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Farmer Academy ou la téléréalité au service des maladies respiratoires

Le jeu et la compétition, avec retransmission interactive sur une web TV : une façon inédite de promouvoir la prévention des maladies respiratoires et plus particulièrement la vaccination.

L’envers du décor de ce que les webspectateurs verront sur leur écran : deux jours intenses de tournage selon un scénario bien huilé qui a mis quatre équipes en compétition sur les maladies respiratoires.
L’envers du décor de ce que les webspectateurs verront sur leur écran : deux jours intenses de tournage selon un scénario bien huilé qui a mis quatre équipes en compétition sur les maladies respiratoires.
© B. Griffoul

« Silence ». « Moteur ». « Action ». « Coupez ». Le rituel du tournage télévisuel s’est répété inlassablement pendant deux jours. En guise de plateaux de tournage, la cour de la ferme, une vieille grange et la stabulation du Gaec Bastide dans l’Aveyron. En guise d’acteurs, quatre binômes composés d’un vétérinaire et d’un éleveur de sa clientèle, un jury inflexible et une présentatrice, Laëtitia Barlerin, vétérinaire et journaliste. En fait, le tournage d’une émission de téléréalité, avec ses épreuves et son confessionnal, où la compétition le disputait à l’ambiance bon enfant. Une façon inédite et ludique de promouvoir la prévention des maladies respiratoires des veaux et plus particulièrement la vaccination. Sortie tout droit des cerveaux imaginatifs d’une agence de communication pour le compte du laboratoire Zoetis, cette émission de téléréalité, la Farmer Academy, sera visible en quatre séquences, à partir du 2 novembre, sur une Web TV créée pour l’occasion (voir ci-contre).

« Seuls 25 à 35 % des éleveurs vaccinent régulièrement »

La méthode peut surprendre, tant la téléréalité fait rarement dans la subtilité et paraît inapte à promouvoir un message tout ce qu’il y a de plus sérieux. Et, pourtant, à voir le déroulement des épreuves, on se dit que l’idée est loin d’être absurde. Tout a été dit sur la prévention des maladies respiratoires. Pourtant, beaucoup reste à faire. Même les vétérinaires ont parfois été pris en défaut face aux épreuves concoctées par le jury composé de Stéfanie Bernheim, responsable vétérinaire chez Zoetis et de Renaud Maillard, enseignant-chercheur en pathologie des ruminants à l’école nationale vétérinaire de Toulouse.

Tous les intervenants de la filière animale sont aujourd’hui conscients que l’utilisation systématiques des antibiotiques doit céder la place à une antibiothérapie raisonnée afin d’en préserver leur efficacité, et donc à un renforcement de la prévention par d’autres moyens. La vaccination est au centre de la prévention des maladies respiratoires, et pas seulement « un acte curatif pour des élevages à problèmes », argumentent les organisateurs de la Farmer Academy. Elle est  à utiliser concomitamment avec d’autres mesures comme la conduite d’élevage et la gestion des bâtiments. » Mais, les chiffres montrent que « seuls 25 à 35 % des éleveurs vaccinent régulièrement leurs troupeaux ».

« C’était comme dans une étable mal éclairée"

Deux des quatre épreuves auxquelles ont été soumis les candidats portaient donc sur la vaccination : les arguments en sa faveur et les bonnes pratiques. Les binômes ont dû réaliser également un écouvillonnage nasal profond, qui consiste à prélever des sécrétions et des cellules infectées dans les cavités nasales pour déterminer les agents pathogènes en cause et ainsi mieux cibler le plan de prévention. Les binômes ont dû calculer enfin surfaces et volumes de la stabulation et déterminer le nombre d’animaux que pouvait contenir une case pour un confort optimum. « L’ambiance des bâtiments d’élevage est un facteur de risque majeur de maladies respiratoires chez le jeune bovin », rappelle la Farmer Academy. Une ambiance défectueuse peut mettre en échec un protocole vaccinal. Les normes (surfaces, volumes d’air...) sont bien connues mais pas si simples à respecter dans des bâtiments existants.

