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Élevage bovins viande : « nous construisons nos marges pour chaque catégorie du troupeau »

Dans le Cantal, le Gaec Aurière Montbertrand excelle dans la valorisation technique et commerciale de chacun des animaux du troupeau salers conduit partiellement en croisement charolais. Il tire aussi le meilleur parti fourrager de son organisation sur plusieurs sites de 850 mètres à 1 350 mètres d’altitude.

Dans le Cantal, à Valuejols, la conduite du troupeau de 115 vaches salers en croisement partiel charolais du Gaec Aurière Montbertrand est remarquablement efficace dans le choix des débouchés en fonction du potentiel de chaque animal et des opportunités de marché. Avec des vêlages de décembre à mars, toutes les génisses pures salers sont élevées jusqu’au premier vêlage à trois ans. Les génisses croisées sont valorisées depuis deux ans en filière « Perle du Massif » (groupe Bigard) avec une contractualisation conforme à Egalim. 

Les éleveurs Benoît Aurière et sa femme Coralie Montbertrand, associés avec Maryse, la mère de Benoît, visent les poids du haut du créneau. « Elles sont élevées au maximum au pâturage jusqu’à l’âge de 36 mois, puis engraissées pendant quatre mois dans l’objectif d’atteindre 450 kgC. » Ces femelles prennent au moins 1 kg par jour en moyenne avec une ration foin, triticale et aliment acheté. Cette année déjà trois d’entre elles ont dépassé les 500 kgC. Les quelques croisées qui manquent de développement sont vendues au sevrage.

<em class="placeholder">salers cantal prairie pâturage</em>
Un travail pour bien valoriser les différents types de prairies a permis de réduire les besoins en stocks à 1,6 t MS/UGB par an.

Quant aux mâles salers et croisés, ils sont positionnés sur le marché du broutard selon les opportunités de l’année. En 2024, après le sevrage à 350 kg, ils ont été repoussés pendant trois à six semaines, en gagnant 2 kg par jour (ration foin à volonté et aliment acheté au nourrisseur).

En ce qui concerne les vaches de réforme, elles sont mises en état au pâturage. « Si je trouve un acheteur à un prix qui me convient à ce stade, elles sont vendues. Sinon je les engraisse en visant un moment de bonne conjoncture. » Une bonne partie des réformes sont vendues en filière Label rouge (vaches de moins de 10 ans). Le Gaec vend aussi des vaches d’herbe à l’automne ou au printemps. Là aussi, si les offres ne leur conviennent pas, les éleveurs préfèrent les faire vêler, vendre le veau à l’âge de 3 semaines, puis mettre la vache en finition.

Des jeunes bovins purs salers en test

Pour les mâles salers purs, catégorie la moins facile sur le plan commercial, Coralie Montbertrand et Benoît Aurière testent depuis l’année dernière sur six animaux l’engraissement jusqu’à 20 à 22 mois, hors contrat, avec une sortie visée en octobre. « On note l’itinéraire technique et tous les coûts associés pour se faire nos repères. Peut-être décidera-t-on un jour d’en faire davantage si les cours des broutards chutent. »

Cette démarche d’analyse chiffrée des options possibles au fur et à mesure que l’année s’écoule, les éleveurs l’appliquent également au système fourrager. Le site principal du Gaec Aurière Montbertrand rassemble 187 hectares de prairies naturelles dont une partie est autour du siège à 1 150 mètres d’altitude et les autres à 1 350 mètres. 

Les éleveurs valorisent aussi un second site, situé à 20 km sur la commune de Andelat, qui est lui à 850 mètres d’altitude. Cette contrainte a été tournée en avantage. « Sur ce second site, nous cultivons 15 hectares de triticale et le pâturage tournant commence plus tôt », présentent les éleveurs. Cet étagement leur permet de jongler avec les périodes de pousse de l’herbe. Les prairies les plus hautes sont pâturées « Même si l’été est très sec, jusqu’à présent, nous avons toujours eu des ressources à cette altitude. » Cela fait manœuvrer beaucoup de vaches – elles sont transportées en camion d’une capacité de sept couples mère-veau – mais c’est économique.

Des repères pour les prairies en somme de température

« Nous avons commencé le pâturage tournant il y a quelques années sur le site le plus bas, et maintenant nous le mettons en place jusqu’à plus de 1 100 mètres. » Celui-ci est rigoureusement paramétré sur les sommes de température (mise à l’herbe à 280-300 degrés jours, déprimage jusqu’à 400-450 degrés jours) avec des paddocks de trois hectares sur lesquels les éleveurs se sont fait leurs repères suite à une observation soutenue. Les récoltes sont en foin (rendement moyen sur prairies non déprimées de 5 tMS/ha).

Le Gaec a toujours été autonome en fourrages, mais l’année 2022 a été du jamais vu, cumulant une forte sécheresse et des dégâts de rats taupiers sur une très grande part des prairies. « J’ai vendu les broutards à 300 kg au lieu de 400-450 kg, un maximum de vaches âgées de plus de 8 ans, et douze génisses ont vêlé à 2 ans. » Tous les leviers ont ainsi été activés pour diminuer le nombre d’UGB tout en maintenant le nombre de veaux nés. « Nous avons aussi fait pâturer le triticale et les rations ont été adaptées avec 50 % de foin et 50 % d’aliment 'sécheresse’ acheté. » Les éleveurs ont ainsi pu clore l’année sans avoir déstabilisé leur système.

