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Installation en bovins viande : « J’ai financé le doublement du troupeau par la location »

Pour passer de 110 à 220 limousines au moment de son installation, ce jeune éleveur de la région Auvergne Rhône-Alpes a opté pour la location de cheptel. Gestel a acheté les vaches au cédant en fin de carrière, et le jeune éleveur règle un loyer annuel à l’entreprise partenaire.

Elevage bovin allaitant. Troupeau de vaches suitées au pâturage. Veaux de race limousine et leur mère. Veau.
Quand une vache louée est réformée, elle est remplacée dans le contrat par une génisse prête à vêler. Les réformes, les veaux, et les génisses de renouvellement excédentaires appartiennent à l'éleveur.
© Réussir SA

« J’ai repris l’exploitation familiale en janvier 2021. Je ne souhaitais pas garder les brebis, mais passer de 110 à 220 vêlages de limousines », explique ce jeune éleveur de la région Auvergne Rhône-Alpes. Pour doubler son cheptel bovin, ce dernier a repris des vaches d’un même troupeau à un exploitant qui partait à la retraite. « Ma banque me proposait un prêt sur dix ans pour les acheter. J’ai préféré financer le projet par la location. Le coût financier total est correct et équivalent à celui de la banque. Je me suis installé sans les aides JA. La location permet en plus de réduire mes charges sociales et fiscales ainsi que mes taxes », explique-t-il. En effet, le loyer du cheptel figure dans les charges du bilan.

L’éleveur a choisi les vaches qu’il voulait, et Gestel les a achetées au cédant. Un accord sur le prix avec lui a pu être trouvé assez vite. Entre le premier contact et la signature du contrat, un mois environ s’est écoulé.

Le fait de louer au lieu d’acheter le troupeau allège bien sûr énormément son niveau d’endettement pour son début de carrière. Pour l’éleveur, le principe de la location n’est pas un sujet. « C’est comme un leasing, ce qui se fait couramment sur du matériel. Et je compte racheter ces vaches après quelques années de location. Je devrais pour cela rembourser le montant du capital de départ. » Le contrat peut être renouvelé ou bien le remboursement peut être anticipé avant les dix ans de contrat initial (avec une pénalité de 10 % du montant avant les cinq ans du contrat, dégressive pour les années suivantes).

Dépôt de garantie puis 1er loyer différé de deux ans

Un dépôt de garantie a été réglé à la signature du contrat (10 % du capital) puis le premier loyer a été réglé avec un différé de deux ans, ce qui permet de créer une trésorerie ou de la développer. Il représente chaque année 10 % du capital que Gestel a investi, ce qui n’est pas une somme trop importante à sortir par rapport au produit dégagé par le troupeau. Des frais de gestion (environ 50 euros HT par vache et par an) et d’assurance (1 % par an de la valeur du cheptel loué) sont aussi facturés à l’éleveur.

Les animaux sont identifiés avec le numéro de cheptel de l’éleveur, auquel s’ajoute la mention de Gestel sur le carton. Quand une vache louée est réformée, elle est remplacée dans le contrat par une génisse prête à vêler. Les réformes, les veaux, et les génisses de renouvellement excédentaires appartiennent à l’éleveur.

Les vaches louées sont conduites comme les autres

L’exploitant pratique un taux de renouvellement de 23 % et une bonne partie du troupeau est en premier vêlage à 2 ans. « Je conduis le troupeau loué exactement de la même manière que le troupeau familial, mais pour éviter le risque sanitaire, les deux n’ont pas été mis en contact pour l’instant. »

Les limousines valorisent les 340 hectares de SAU occupés à 100 % par des prairies, avec vente de broutards à 9 mois (350 kg pour les mâles) et de vaches maigres. Les vêlages sont organisés de sorte à être répartis sur les douze mois de l’année. C’est ainsi que travaillaient ses parents originaires de l’Aveyron depuis quarante ans, et c’est un système qui a fait ses preuves. « J’allote les vaches par dix environ sur les dates de vêlage. Ce choix de conduite permet de disposer de trésorerie à tout moment. Les veaux nés en juillet coûtent cher à élever car ils consomment plus d’aliments que les autres, mais je n’ai pas besoin de prêt à court terme et de découvert. Cela aide aussi sur le plan fourrager à passer les sécheresses. Je gère en parallèle une entreprise de travaux agricoles, qui est une source sûre de revenus. »

 

Un dispositif aménagé de crédit-bail ?

Dans le livre blanc pour le renouvellement des actifs en élevage de la Confédération nationale de l’élevage (CNE) paru en février 2023, une des vingt-sept propositions vise à encourager l’achat progressif de foncier par le repreneur. Cela peut passer notamment par le portage temporaire du foncier. La publication propose d’ouvrir le concept de crédit-bail immobilier à l’agriculture. 

Dans la même logique, le livre blanc propose dans ce chapitre de développer pour le cheptel, en alternative à l’achat des animaux, « un dispositif sur le principe du crédit-bail, sans intérêts, pour la cession du cheptel d’un cédant à un nouveau producteur ».

Pour la CNE, des dispositions particulières doivent être incluses au contrat pour permettre à l’éleveur de gérer les animaux sous contrat de la même façon que s’il en était propriétaire, sans modifier le montant de la redevance qui reste fixe (sauf en cas de vice caché). Afin que le dispositif soit également bénéfique au cédant, un crédit d’impôt sur la perception des redevances semble nécessaire. Ce nouveau dispositif aurait vocation de faciliter la transmission, quand le bail à cheptel déjà existant est un moyen d’investissement.

Lire aussi | Financement innovant : bientôt un crédit-bail pour le cheptel bovin

 

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