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« L’herbe est pâturée le plus longtemps possible »

Avec 57 vêlages par an et la finition en bœufs de 30 mois de tous ses mâles, Jean-Pierre Bousseau mise d’abord sur le pâturage pour nourrir ses animaux le plus longtemps possible en réduisant par la même occasion ses frais de mécanisation.

Dégager l’an dernier un EBE de 66 644 euros sur le seul atelier bovin avec 57 vaches charolaises conduites sur 129 hectares en système naisseur engraisseur sur une exploitation où la plupart des emprunts arrivent progressivement à échéance : voilà de quoi rendre perplexe bien des éleveurs. Et pourtant les résultats sont là ! Ces très bons chiffres obtenus en bio sont le résultat d’une conduite de cheptel pointue associant bonnes performances de reproduction, taux de renouvellement élevé et très cadré, excellente gestion des surfaces en herbe et valorisation correcte des animaux finis.

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Le tout est associé à des frais de mécanisation efficacement contenus grâce à des animaux qui pâturent le plus longtemps possible. « J’ai toujours fait du pâturage tournant mais la conduite s’est affinée au fil du temps. Cette bonne gestion de l’herbe sur pied est passionnante. La plupart des lots restent au maximum trois à quatre jours sur une parcelle avant de passer à la suivante », explique Jean-Pierre Bousseau, éleveur à Boussay au Sud de la Loire-Atlantique.

Sols superficiels et séchants

L’exploitation n’est pourtant pas vraiment favorisée sur le plan agronomique. Les sols sont superficiels. Les rochers affleurent dans de nombreuses parcelles et le fait que cet élevage s’appelle EARL du Sablon est une première indication sur la nature des terres. Mais l’atout de ces sols filtrants, donc séchants en été est aussi d’être suffisamment portants en hiver pour permettre d’allonger le plus possible la saison de pâturage dans un département où les hivers doux n’interrompent jamais vraiment la pousse de l’herbe. « Mon objectif est d’abord de faire des kilos avec de l’herbe pâturée. C’est ce qui coûte le moins cher ! », résume Jean-Pierre Bousseau en soulignant que passer des heures sur un tracteur n’est pas vraiment son « truc ». Et ce dernier de rappeler que dans les années qui ont suivi son installation en 1990, il a travaillé en système conventionnel. Il conduisait alors ses 45 mères charolaises en système naisseur engraisseur avec une production de taurillons lourds, complétée par un atelier porcin de 100 truies là aussi en naisseur engraisseur.

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« J’ai subi plusieurs années sèches avec des maïs qui ne dépassaient guère 6 tonnes de MS/ha, puis la hausse du prix de l’aliment porcin en 2012. » C’est à partir de là que l’exploitation a évolué du tout au tout ; Jean-Pierre Bousseau étant accompagné par Kévin Gérard-Dubord, conseiller Seenovia. Le cheptel bovin a dans un premier temps été « désintensifié » avec arrêt du maïs et passage à une production de broutards. Puis l’atelier porcin a été arrêté. « J’ai conservé une seule truie ! Elle est en plein air comme ses porcelets et, ces derniers une fois finis, sont commercialisés en direct à raison d’une vingtaine par an. » La conversion bio a rapidement suivi en 2014. « Cela n’induisait pas un changement radical de mes pratiques. »

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Son système de production est désormais bien rodé. Le cheptel se caractérise par une période de reproduction très cadrée. « Les vêlages ont lieu de début août à fin septembre. » La période de mise à la reproduction a donc lieu du 1er novembre au 1er janvier et associe IA et monte naturelle. Vaches et génisses sont échographiées en février et toutes les vides sont mises à l’engraissement. C’est aussi pour cela qu’il faut un fort taux de renouvellement, lequel avoisine 40 %. Sur 75 femelles mises à la reproduction pendant neuf semaines, environ un tiers est vide. Mais ce n’est pas un problème. Elles feront de la viande !

