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[Covid-19] Le secteur de l’œuf coquille en surchauffe

Les débouchés des œufs ont été très diversement impactés par les mesures de lutte contre le Covid-19, avec deux effets diamétralement opposés qui pourraient durer.

Aussitôt l’annonce de la fermeture des établissements scolaires et des restaurants par Emmanuel Macron, le marché des ovoproduits destinés à la RHD s’est écroulé, avec une chute de l’ordre de 80 %. L’ensemble du secteur des ovoproduits, qui absorbe environ 40 % des volumes produits en France, aurait perdu 25 à 35 % de ses débouchés en quelques jours. Le premier réflexe des fournisseurs d’œufs a été de déstocker les œufs en les dégageant vers les fabricants d’ovoproduits pour l’industrie agroalimentaire, avant que les prix ne s’affaissent. Ces fabricants, déjà suffisamment alimentés par leurs fournisseurs contractualisés, ont rapidement cessé de se fournir sur le marché, car leur activité a elle aussi ralenti. Le cours de l’œuf « minerai » s’est ainsi effondré de 50 % en quatre semaines, temporairement alourdi par des œufs calibrés qui partaient d’ordinaire chez des grossistes.

Explosion de 30 % des ventes d’œufs coquille

Dans le même temps, le débouché de l’œuf coquille vendu en magasins a littéralement explosé, avec une progression à plus de 50 % la première semaine du confinement. Les centres de conditionnement ont dû se réorganiser pour travailler plus avec moins de personnel. La demande a un peu faibli, mais elle est restée environ 30 % au-dessus de la normale. Quel que soit son mode d’élevage, plus aucun œuf conditionnable ne reste dans les poulaillers. La crainte d’une surproduction en œuf biologique s’est envolée avec le Covid-19. La cotation de l’œuf coquille ne s’est pas pour l’instant enflammée, en dépit de quelques variations dues au recalage des circuits d’approvisionnement des grossistes et Rungis vers les GMS. Celles-ci ont dû accepter d’alléger leurs cahiers des charges et d’augmenter les prix d’achat pour les volumes supplémentaires. En effet, les centres conditionneurs ont vu leurs coûts augmenter, ainsi que celui des œufs. Pour intensifier la productivité, il leur a fallu passer au travail en deux ou trois équipes, réduire les changements d’emballage (moins de temps morts), changer les conditionnements (grands inserts, boîtes de 60 et même œuf vrac en palette d’alvéoles). Et comme toute l’Europe est concernée, c’est la pénurie d’emballages qui inquiète.

Retrouver un nouvel équilibre offre-demande

Peu après l’annonce du déconfinement, les usines dédiées à la RHD collective avaient commencé à se préparer au redémarrage des cantines scolaires. Par exemple pour produire des œufs durs écalés pondus au moins dix jours avant leur cuisson. En revanche, cette reprise risque d’être modérée, tant que la restauration commerciale restera fermée et compte tenu des règles de prudence sanitaire qui accompagneront les réouvertures. Il n’est pas non plus certain que les achats des ménages décroîtront aussi vite qu’ils sont montés.

Lire aussi : [Covid-19] Les achats d’œufs explosent de 44 % en magasins

Il est possible que les travailleurs déconfinés continuent de préparer leur déjeuner et d’acheter en magasins. Et si la RHD redémarre vite, il n’est pas exclu que la production soit insuffisante, d’autant que le début du confinement a ralenti des chantiers de construction ou de rénovation, donc décaler des mises en place de cheptels. Enfin, en situation de relative pénurie, des enseignes de distribution pourraient être enclines à retarder l’arrêt de la vente des œufs de code 3, le temps que le marché retrouve un équilibre.

Ce qui s’est passé :

. l’arrêt des ovoproduits produits pour la RHD ;

. le déstockage d’œuf « minerai » vers les ovoproduits industriels ;

. l’explosion de la demande en magasins ;

. le recalage des circuits de vente perturbés (œufs calibrés, de début et fin de lot) ;

. la divergence des cours : effondrement vers l’industrie et fermeté de la coquille.

Réformes anticipées

Peu après l’arrêt de la RHD, les organisations de production et les fermes de ponte fournissant ce circuit ont anticipé les réformes des lots de poules blanches. Des brunes élevées en cage, dont les œufs auraient été difficiles à valoriser, ont aussi été réformées. La période précédant Pâques étant plutôt calme, ces abattages supplémentaires ont commencé rapidement, mais les trois principaux abattoirs (bretons) sont saturés jusqu’à fin mai (capacité d’abattage d’environ 1,2 million de têtes par semaine). Les cours des vieilles poules sont très vite quasiment tombés à zéro. Malgré l’obligation de déclaration des mouvements d’animaux à la base de données nationale, l’interprofession de l’œuf ne dispose pas de données sur le nombre et l’âge des poules retirées plus tôt de la production.

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