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Etats-Unis
Viande trop chère, éleveurs mal rémunérés : Biden s’attaque aux conglomérats

Accusant les quatre grands conglomérats de la viande d’être responsables de la moitié de l’inflation aux Etats-Unis ces derniers mois, l’administration Biden veut faire la transparence sur les prix des filières bœuf, porc et volaille et stimuler la concurrence.

Tom Vilsack
L'administration Biden, dont Tom Vilsack, secrétaire d'Etat à l'Agriculture, a notamment dans son viseur JBS et Tyson.
© Capture d'écran vidéo de la Maison Blanche

L'administration Biden a décidé de s'attaquer à la hausse des prix du boeuf, du porc et de la volaille, responsable, selon elle, de la moitié de l'inflation aux Etats-Unis ces derniers mois (+4,2% sur un an selon le département du Commerce). Alors que les éleveurs ne bénéficient pas d’une amélioration de leur revenu, le conseiller économique de la Maison Blanche, Brian Deese, et le secrétaire d’Etat américain à l’Agriculture Tom Vilsack ont pointé du doigt la responsabilité des « quatre grands conglomérats » de la viande lors d’un point presse organisé le 8 septembre dernier, citant explicitement Tyson et JBS.

« Je me souviens d’avoir parlé à un producteur l’autre jour à Council Bluff (ville de l’Iowa), il m’a dit : « je ne comprends pas monsieur le secrétaire » et il a dit : « je viens de vendre mon bétail et j’ai perdu 150 dollars par tête, mais le transformateur a gagné 1800 dollars par tête », comment est-ce possible ? » a déclaré Tom Vislack en conférence de presse. « 89,6% des agriculteurs américains d’aujourd’hui ne tirent pas la majorité de leurs revenus de l’agriculture », a-t-il encore affirmé.

La concentration des acteurs de la viande explique ce phénomène selon le département américain à l’Agriculture (USDA).

Je viens de vendre mon bétail, j’ai perdu 150 dollars par tête, le transformateur en a gagné 1800

« Aujourd'hui, seulement quatre entreprises contrôlent environ 55 à 85 % du marché de ces trois produits. Cela reflète la consolidation spectaculaire de l'industrie au cours des cinq dernières décennies, alors que les grands conglomérats ont absorbé de plus en plus de petits transformateurs. En 1977, les quatre plus grandes entreprises de conditionnement de bœuf ne contrôlaient que 25 % du marché, contre 82 % aujourd'hui. En volaille, les quatre premières entreprises de transformation contrôlaient 35 % du marché en 1986, contre 54 % aujourd'hui. Et dans le porc, les quatre principales entreprises de transformation du porc contrôlaient 33 % du marché en 1976, contre 66 % aujourd'hui » peut-on lire dans une note de l’USDA.

Lire : Entente sur le poulet aux Etats-Unis : Pilgrim’s Pride achète sa tranquilité

Et l’administration Biden de souligner dans la note « les bénéfices bruts records » enregistrés par ces entreprises pendant la crise de la Covid-19 et les importants dividendes accordés aux actionnaires pendant cette période (2,3 milliards de dollars de dividendes et de rachats d’actions pour JBS en 2020, 477 millions de dollars de dividendes sur les neufs mois de 2021 pour Tyson).

Face à cette situation, l’USDA mène des actions pour enquêter sur la fixation des prix soupçonnant des pratiques illégales. Une enquête conjointe avec le ministère de la Justice dans l’industrie de la volaille a donné lieu à la une amende de 107 millions de dollars pour Pilgrim’s Pride. Tom Vilsack indique qu’une autre enquête vise Tyson.
 

Une aide de 500 millions d’euros pour stimuler la concurrence

Au-delà de ces enquêtes et d’une demande de plus grande transparence des prix, l’administration Biden a annoncé qu’elle allait soutenir les petites entreprises pour renforcer la concurrence dans le secteur. L’USDA indique ainsi dans une note qu’elle va dédier 500 millions de dollars dans le cadre du plan d’investissement Biden pour « aider les nouveaux concurrents à étendre leur capacité locale et régionale de transformation de la viande et de la volaille ». Et ce afin d’augmenter les prix à la production et de baisser ceux à la consommation. L’USDA va aussi étendre ses aides d’urgence pour le bétail, pour des éleveurs touchés par la sécheresse qui affecte l’Ouest et le Midwest des Etats-Unis.

Lire aussi : Bovins : pour la première fois en 7 ans, la production américaine devrait baisser en 2022

 

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