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« L’abattoir mobile, c’est un besoin impérieux »

Éleveuse d’ovins laitiers avec transformation et vente directe, Émilie Dequiedt préside l’association porteuse d’un projet d’abattoir mobile dans l’Hérault. Coresponsable des projets de ce type au sein de la Confédération paysanne, elle explique pourquoi beaucoup d’éleveurs continuent de se battre pour cette voie alternative, malgré les freins réglementaires.

Émilie Dequiedt, éleveuse d’ovins laitiers avec transformation et vente directe, présidente de l’association porteuse d’un projet d’abattoir mobile dans ...
Émilie Dequiedt, éleveuse d’ovins laitiers avec transformation et vente directe, présidente de l’association porteuse d’un projet d’abattoir mobile dans l’Hérault, coresponsable projets abattoirs alternatifs au sein de la Confédération paysanne.
© C. Godron

Combien existe-t-il aujourd’hui de projets d’abattoirs mobiles en France ?

Émilie Dequiedt - Nous avons identifié à ce jour une vingtaine de projets sur le territoire français, souvent multiespèces (bovins, ovins, caprins, porcins). Il n’existe pas un modèle unique, car tous ces projets sont adaptés à leur contexte local : ils diffèrent par le nombre d’éleveurs engagés, par la présence ou non d’un abattoir local auquel ils peuvent être reliés, par leurs circuits de distribution.

Le modèle le plus courant est le caisson mobile relié à l’abattoir local, qui se déplace dans les fermes. Quelques projets se montent avec des caissons mobiles qui vont sur des placettes de regroupement des animaux. Il existe enfin le modèle du camion abattoir, qui était celui du Bœuf éthique. Ce modèle est complexe, car il regroupe tous les métiers et engendre des coûts de fonctionnement importants. Sur la structure porteuse de projet, là encore, pas de modèle unique : Cuma, associations et SA.

Ce sont souvent des adhérents de la Confédération paysanne qui initient ce type d’outil, parce que nous avons une forte expérience de la vente directe et du maintien de la valeur ajoutée sur les territoires. Mais nos projets sont ouverts à tous les éleveurs.

À quels besoins des éleveurs ces outils d’abattages alternatifs répondent-ils ?

E. D. - Nous sommes nombreux à penser que la phase de l’abattage fait partie de notre métier. Nos animaux ne sont pas anonymes, nous prenons soin de leur bien-être, nous en sommes responsables jusqu’au bout, mais pour l’heure, l’abattoir est une porte fermée. Nous n’avons pas de réponses à nos questions autour de la mort de l’animal.

Les abattoirs mobiles s’inscrivent dans une logique de maillage de territoire, de création d’emploi local, de retour de la valeur ajoutée sur le territoire et dans les fermes, de maintien de l’élevage. Avoir un outil en commun peut aussi aider à trouver des solutions locales de circuits courts.

Pourquoi ces abattoirs alternatifs sont-ils si longs à voir le jour ? Ne risque-t-on pas d’avoir un essoufflement des porteurs de projets ?

E. D. - Nous souhaitons des outils durables : on ne réfléchit pas sur du court terme. Il faut bien analyser, bien évaluer le modèle. Lorsqu’un projet est sous forme associative, ce qui est le cas du projet que nous portons dans l’Hérault depuis 2017, nous fonctionnons avec de nombreux acteurs : en plus des éleveurs, nous avons un abattoir public, le département, la métropole, un parc naturel, l’UMR innovation de l’Inrae… Cela reste un outil d’éleveurs mais nous voulons le « faire ensemble » : il peut bénéficier à tout le monde.

Bien d’autres facteurs peuvent retarder les projets : des évolutions réglementaires en cours de construction par exemple. Il peut y avoir aussi des aléas en cours de montage, par exemple, un abattoir partenaire qui se retire. Certains projets rencontrent des freins financiers, surtout lorsque ce sont des paysans seuls qui financent l’outil. Il ne faut pas le cacher non plus, il y a aussi des freins politiques, de certaines collectivités, chambres d’agriculture ou coopératives…

La liquidation judiciaire du Bœuf éthique a été la conséquence de plusieurs aléas, ajoutés à l’inflation. Mais nous savons que ce type d’outils existe ailleurs, dans le nord de l’Europe, mais aussi en Suisse, en Allemagne, en Espagne… On ne lâchera pas ! Je me sens responsable de mes animaux, j’y pense chaque jour et pour moi, l’abattage à la ferme, c’est un besoin impérieux.

« Les abattoirs mobiles s’inscrivent dans une logique de maillage, de création d’emploi local et de retour de la valeur ajoutée sur le territoire. »

 

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