée par semaine. Recevoir les intervenants sur l’élevage uniquement sur rendez-vous, ne pas répondre à tous les appels et notifications mais les regarder deux ou trois fois dans la journée - sauf si on adore ça et on l’a choisi - évite de hacher le travail.

Quand il a été demandé de définir d’un mot le travail, les éleveurs ont répondu : rémunération, contrainte, bien-être, envie, liberté, épanouissement. Les éléments structurants identifiés sont la conception des bâtiments et du matériel, la contention pour les bovins, et l’éclatement du parcellaire.

Le port de charges (pour les distributions de concentrés au seau notamment) est revenu plusieurs fois dans la conversation au cours de la journée, et plus généralement le nombre de passages devant l’auge. Mais chacun décide ce qui est le mieux pour lui en fonction de ses affinités personnelles pour telle ou telle façon de faire, ou du temps plus long qu’il préfère passer sur une tâche plutôt que sur une autre.

Identifier les points qui pèsent dans l’organisation

La formation amenait aussi les éleveurs à identifier des points qui leur pèsent dans leur organisation : par exemple la hantise des bêtes qui sortent du pré, de rater le vêlage sur lequel il aurait fallu intervenir, ou encore de faire sa déclaration PAC ou son plan de fumure. Puis de se demander « qu’est-ce que je peux mettre en place pour ne plus y penser ? »

Enfin, chaque éleveur était amené à réfléchir à ses journées, et à rédiger en quelques phrases comment il pourrait gagner dix minutes le matin ou le soir, voire une demi-heure par jour, puis de se définir un objectif à appliquer de retour sur l’élevage. Des idées qui une fois penchées sur le papier pourront faire leur chemin.

Des situations diversifiées enrichissent les échanges

Dans le groupe, même si tous ont des vêlages groupés - sur une ou deux périodes et avec des races différentes - et un outil plutôt bien dimensionné, la situation des éleveurs est très diverse. Elle va de la première année après l’installation à la dernière année avant l’arrêt d’activité, en passant par un fonctionnement « en croisière » mais avec des projets en cours. C’est à chaque étape de la carrière que la question de l’organisation du travail se pose. De plus, certains travaillent en individuel sans forcément beaucoup de main-d’œuvre bénévole, d’autres avec un associé ou avec un salarié à temps partiel. Le rapport au travail de chacun n’est évidemment pas le même, ce qui enrichit les échanges.

Faire le point avec la calculette travail

Les chambres d’agriculture ont créé un outil en ligne capable, en quelques clics, d’estimer le nombre d’heures de travail nécessaires pour réaliser les différents travaux de l’exploitation.

« La Calculette temps de travail est un outil disponible en ligne sur le site des chambres d’agriculture et qui permet de faire une approche du temps de travail sur une exploitation. Il sert à évaluer le volume de travail, à en identifier les pics, à repérer les ateliers chronophages, à calibrer les besoins de main-d’œuvre et facilite le calcul des coûts de production », explique Bénédicte Auboin de la chambre d’agriculture de Normandie.

La calculette temps de travail est une aide pour quantifier le temps de travail prévisionnel, répartir les ressources et le travail à fournir et permet enfin de s’assurer de la viabilité et de la pérennité du projet.

Il existe deux versions, une simple accessible à tous gratuitement et une pro.

Pour la version gratuite, les exploitants doivent choisir parmi des volets déroulant différents ateliers (viande, lait, cultures) qui composent leur exploitation puis définir le mode de commercialisation, leur niveau d’équipement, le niveau de perfectionnisme au travail et s’ils sont en agriculture biologique ou en conventionnel. Sur chacun des ateliers, l’agriculteur doit ensuite indiquer le nombre d’animaux ou les surfaces dédiées.

La calculette travail compile les références travail de nombreux systèmes agricoles et les restitue sous forme d’une calculette. La saisie des informations est assez rapide (10 à 15 minutes). Une fois les données saisies, l’outil calcule le temps de travail nécessaire pour réaliser les travaux. Ce nombre d’heures par an et par semaine donne un premier niveau d’informations pour entamer une réflexion préalable sur le sujet travail.

Une version pour aller plus loin

La version pro est accessible dans le cadre d’un échange avec un conseiller spécialisé organisation du travail. Les premières saisies sont complétées par des données relatives à la main-d’œuvre de l’exploitation, aux pratiques culturales et aux itinéraires. La calculette apporte alors des renseignements très précis sur le volume de travail par travailleur, par atelier, par tâche, par mois. « Il est alors plus facile d’identifier les problématiques de l’exploitation et de trouver des solutions. Les discussions avec le conseiller permettent aussi d’amorcer des pistes pour retrouver de la sérénité : délégation (prestation, Cuma, ETA…), embauche (embauche directe, partagée…), équipements (robotisation, aménagements) ou simplification du système. L’agriculteur, grâce à cet outil, peut mieux optimiser son organisation mais aussi prévenir un changement ou une nouvelle orientation. Il permet également aux futurs agriculteurs d’anticiper leur projet d’installation. »

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