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Italie : la famille Paschi engraisse des broutards charolais dans le Piémont

En Italie, dans le Piémont, la famille Paschi engraisse 3 000 jeunes bovins charolais par an. Le maïs irrigué récolté deux fois dans l’année constitue la base de la ration. Une unité de méthanisation valorise une partie du fumier et une partie de l’ensilage de maïs et des céréales.

L’atelier dispose de 1 600 places de jeunes bovins. Les bâtiments qui sont fermés sur les quatre faces datent de 1986, et ils ont été rénovés en 2021.
L’atelier dispose de 1 600 places de jeunes bovins. Les bâtiments qui sont fermés sur les quatre faces datent de 1986, et ils ont été rénovés en 2021.
© Caveb

Installé à Beinette dans le Piémont, l’élevage de la famille Paschi est un grand atelier d’engraissement pour la région. Alors que l’atelier moyen piémontais compte 200 places et 50 hectares de SAU, celui-ci est d’une dimension économique bien plus importante. Cet élevage emploie trois unités de main-d’œuvre familiales et cinq salariées, et engraisse chaque année 3 000 jeunes bovins à partir d’une SAU de 305 hectares. Il se distingue aussi par la race des broutards achetés. Le choix des éleveurs se porte sur des broutards charolais, alors que dans la région, beaucoup achètent des blonds d’Aquitaine, et aussi couramment des limousins.

L'élevage de la famille Paschi emploie trois unités de main-d’œuvre familiales et cinq salariées.

 

Ici les broutards charolais arrivent à un poids moyen de 450 kg. Ils sont engraissés pendant 180 jours, et vendus à 750 kg vif (âgés de 20 mois). Les résultats techniques sont au rendez-vous avec une croissance moyenne de 1 600 g/jour de moyenne et un taux de mortalité des jeunes bovins très faible, de 0,2 %.

Des bâtiments fermés avec ventilateurs horizontaux

L’atelier dispose de 1 600 places de jeunes bovins. Les bâtiments qui sont fermés sur les quatre faces datent de 1986, et ils ont été rénovés en 2021. Le béton compose les murs et la charpente. Le toit est isolé et la hauteur sous plafond est importante. Pour réduire l’impact des fortes chaleurs, les bâtiments disposent de larges ventilateurs à pâles horizontales. Cette ventilation permet de limiter la présence de mouches, et également d’assécher plus facilement la litière. Le curage est effectué tous les quinze jours, ce qui permet aussi de limiter la montée en température de la litière. Les animaux sont logés par case de quinze à vingt animaux, et l’ensemble des bâtiments sont équipés d’une contention qui facilite la circulation des animaux. Une infirmerie pouvant loger plus de 30 jeunes bovins est aussi aménagée.

À leur arrivée, les broutards sont logés dans une zone de quarantaine, où ils sont vaccinés contre le virus RS, la BVD, les pasteurelles et l’IBR. Les vétérinaires qui travaillent pour cet élevage regrettent toutefois que la vaccination contre la FCO soit réalisée trop près du départ des fermes françaises. Cette vaccination provoque une baisse de l’immunité des animaux au moment même de leur transfert. Ils arrivent donc en Italie affaiblis alors qu’ils vont subir d’autres vaccinations. Les vétérinaires encouragent les éleveurs français à réaliser cette vaccination le plus tôt possible.

 

Les broutards reçoivent une ration de démarrage pendant 40 jours, puis passent en ration d’engraissement. Celle-ci est une ration complète mélangée à base d’ensilage de maïs, dont le coût moyen revient, à l’automne 2022, entre 2,80 et 3 euros par jour. Avec un prix de vente moyen des jeunes bovins qui s’établit à 6 euros/kgC. Les éleveurs du Piémont cherchent à produire des animaux finis sans trop de gras. Cela correspond aux attentes de l’aval pour le mode de consommation sous forme de viande crue des Italiens, en tartare et carpaccio.

110 tonnes de matières par jour pour la méthanisation

Le climat et la capacité d’irrigation de la région du Piémont permettent de réaliser deux récoltes de maïs dans l’année avec de très bons niveaux de rendement. Une partie est récoltée en ensilage de maïs épi. Les éleveurs ont investi dans une unité de méthanisation - pour un coût de 8 millions d’euros - qui est alimentée par 110 tonnes de matières par jour : du fumier, du maïs et du triticale. Elle produit 1 000 kW par heure.

Les méthaniseurs sont alimentés par le fumier des jeunes bovins, du triticale et de l'ensilage de maïs.