Sur le respect des bonnes pratiques de vaccination, peu de difficultés. L’éleveur guidait le vétérinaire, qui avait les yeux bandés, et lui décrivait les vaccins  et le matériel disponibles. Les pièges ? Aucun des quatre binômes ne s’est fait prendre aux pièges que leur avait tendus le jury. « C’était comme dans une étable mal éclairée », dira l’un d’eux. Pourtant, tous ont de nombreuses anecdotes « d’erreurs rencontrées en clientèle ». Date limite d’utilisation après ouverture dépassée, frigo pas branché, seringue réutilisée... Le vaccin est un produit fragile. La chaîne du froid doit être respectée. « L’erreur la plus terrible, c’est le gars qui désinfecte les seringues à l’alcool mais tue le vaccin en croyant bien faire », dit l’un d’eux. La seringue à usage unique est donc préférable. L’autre erreur fréquente, c’est l’oubli du rappel de la primo-vaccination ou du rappel annuel. Surtout lorsqu’elle est réalisée par petits lots.

Du calcul théorique à la pratique

Les petits veaux se sont bien prêtés au « jeu » de l’écouvillonnage nasal profond : l’éleveur assurait la contention et le vétérinaire l’acte technique. Pour certains, c’était la première fois qu’ils le réalisaient. « Je ne le faisais pas par manque de conviction, mais je me suis rendu compte que c’était un examen complémentaire facile à mettre en place, qui mérite d’être développé », nous dira l’un d’eux. Dans le feu de l’action, plusieurs ont réalisé le prélèvement un peu trop vite, ce qui peut altérer la qualité des résultats. Soumettre ses pratiques au regard d’un jury de professionnels, sous l’œil d’une caméra, n’est pas si facile, même quand on est un vétérinaire expérimenté.

Quant à l’épreuve du bâtiment, elle fut la plus discriminante. Manque de pratique sur le diagnostic bâtiment, stress de l’épreuve en temps limité... Seule une équipe s’en est à peu près bien sorti. Quelques erreurs bêtes de calcul mais surtout des difficultés pour passer de la théorie à la pratique quand il s’agit d’évaluer le nombre optimal d’animaux à loger dans une case. Bref, la Farmer Academy, sous sa forme ludique, est un sacré questionnement, aussi bien pour les éleveurs que pour les vétérinaires, quant au progrès à réaliser pour prévenir les maladies respiratoires.

 

Quatre couleurs pour quatre équipes en compétition

Vert : Mickaël et Arnaud du Calvados - En Gaec avec son frère et un autre associé, Mickaël est le seul éleveur laitier de la bande. Ils produisent plus d’un million de litres de lait avec un cheptel de 130 vaches. « Nous faisons beaucoup de préventif pour éviter les risques sanitaires », dit-il. Arnaud, son vétérinaire, référent conseil en élevage dans son cabinet, est également éleveur de trotteurs.

Rouge : Olivier et Christophe de Côte-d’Or - Sur son exploitation de polyculture-élevage de près de 300 hectares, Olivier élève 60 Charolaises, quelques brebis Charollaises, des poneys et des volailles. Il a « suivi » son vétérinaire, Christophe : « Je n’ai pas ressenti les épreuves comme une compétition mais comme un plaisir d’échanger des points de vue ».

Bleu : Romain et Edwin de l’Aveyron - C’est sur l’exploitation de Romain que s’est déroulé le tournage. En Gaec avec sa mère, il élève 120 Limousines sur 85 hectares. Ils produisent du veau d’Aveyron et du Ségala label rouge. « Dans notre cabinet, nous vaccinons beaucoup, en prenant soin d’adapter le protocole à la problématique rencontrée sur l’élevage », explique Edwin, son vétérinaire.

Violet : Paul et Philippe de la Haute-Vienne - En Gaec avec son frère, Paul exploite une surface de 230 hectares et élève 150 Limousines. Tous les produits sont engraissés. Pas très chaud au départ de se retrouver devant des caméras, il est finalement enchanté d’avoir accepté la proposition de Philippe, son vétérinaire : « on apprend beaucoup au contact des autres et on sort toujours grandi d’une nouvelle expérience ».

Top départ de la diffusion le 2 novembre 2015

À vos écrans ! Si les quatre équipes ont été évaluées par un jury de professionnels en juin dernier, ce verdict ne compte que pour moitié dans la note finale. Les webspectateurs pourront voter chaque semaine pour leur équipe favorite afin d’attribuer la seconde moitié de la note. La diffusion du programme débutera le 2 novembre sur la webTV « farmeracademy.com », à raison d’une épreuve mise en ligne par semaine. L’équipe qui obtiendra le meilleur score obtiendra un prix de 5000 € qu’elle reversera à l’association caritative de son choix. L’atmosphère était détendue et très courtoise lors du tournage. Tous ont apprécié  cette « expérience » et la qualité des échanges. Rien à voir avec l’univers impitoyable de Koh-Lanta. Mais, tous se sont pris au jeu et ont envie de gagner. Alors, n’hésitez pas à les départager !

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