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Aide familiale : elle perd 150 euros de retraite par mois

Nicole Lelouvier a travaillé sur la ferme parentale pendant sa jeunesse sans percevoir de salaire. Au décès de son père, elle a reçu un salaire différé qui ne couvrait pas l’ensemble des années travaillées. Au décès de sa mère, elle a réclamé le complément. Entre-temps, le délai de prescription a changé et elle ne touchera rien.  L'histoire est relatée dans l'Agriculteur normand. 

Nicole a commencé à travailler sur la ferme familiale quand elle avait 12 ans. Jusqu’à 25 ans, avec trois de ses sœurs et son frère, elle s’est occupée de la traite et d’autres travaux.
© Anaterate / Pixabay

 

Un article paru dans l’Agriculteur normand le 12 octobre relate la mésaventure de Nicole Lelouvier. Cette Normande de 77 ans a accepté de témoigner dans la revue départementale sur ce droit du « salaire différé » régi par le Code rural et pour alerter sur le délai de prescription qui a été révisé en 2008. 

L’aînée de 10 enfants

La ferme de ses parents était basée dans la Manche. Elle a commencé à y travailler en 1958, elle avait 12 ans. Cette année-là, le septième enfant de la famille arrivait. Elle était l’aînée de la fratrie qui au total comptera neuf filles et un garçon. Comme trois de ses sœurs et son frère, elle partage son temps entre l’école et les travaux sur la ferme de 22 ha : la traite, la fabrication du beurre, les travaux des champs… Elle travaille ainsi jusqu’au moment où elle se marie et quitte la ferme. Elle a alors 25 ans. 

Au décès de son père, en 1999, Nicole reçoit 30 000 francs pour salaire différé mais la somme ne couvre pas toutes les années où elle a travaillé sans salaire. Au décès de sa mère, en 2015, elle demande à toucher le complément. 

 

Procédure judiciaire et brouille familiale

C’est le début d’une procédure judiciaire de sept années ayant coûté quelque 12 000 € de frais
d’avocat et d’une brouille avec ses sœurs. Le délai de prescription pour toucher ce salaire a été révisé en 2008 et réduit de 30 ans à 5 ans. Nicole ne touchera pas l’intégralité du salaire différé auquel elle pouvait prétendre. Sa pension de retraite est en conséquence plus basse que ce qu’elle aurait pu percevoir. « Restent la douleur et l’amertume », commente la journaliste Julie Pertriaux. L’aide familiale a le sentiment d’avoir travaillé « pour rien » : « pendant ma jeunesse, j’ai travaillé pour rien. Et je perds 150 € de retraite par mois » déclare-t-elle.

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