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"À deux pour faire vêler 200 vaches"

Au Gaec Bretaudeau Coutant dans les Deux-Sèvres. Damien Bretaudeau et Mathieu Coutant font vêler 200 Charolaises faciles à vivre et de gabarit modéré, dans un système cohérent entre quantité de travail et débouchés d’aujourd’hui.

Damien Bretaudeau et Mathieu Coutant, tous deux diplômés d’un BTS ACSE, se sont installés en 2006 à Saint-Amand-sur-Sèvre, dans les Deux-Sèvres. L’exploitation a évolué progressivement, à partir de plusieurs troupeaux — deux de 70 vaches et un de 40 vaches — et avec le départ en retraite de leurs parents. Les deux jeunes éleveurs ont poursuivi la restructuration pour trouver un fonctionnement avec deux unités de main-d’œuvre. Leur objectif était de trouver un équilibre entre la quantité de travail sur l’élevage et l’efficacité économique du système. Ils visaient 180 vêlages, et se sont finalement stabilisés depuis cinq ans à 200 vêlages.

Le chapitre bâtiment a joué un rôle dans l’augmentation du cheptel. Un bâtiment logeant 112 vaches suitées a été construit en 2006. Toutes les vaches y passent, les vêlages étant répartis en deux périodes : 80 vêlages entre le 25 août et le 15 octobre, et 120 vêlages entre le 15 février et le 30 mars. D’autre part, un site de 30 hectares a été perdu, et ce n’est finalement pas plus mal aux yeux des éleveurs, car le potentiel agronomique était faible et il était éloigné. Les éleveurs ont diminué la surface en céréales et augmenté les surfaces fourragères. "Nous dégageons plus de marge brute sur les surfaces fourragères avec le troupeau que sur les surfaces de blé vendu."

Les deux jeunes éleveurs — qui sont aussi beau-frère — contiennent le travail dans des plages horaires compatibles avec la vie de famille. L’un est trésorier de Cuma, l’autre conseiller municipal. "On commence à 7 h 30, ou après 8 heures quand on s’occupe des enfants le matin. Les journées finissent vers 18 heures pendant les périodes creuses. Quand on travaille davantage sur les chantiers, on rattrape ses heures. En général, le week-end, on ne travaille que le samedi matin et un dimanche sur deux." Pendant les vêlages, les éleveurs sont de garde une nuit sur deux. "Si on a besoin d’aide, on appelle l’autre mais c’est rare, 80 % des vêlages sont sans aide." Ils bénéficient de la présence très efficace du père de Damien, qui est officiellement employé sur l’exploitation et partent en vacances une semaine à tour de rôle l’été. "On ramène toutes les vaches à vêler autour des bâtiments début août, et on est là tous les deux le 25 août pour les premières naissances", explique Damien Bretaudeau. Ils sont déjà partis ensemble en vacances fin janvier une semaine, avant le début des vêlages de printemps, et comptent bien renouveler l’expérience. Ils ont alors recours à un remplaçant qui travaille en indépendant. Les éleveurs se partagent à peu près toutes les tâches, y compris le travail administratif. L’un s’occupe de la comptabilité et l’autre est chargé des démarches pour la PAC.

Le troupeau est habitué à être manipulé et à voir du monde. Toutes les femelles sont conduites en monte naturelle, avec davantage de vêlages au printemps qu’à l’automne. Après une expérience de partage d’une mélangeuse avec un autre élevage, les éleveurs se sont rééquipés en propriété quand l’investissement a été possible. Ils disposent d’une machine de 18 m³ et distribuent l’alimentation un jour sur deux. Pendant l’hiver, il faut deux heures et demie de travail le matin un jour sur deux, et le lendemain une heure et demie de travail pour le paillage, avec la repousse à faire le soir. Les génisses d’un à deux ans sont hivernées sur un autre site entre le 1er décembre et le 15 mars. Les animaux sortent dès que possible et en général le 1er avril tout le monde est dehors. "Les lots tournent tous les quinze jours à trois semaines. Nous avons beaucoup de petites parcelles bocagères et il y a de nombreux transports en bétaillère." Pour la période hivernale, les surfaces à racler ont été supprimées dans les bâtiments. "Quand nous avons décidé de construire un nouveau bâtiment en 2018 pour l’engraissement des jeunes bovins, nous en avons profité pour y installer aussi tout le stockage, ce qui permet de gagner du temps chaque jour. Avant, on stockait dans quatre endroits différents." Ce bâtiment est équipé de panneaux photovoltaïques et a bénéficié du PCAE Nouvelle-Aquitaine. Les éleveurs ont un parc de contention pour les jeunes bovins et deux quais de chargement. Ils ont refait deux silos couloir parallèles. Ainsi tout est chargé au même endroit sans devoir déplacer la mélangeuse. Des silos tours contiennent le correcteur : une personne seule peut charger la mélangeuse. Les pratiques vont bientôt changer pour la gestion des fumiers car l’élevage va devenir apporteur pour une unité de méthanisation. Leur partenaire viendra chercher du fumier chaque semaine selon un planning établi. Par contre l’effluent solide leur sera déposé directement en bout de champ, et l’effluent liquide sera même épandu.

Avis d’expert : Jean-Marie Guéret de Terrena productions bovines

Un troupeau qui colle bien à La Nouvelle agriculture de Terrena

"Le troupeau de Damien Bretaudeau et Mathieu Coutant donne des vaches de réforme dont le poids moyen est autour de 440 kilos de carcasse. D’autre part, les deux éleveurs pratiquent un taux de renouvellement de 30 %, pour bien cadrer les deux périodes de reproduction. Une grande partie des vaches sont ainsi réformées avant l’âge de 9 ans. L’organisation de producteurs Terrena Bovins a développé depuis trois ans un débouché cohérent avec leur type de gestion de troupeau : la filière La Nouvelle agriculture. En effet, l’un des créneaux correspond à des génisses charolaises de 300 à 390 kilos de carcasse classées au minimum R =, et un autre à des vaches charolaises de 320 à 470 kilos de carcasse, classées R = ou R +, âgées de 28 à 96 mois.

Leur système a évolué aussi vers davantage de place donnée à l’herbe, ce qui colle également pour cette filière où la finition se fait à l’herbe ou à l’auge sans ensilage de maïs, en garantissant l’enrichissement en oméga 3 de la viande.

Les jeunes bovins sont d’autre part contractualisés via Terrena avec Moy Park (filière McDo)."

Des résultats économiques au rendez-vous

Le système est très productif pour deux unités de main-d’œuvre avec 115 405 kg de viande vive produits. Sur le dernier exercice, la moyenne pour les 48 femelles vendues s’est établie à 429 kg c à l’âge de 70 mois, à 3,77 euros/kg c. Parmi elles, 28 femelles ont été commercialisées dans la filière Nouvelle agriculture à 3,90 euros. Les 95 jeunes bovins sont partis en moyenne à 18,3 mois pour 434 kg c vendus 3,90 euros. L’IVV moyen est de 368 jours, avec 3 % de mortalité sur les premiers jours et 7 % sur les 90 premiers jours. La productivité du troupeau est de 98 %. La marge brute de l’atelier viande bovine est de 195 000 euros soit 950 euros/ha SFP.

Source : Terrena productions bovines.

Chiffres clés

2 unités de main-d’œuvre
200 vêlages dont 80 à l’automne et 120 au printemps
218 ha dont 35 de blé, 32 de maïs et le reste en prairies dont 65 de prairies naturelles

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