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Le marché des broutards continue de s’équilibrer en faveur de l’offre

Sur l’année 2022, l’offre limitée a réduit les exportations de 7 % soit 84 000 têtes, alors que les besoins des pays acheteurs de broutards étaient stables.

Le commerce des broutards continue de s’équilibrer en faveur de l’offre, la demande étant supérieure par rapport aux volumes disponibles.
Le commerce des broutards continue de s’équilibrer en faveur de l’offre, la demande étant supérieure par rapport aux volumes disponibles.
© S.Bourgeois

« Avec 1 063 000 broutards exportés, l’année 2022 s’est terminée sur un volume en baisse de 7 % », annoncent Ilona Blanquet et Maximin Bonnet, au département Économie de l’Institut de l’élevage. La réduction du nombre de vaches allaitantes — 3,1 % au 1er février 2023 par rapport à février 2022 — continue de creuser l’offre en broutards français. L’engraissement au sein de l’Hexagone s’est montré tonique. Les mises en place se sont maintenues au même niveau que l’an dernier, alors que les disponibilités pour l’export se sont contractées.

Ceci a pu affecter un peu différemment les catégories de broutards. « Les limousins restent moins sur le marché français chez les engraisseurs spécialisés que les charolais. Pour les aubracs, l’export est même le seul débouché », indique Benoit Albinet, président du directoire de Deltagro Export.

Mais toute l’année, la demande en broutards a été ferme car les volumes n’étaient pas suffisants. Les cours sont restés stables et très élevés depuis le printemps 2022. Il n’a pas été observé de baisse saisonnière en automne, ce qui représente une rupture par rapport à l’historique sur le prix des broutards.

La demande italienne a bien résisté

« Les disponibilités pour l’export ont baissé plus que les besoins des marchés européens et des pays tiers », observe Ilona Blanquet. En effet, la demande italienne en broutards a bien résisté à l’inflation. Elle n’a baissé que de 5 % par rapport à 2021, avec 858 000 broutards importés en 2022 (et un ratio stable de 34 % de femelles). L’activité touristique et la restauration hors domicile ont soutenu la demande jusqu’à présent. La consommation globale par bilan a progressé de 1 % en 2022. L’inflation sur la viande bovine est plus faible que celle sur les autres produits carnés et en Italie, la viande bovine reste une valeur sûre pour les consommateurs. Les engraisseurs italiens témoignent cependant d’une certaine inquiétude pour les récoltes de fourrage à venir dans la plaine du Pô, dans une problématique de sécheresse (remontées d’eau salée dans des circuits d’irrigation).

« Une certaine partie de l’activité d’engraissement est pilotée par les abattoirs, en direct ou bien sous-traitée à des engraisseurs, note aussi Benoit Albinet. Ce mouvement a commencé il y a quinze ans et confère maintenant une certaine résilience économique à la filière italienne. »

Le débouché espagnol s’est contracté

Le marché espagnol a évolué assez fortement sur l’année 2022. Avec 86 000 broutards de 160 à 300 kg vifs exportés, ce débouché s’est réduit de 28 % par rapport à 2021. La Loi de santé animale (LSA), entrée en vigueur depuis septembre 2021, interdit l’importation d’animaux de plus de 70 jours non vaccinés contre la FCO en Espagne. Or le schéma vaccinal ne permet pas d’obtenir un broutard valablement vacciné à l’âge où partent les animaux (cinq mois), ce qui explique en partie cette évolution. « L’Espagne s’est aussi tournée contrainte et forcée vers des broutards espagnols qui sont moins chers et moins rares que les français », explique Maximin Bonnet.

L’année 2022 a été marquée par une progression très importante des débouchés pour les broutards sur l’Algérie. En 2022, 69 000 têtes y ont été expédiées contre 41 000 têtes en 2021. La Tunisie, bien qu’elle constitue un marché bien moindre, s’est aussi montrée active dans ses achats. Avec le retour de l’activité touristique, le pays a importé 7 000 têtes en 2022 contre 3 000 têtes en 2021.

La France n’a par contre pas exporté de broutards vers Israël en 2022. La demande de ce pays est très ferme mais tournée vers le Portugal pour différentes raisons de prix et de caractéristiques des broutards.

La consommation en Italie a progressé de 1 % en 2022

Moins de broutards vaccinés contre la FCO sur le marché

« Le fait marquant sur la campagne écoulée, c’est l’accroissement des effectifs de broutards sortis des élevages non vaccinés contre la FCO », observe Yves Jehanno, responsable commercial export chez Feder/Eurofeder. Cette tendance est plus fréquemment constatée dans les élevages du Grand Ouest que dans les bassins de race du centre de la France.

Or, plus nombreux sont les broutards vaccinés contre la FCO avec les deux injections et les 60 jours d’attente, plus les opérateurs peuvent se positionner sur les différents marchés à l’export. Même si l’Italie ne demande plus qu’un des deux sérotypes, la vaccination contre les deux sérotypes 4 et 8 ouvre bien plus d’opportunités.

La vaccination contre la FCO permet de maintenir la valeur des animaux et rend possible la diversification des marchés. « L’intérêt de la vaccination ne se mesure pas à l’échelle personnelle, mais collective. Quand des marchés export soutiennent les cours, cela bénéficie à tous les éleveurs », rappelle Yves Jehanno. Le responsable commercial regrette également le manque de réactivité de l’administration qui ne permet pas d’être en position de saisir certaines opportunités de marché, comme nos concurrents le font.

 

L’Algérie a joué un rôle important dans le soutien des cours

Le marché des broutards continue de s’équilibrer en faveur de l’offre

Les opérateurs algériens ont effectué d’importants achats de broutards sur la fin de l’année 2022, ce qui a largement contribué à ce que les cours ne mollissent pas.

L’Algérie est revenue aux achats de broutards en 2022, et l’année s’est terminée avec un volume record de 69 000 animaux expédiés. Mais l’activité est à l’arrêt en ce début d’année, car depuis janvier 2023, le pays ne délivre plus de nouvelles licences d’importation de bovins maigres. « Cette situation pénalise les engraisseurs algériens, qui se professionnalisent de plus en plus », observe Yves Jehanno, responsable commercial export chez Feder/Eurofeder.

« On ne peut pas faire de prévisions pour le marché algérien, mais quand il fonctionne, il demande les animaux que nous produisons, les mêmes que pour l’Italie, et en volumes importants », commente aussi Benoit Albinet, président du directoire de Deltagro Export.

Les importateurs algériens se tournent pour l’instant vers l’achat de jeunes bovins prêts à abattre, pendant la période festive du ramadan. En France, les disponibilités sont très réduites pour ce type d’animaux. Il faut désormais qu’ils soient issus d’ateliers d’engraissement en carte verte depuis l’affaire du bateau refusé en septembre.

L’Algérie ayant rompu ses échanges avec l’Espagne pour des raisons diplomatiques depuis le printemps 2022, des bovins finis ont été achetés au Brésil. « C’est une première historique. Jusque-là, l’Algérie n’avait acheté au Brésil que de la viande réfrigérée désossée », explique Ilona Blanquet de l’Institut de l’élevage.

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