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La viande bovine bio ignore la crise

L’agriculture biologique continue d’avoir le vent en poupe. Elle semble même surfer sur la vague à la faveur des critiques sur les systèmes conventionnels. La production de viande bovine bio semble calquer sur ces évolutions. Le confinement des Français n’a en rien infléchi la demande.

rayon viande bovine bio grande distribution Leclerc
© F.Alteroche

Si on analyse les principaux indicateurs relatifs à l’agriculture biologique, les voyants semblent au vert. Toujours plus de surfaces concernées par ce mode de production. Toujours plus d’exploitations converties ou en cours de conversion et surtout, une demande en produits bio qui, globalement, continue d’afficher une belle dynamique. « La relative défiance vis-à-vis du modèle conventionnel qui s’est développée ces dernières années, la modification des habitudes alimentaires, la notoriété croissante du label biologique auprès des consommateurs et l’augmentation de l’offre (élargissement des gammes) comme de celle du nombre de lieux de vente sont autant de facteurs favorisant le recrutement de consommateurs. En 2018, plus de 9 Français sur 10 ont ainsi déclaré avoir consommé des produits biologiques et près des trois quarts consomment bio au moins une fois par mois. Ils sont un peu plus de 10 % à déclarer consommer au moins un produit bio chaque jour », explique l’Institut de l’élevage dans un récent rapport consacré à la production laitière bio.

Tous produits alimentaires confondus, le marché des produits bio ne cesse de progresser. En 1999, le chiffre d’affaires des produits alimentaires bio atteignait tout juste le milliard d’euros. Selon des données communiquées par l’Agence Bio, ce montant a approché les 9,7 milliards d’euros en 2018, soit pratiquement 5 % des achats alimentaires des ménages français et il devrait avoisiner les 11 milliards l’an dernier (NDLR : les chiffres 2019 n’étaient pas dévoilés à l’heure du bouclage de ce numéro). Même s’il est toujours plus facile de progresser quand on part de pas grand-chose, cette évolution est exceptionnelle. Le chiffre d’affaires lié à la vente des produits alimentaires bio a été multiplié par 2 entre 2013 et 2018.

Les distributeurs surfent sur la vague

L’engouement d’une partie des Français pour ces produits incite forcément les distributeurs à surfer sur la vague pour conforter leur part dans le partage du gâteau. En 2018, les principales enseignes de la grande distribution ont totalisé pratiquement la moitié des achats des ménages. La forte et rapide progression de leurs parts de marché (+22,6 %) entre 2017 et 2018 aura été le fait marquant de ces dernières années. Elles ont capté 49 % des 9,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur les produits bio achetés dans l’hexagone toutes catégories confondues. En face, les quelque 1 500 points de vente des enseignes spécialisées historiques (La Vie Claire, Naturalia, Biomonde, L’eau vive, Biocoop…) ont vendu pour 3,29 milliards d’euros, soit le tiers du total. La progression de leurs parts de marché (+7,7 %) a été bien moindre que celles de la grande distribution au cours du même intervalle de temps. La part restante correspond à la vente directe, aux petits commerçants indépendants et aux sites spécialisés de vente en ligne. Plus récemment, la restauration hors domicile, commerciale comme collective, a également intégré cet élan pour la bio (voir graphique). Ces données statistiques sont toutefois déjà relativement « anciennes ». Celles pour l’année en cours seront particulièrement intéressantes à analyser dans la mesure où les semaines de confinement semblent avoir fait évoluer les comportements d’achat pour bien des produits alimentaires. Mais la crise économique majeure annoncée pour cet automne pourrait également faire bouger les lignes.

7,5 % de la SAU nationale en 2020

L’engouement pour les aliments bio a été essentiel pour permettre le développement de la production. « En 2018, toutes productions confondues, le nombre d’exploitations certifiées (sur au moins un de leurs ateliers) a dépassé la barre des 40 000 pour la première fois (x2 par rapport à 2010). Les surfaces effectivement certifiées ont quant à elles dépassé 1,5 million d’hectares (x2,6/2010), auxquelles s’ajoutent plus de 500 000 hectares en conversion. La barre des 2 millions d’hectares (7,5 % de la SAU nationale) devrait donc être franchie courant 2020 », souligne le rapport de l’Institut de l’élevage. Ces surfaces converties au bio ne sont pas uniformément réparties sur l’ensemble du territoire français. « Deux régions se démarquent nettement avec chacune plus de 15 % de leur surface agricole utile cultivée en bio : Paca et l’Occitanie. À elles deux, elles regroupent 37 % des surfaces agricoles bio françaises alors qu’elles ne comptent que pour 26 % de la SAU nationale. En revanche, la barre des 5 % n’est pas franchie sur une diagonale allant de la Nouvelle Aquitaine aux Hauts-de-France. »

 

 

Dans les grands bassins céréaliers, la part de céréales cultivées en bio est modeste alors que ce mode de production a su convaincre une plus forte proportion de polyculteurs-éleveurs de ruminants installés dans des zones à dominante herbagère. « Cette surreprésentation des cultures fourragères et surfaces toujours en herbe témoigne d’une bonne représentation des activités d’élevage dans les systèmes agrobiologiques. Les surfaces en herbe sont en effet peu consommatrices de produits phytosanitaires et s’adaptent assez aisément à la culture biologique. Par ailleurs, les systèmes de grandes cultures biologiques sans activité d’élevage recourent également à l’implantation de cultures fourragères (luzerne, sainfoin…) dans leurs rotations afin de tirer profit des avantages agronomiques offerts par celles-ci (allongement et complexification de la rotation, autonomie azotée, lutte contre les adventices…). »

En élevage bovin allaitant, les données statistiques de l’Agence Bio font état en 2018 d’une progression du nombre d’élevage agréés bio ou en cours de conversion. Ils totalisent désormais 8 % des élevages allaitants français et près de 5 % du nombre de vaches reproductrices.

Le bio bénéficie de l’engouement pour les viandes hachées

À l’image de ce qui se passe pour la viande bovine produite en conventionnel, une grosse partie des tonnages de viande bio sont écoulés sous forme de viande hachée, surtout lorsque cela concerne les circuits de la grande distribution. « Les volumes de steak haché frais issu de l’agriculture biologique progressent de +16,6 % en 2018 et de 16,7 % en valeur par rapport à 2017. En volumes, cela représente 5 061 tonnes en 2018 pour 4 340 tonnes en 2017 », rapportait en juillet 2019 l’observatoire des viandes bio d’Interbev. Aucune donnée statistique détaillée sur les évolutions constatées ces dernières semaines pour les seules viandes bio n’était encore disponible à l’heure du bouclage de ce numéro. Il y a tout lieu de penser que les ventes de viande hachée bio ont été stimulées par le confinement des Français. Malheureusement, les données statistiques des différents panels qui ont analysé la dynamique des ventes de produits carnés hachés ont globalisé les données sans faire pour l’instant de distinguo entre le haché élaboré à partir de muscles provenant de carcasses bio et ceux provenant de carcasses conventionnelles.

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