 

L'irrigation du maïs permet de faire deux récoltes par an avec pour chacune environ 20 tMS/Ha de rendement.

 

À l’échelle de cet élevage, l’alimentation des bovins valorise 5 440 tonnes brutes de maïs ensilage, 2 964 tonnes brutes d’ensilage de maïs épi, et 108 tonnes de luzerne. L’unité de méthanisation reçoit 810 tonnes de triticale et 5 888 tonnes brutes de la deuxième récolte d’ensilage de maïs.

À noter

Les coopératives du Poitou Charentes Caveb, Terrena et Corali ont participé au voyage d’étude en Italie organisé par la filière viande Nouvelle-Aquitaine en septembre 2022. Cela pour comparer les pratiques avec celles des engraisseurs français et mieux comprendre les systèmes d’engraissement italiens.

 

 

Des éleveurs italiens investissent dans l’amont et dans l’aval

Pour conforter leurs exploitations, les engraisseurs italiens de jeunes bovins ont fréquemment investi dans la méthanisation. Ils s’engagent aussi parfois dans des fabriques d’aliments et/ou dans des abattoirs.

La qualité des broutards français demeure une valeur sûre pour les éleveurs italiens. Dans le Piémont, ils choisissent des animaux de race blonde d’Aquitaine, limousine, et aussi charolaise, qui sont engraissés en ration sèche ou en ration humide. L’importation de broutards venant des pays de l’Est n’est plus d’actualité, les éleveurs de ces pays ayant trouvé de nouveaux débouchés.

Des équilibres chahutés par la montée des cours

Comme en France, le renouvellement générationnel est difficile. Des ateliers d’engraissement disparaissent aussi à cause de l’augmentation des coûts de production. Selon un opérateur italien, le prix du broutard a augmenté trop rapidement par rapport au prix de la viande.

Pour trouver de nouveaux débouchés, les éleveurs se rassemblent en association de producteurs qui ont pour mission de qualifier, promouvoir, commercialiser et valoriser la viande bovine. La plus importante est l’association Asprocarne, créée il y a vingt-cinq ans. Elle réunit 500 membres et représente un volume total de 130 000 animaux engraissés soit environ 50 % de la production régionale piémontaise.

Le photovoltaïque équipe très souvent les toitures des ateliers d’engraissement. La méthanisation permet d’écouler une partie du fumier et intègre également une part de l’ensilage de maïs et des céréales. Les gros ateliers d’engraissement (de plus de 1 000 places) s’approvisionnent en matière première et réalisent eux-mêmes leur formule d’aliment à l’aide d’unités de fabrication à la ferme.

Certains engraisseurs ont d’autre part fait le choix de se regrouper afin de créer des abattoirs et ateliers de transformation, et ainsi maîtriser l’ensemble de la filière. C’est le cas par exemple de l’atelier de découpe et de transformation Vallcarni. Luigi Vallino, directeur de cet établissement, est également propriétaire de dix-sept exploitations dans la région de Cueno. La société abat chaque semaine 80 à 90 mâles et femelles d’un poids moyen de 700 kg vif de race blonde d’Aquitaine. Il recherche des animaux de bonne confirmation qui sont distribués dans la région en boucherie et dans la grande distribution.

Pantano Carni : quand des bouchers investissent dans un abattoir

Pantano Carni communique sur une viande de qualité artisanale qui vise le haut de gamme.

L’abattoir Pantano, à Arre dans le Piémont, a été créé par deux frères bouchers. D’une surface de 9 000 m2, il emploie 70 salariés. Environ 24 000 jeunes bovins sont abattus chaque année, sur deux jours par semaine. Les entrepreneurs ont investi dans des ateliers d’engraissement, et sont aussi approvisionnés par d’autres éleveurs.

Ils communiquent sur une viande de qualité artisanale qui vise le haut de gamme. Le cahier des charges est strict. Les animaux doivent être engraissés en ration sèche. Pour assurer une régularité dans la qualité des carcasses, les deux frères ont aussi fait le choix d’investir dans une usine d’aliment, et ils proposent leur propre mélange à leurs partenaires engraisseurs.

L’abattoir dispose de frigos dédiés à la maturation de la viande en demi-carcasse de longue durée. Cent pour cent de l’animal est valorisé : toute la viande est transformée, le cuir est travaillé en frais puis revendu, un beurre de gras pouvant être utilisé en cuisine a aussi été élaboré.

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