Toutes les génisses vêlent à 2 ans

« Cette conduite favorise la sélection de lignées précoces et fertiles », souligne Jean-Pierre Bousseau. L’IVV est de 345 jours entre le premier et le second vêlage et de 365 jours sur l’ensemble du troupeau. Qui plus est, toutes les génisses vêlent à 2 ans depuis de nombreuses années. « Même en bio, cela fonctionne très bien. » Après le sevrage, elles ressortent dès qu’il y a de l’herbe. En hiver elles ont de l’ensilage d’herbe à volonté complété par 2 kg de céréales et pesaient en moyenne 458 kg à 14 mois l’an dernier dans une fourchette de 420 à 480 kg. Elles sont inséminées en même temps que les vaches avec ensuite rattrapage avec un taureau. La ration hivernale de la plupart des lots repose d’abord sur un ensilage d’herbe distribué à volonté. Les primipares sont dans une même case et bénéficient en plus de 2 kg de méteil par tête.

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Les femelles vides sont finies avec une ration associant pâturage tournant complété par 4 kg de céréales/tête/jour associé à de l’enrubannage dès que l’herbe baisse en qualité. Les premières partent en juin avec des départs qui s’échelonnent ensuite en cours d’été. Les 14 vaches et 5 génisses vendues l’an dernier à Unébio ont été respectivement payées une moyenne de 4,49 et 4,97 €/kg c pour des poids carcasses moyen de 447 kg pour les vaches et 430 kg pour les génisses.

Castration à l’élastique

Tous les mâles sont castrés à l’élastique dans les 15 jours à trois semaines qui suivent la naissance. Ils sont sevrés en juin quand l’herbe commence à sécher. « Dans nos zones où il n’y a pas d’herbe en été, je ne vois pas comment faire autrement. » La bonne gestion de l’herbe à l’automne puis au printemps permet aux vaches de bien exprimer leur potentiel laitier avec des veaux sevrés à une moyenne de 400 kg pour les mâles et 379 kg pour les laitonnes. À partir de l’automne, les bouvillons de 15 mois sont scindés en deux lots d’une douzaine de têtes. Ils passent l’hiver dehors en valorisant des dérobées (colza fourrager semé derrière des céréales) puis en passant sur toutes les prairies. Les bouvillons valorisent successivement toutes les repousses d’automne puis dépointent toutes prairies en fin d’hiver. Au printemps ils n’ont donc pas de transition alimentaire et leurs croissances sont régulières. « Le bœuf est l’animal idéal pour faire des kilos avec de l’herbe pâturée. Si ce pâturage est bien géré en tournant rapidement pour faire en sorte qu’ils aient le plus longtemps possible à disposition une herbe de qualité, c’est une bonne façon de contenir les coûts de production. »

La mise à l’engraissement démarre en fin d’été quand ils ont autour de 25 mois. Leur ration se compose d’ensilage d’herbe distribué à volonté complété par 5 kg/tête/jour de méteil puis de maïs grain aplati acheté à l’extérieur. Les premiers partent en décembre et les derniers en fin d’hiver. Ils pèsent de 450 à 460 kg carcasse et sont pour la plupart classés R + 3 entre 28 et 32 mois. Commercialisés comme les femelles auprès d’Unébio, ils ont été réglés une moyenne de 5 euros du kilo carcasse sur le dernier exercice. En revanche leur poids doit être surveillé avec attention. Pour avoir des carcasses en phase avec les attentes de ses clients, Unébio a une grille de prix cohérente. Les animaux franchissant le cap des 510 kg de carcasse sont payés 25 centimes de moins du kilo. Cela incite à être attentif !

Stock de 160 tMS pour 115 à 120 UGB

Le pic annuel de travail a lieu en fin d’été au moment des vêlages. « C’est d’abord de la surveillance, mais il faut être là. » Les stocks fourragers reposent d’abord sur l’ensilage récolté sur 35 à 45 hectares de prairie. Il faut un total de 160 tMS pour une moyenne de 115 à 120 UGB. La quantité de céréales produites (5 ha d’orge et 7 ha de méteil) est insuffisante mais impossible d’en cultiver davantage (parcelles pentues ou constellées de rochers). « J’achète en complément selon les années une quinzaine de tonnes. Je ne suis pas non plus autonome pour la paille de litière. Je n’en produis que 20 à 25 tonnes alors que mes besoins sont de 55 tonnes par an. »

Chiffres clés

129 ha de SAU dont 117 d’herbe et 12 de culture (méteil grain et orge)

116 UGB dont 57 vaches allaitantes complétées par quelques porcs, un peu de volaille et 2 à 3 vaches en vente directe

1,15 UMO dont 0,15 salariée

44 326 kg de viande vive/UMO pour un produit brut bovin de 181 518 euros et un EBE de 66 664 euros

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