Un objectif de simplification du travail

Ils sont très attentifs à maintenir en toutes circonstances le niveau des charges. « À une époque, nous avons eu une mélangeuse et nous faisions de l’enrubannage. Ces techniques coûtent trop cher par rapport aux croissances des animaux et au produit que nous dégageons. On a arrêté, explique Benoît Aurière. Par contre, on a un objectif de simplification et de réduction de la pénibilité du travail. » Le Gaec fonctionne avec trois personnes, mais de façon qu’une seule puisse – temporairement – faire tout le travail, et ce, à chaque période de l’année. Cela reste pas évident sur février, mars, avril, quand se cumulent la fin des vêlages, la reproduction et la préparation des clôtures. « L’hiver, dans les bâtiments entravés, le foin est donné une seule fois par jour. On place les bottes au milieu du couloir et en 10 minutes à la main, c’est distribué. »

« Cela nous donne une ouverture. On sait que si on le souhaite, on peut partir pour un voyage professionnel, des vacances… ». Le Gaec Aurière Montbertrand, intergénérationnel avec Maryse et Bernard, retraité actif, et Benoît et Coralie, place l’écoute des opinions de chacun et le débat au cœur de son fonctionnement. « Cela peut prendre du temps, mais quand on commence à appliquer quelque chose de nouveau, c’est que tout le monde est prêt. »

Une analyse au fil de l’année des coûts de production

Fiche élevage

237 ha dont 15 ha de triticale et le reste en prairies naturelles

115 salers avec croisement charolais

0,8 UGB/SFT de chargement apparent

2,25 UMO associés

Quatre taureaux salers et trois taureaux charolais

Quatre taureaux salers et trois taureaux charolais sont en service pour 135 femelles mises à la reproduction. Ceci permet de piloter les accouplements de façon affinée et de gérer facilement les retours en chaleurs notamment l’été.

Les taureaux sont achetés à l’âge de 9 mois. « On aime sélectionner les taureaux au milieu de leur lot. » Le troupeau a de bonnes aptitudes sur la viande et les éleveurs cherchent actuellement à travailler sur le gabarit. « Nous accordons aussi de l’importance à la docilité des animaux, qui sont beaucoup manipulés. »

L’hiver, ils sont logés à l’attache et pendant la période de reproduction ils sont lâchés avec leur lot de femelles à saillir chaque jour dans la cour. Les taureaux sont aussi assez souvent transportés en camion pour la gestion des prairies.

Yann Bouchard de la chambre d’agriculture du Cantal : « Un travail important pour réduire le coût des rations »

« À 850 m d’altitude, la culture de céréales pour l’autoconsommation est un point fort au Gaec Aurière Montbertrand. Le triticale représente 37 % des concentrés distribués et il diminue fortement le coût de la ration. La consommation totale de concentrés par UGB est de 600 kg.

Les éleveurs ont aussi travaillé pour bien valoriser les différents types de prairies en fonction de leur altitude, et avec la mise en place progressive du pâturage tournant, cela a permis de réduire significativement le nombre de jours en bâtiment. Les besoins en stocks distribués à l’auge sont ainsi passés de 2,2 à 1,8 tMS/UGB par an.

Les résultats sont très bons avec une rémunération permise de 2 SMIC par UMO en 2024 (approche couprod Idele). La production brute de viande vive était de 304 kg/UGB cette année-là. »

Le triticale peut être pâturé à l’automne et au printemps

Le Gaec Aurière Montbertrand cultive du triticale sur 15 hectares. À 850 mètres d’altitude, cette céréale est conduite à moindre coût et le rendement est autour de 40 à 45 quintaux par hectare. Grâce au triticale, le Gaec est autonome en paille de litière avec des bâtiments entravés pour les vaches et génisses de 2 ans et un bâtiment caillebotis et aire paillée pour les génisses croisées. Les génisses de 1 an sont logées sur une aire paillée intégrale.

De manière exceptionnelle, en cas de manque d’herbe, Coralie Montbertrand et Benoît Aurière font pâturer le triticale jusqu’à deux fois dans l’année. Dans ce cas, sitôt moissonné en août, un déchaumeur est passé, puis le semis se fait à la volée avec l’épandeur à engrais avec la semence fermière, et il est roulé. « Dès que le triticale est haut d’une vingtaine de centimètres, on fait entrer un lot. Entre fin septembre et le 1er décembre, ce triticale a nourri un lot de 22 vaches, dont 8 suitées par exemple », explique Benoît Aurière. La parcelle est découpée en grands carrés pour deux à trois jours avec fil avant et fil arrière. « Au début, il a une valeur de feuille, et à la fin, quelques épis sont bien avancés. Le triticale ne s’arrête jamais de pousser et ne gèle pas. »

Au printemps, quand la somme de température atteint 250° jour, autour du 20 mars, un lot de 20 génisses avec un taureau peut être lâché dans les 15 hectares pour un mois. Ensuite, dès que les animaux sont sortis, le triticale est semé une nouvelle fois pour être moissonné en août.

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