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Vigneron et prestataire de service : deux activités complémentaires l’une de l’autre

Olivier Augier, vigneron et prestataire de services, optimise le retour d’expérience grâce à sa double casquette. Cela lui permet de pousser très loin la productivité de son domaine, tout en réalisant des travaux, aujourd’hui, partout en Europe.

Depuis qu’il travaille dans les vignes, Olivier Augier n’a de cesse de trouver des solutions techniques pour moderniser l’aménagement du vignoble et la performance économique des domaines.
Depuis qu’il travaille dans les vignes, Olivier Augier n’a de cesse de trouver des solutions techniques pour moderniser l’aménagement du vignoble et la performance économique des domaines.
© E. Brugvin

Cinq ans chef de culture chez le coopérateur Marcel Augier à Vaison-la-Romaine, puis cinq ans chef de culture au domaine de la Fourmone à Vacqueras ; Olivier Augier a toujours cherché « à améliorer la productivité des travaux agricoles et du vignoble en diminuant la pénibilité du travail dans les parcelles, explique-t-il. Alors que le GPS faisait son apparition au début des années 2000, j’étais convaincu que nous pouvions améliorer la précision, la productivité et les conditions de travail dans les travaux d’aménagement des parcelles ». Olivier Augier se lance alors dans la mise au point d’une machine, qui mettra un an à apporter des solutions rentables à d’autres viticulteurs.

Deux machines spécifiques, l’une pour planter, l’autre pour palisser

Aujourd’hui, sa première machine, installée sur un chenillard enjambeur, assure pour 2 500 à 3 000 euros à l’hectare le palissage avec la plantation des piquets à 80 centimètres de profondeur et le déroulage des fils. « Alors que les techniques classiques mobilisent deux personnes pendant trois jours, nous arrivons à diviser le temps d’intervention par deux », assure ce titulaire d’un BTA agricole d’Avignon-Cantarel.

 

 
Ses machines pilotées par GPS permettent de diviser le temps d’intervention par deux et seront prochainement robotisées pour réduire l’emploi de personnel.
Ses machines pilotées par GPS permettent de diviser le temps d’intervention par deux et seront prochainement robotisées pour réduire l’emploi de personnel. © Vitisat
La seconde machine, attelée à un tracteur, permet de planter au centimètre près un plant, son piquet et apporte un litre d’eau chargé d’Osiryl et d’Humifirst à chaque cep à la vitesse de 1,5 km/h. Olivier Augier, au travers de sa société Viti Sat, facture la prestation 1 800 euros par hectare. Les machines assurent une plantation parfaitement verticale à 40 cm de profondeur pour optimiser le développement des racines et radicelles. L’informatique participe au gain de temps. Une fois les données GPS collectées à pied sur le terrain avec du matériel topographique, elles entrent dans un logiciel réalisé pour Viti Sat qui guidera la machine.

 

Vers des solutions robotisées pour améliorer encore davantage la productivité

Vigneron dans l’âme, l’ancien chef de culture crée son propre domaine au nord de la commune d’Orange et y applique ses propres méthodes. Ses 20 hectares d’IGP méditerranée, plantés en deux ans, comptent 5 700 pieds à l’hectare. Ils sont parfaitement rectilignes, arrosés au goutte-à-goutte, entièrement palissés et protégés par des filets antigrêle qui servent d’ombrières. « Avec mes conduites culturales, les vignes ont produit 120 hl/ha l’année suivant la plantation », souligne Olivier Augier.

Son domaine du Clos Cavalier adopte une conduite de la vigne en formation guyot à double arcure sur cordeau et s’interdit le désherbage. « Les filets protègent les bois du vent qui s’érigent droits et ne demandent pas d’intervention ultérieure de relevage », reprend le viticulteur, qui souligne encore une économie réalisée. « Nous conservons les données GPS de l’implantation des ceps dans un fichier informatique qui permettra des interventions robotisées futures précises pour améliorer encore la productivité », ajoute Olivier Augier.

Améliorations permanentes

Au total, son investissement matériel atteint 250 000 euros. Auxquels s’ajoute un nombre incalculable d’heures de mises au point. Deux hommes assis sur la machine restent nécessaires pour l’alimenter en plants et piquets. « Je vais consacrer les deux années à venir à robotiser cette fonction pour diminuer encore la pénibilité, assure Olivier Augier jamais à court de projets. Ensuite, je compte développer, pour la fin de la décennie, la conduite autonome du déplacement des machines et des solutions clé en main de mise en place du palissage, des filets et des équipements photovoltaïques pour répondre aux attentes de la viticulture du futur. »

Des prestations de la Corse au Kent

Il y a dix ans, Olivier Augier travaillait seul sur sa machine. Puis la demande a explosé. Aujourd’hui, sa société emploie une dizaine de permanents et jusqu’à 80 saisonniers de décembre à juin. Viti Sat intervient dans toute la France, sauf en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie aux modèles économiques ou culturaux différents, jusqu’en Belgique et même dans le comté du Kent en Angleterre, sur 213 hectares, où la Perfide Albion nourrit des projets de production d’un effervescent national.

Pour répondre à la demande des viticulteurs, Olivier Augier compte aller encore plus loin avec la transformation de ses 2 000 mètres carrés de bâtiments récemment acquis de l’autre côté de la ville. « Je compte créer un pôle viticole pour donner une belle image de la société pour attirer de nouveaux talents, ainsi qu’accueillir une agence d’intérim et un centre de formation tous deux spécialisés dans la conduite de la vigne, voire d’autres entreprises complémentaires », indique-t-il. Entre-temps, Olivier Augier aura dû structurer sa société et notamment investir juridiquement pour protéger des copies ses machines.

repères

Domaine Clos Cavalier (84)

Surface 20 ha en IGP méditerranée

Cépages syrah, cinsault, ugni blanc, viognier, muscat

Mode de culture conventionnelle sous filets avec goutte-à-goutte

Rendement 120 hl/ha

Prix de vente 105 €/hl

Commercialisation vrac au négoce

Viti Sat

1 200 hectares équipés par an

5 millions de ceps plantés par an

10 permanents

80 saisonniers de décembre à juin

Avis d’expert

Christophe Chouvet, C3 Viti, consultant en viticulture, conversion en bio, conseiller agréé, formateur taille, auditeur et cartographe de vignobles par drone en vallée du Rhône et Provence.

« Tout ce qui favorise les échanges profite au domaine »

Proposer ses prestations en externe est un excellent moyen d’améliorer la conduite de son propre domaine. Le vigneron rencontre du monde quand il vend son vin mais beaucoup moins dans ses chais et dans ses vignes. Se retrouver avec des confrères aussi différents que des vignerons en traditionnel, bio, biodynamie, d’autres régions et d’autres appellations apporte de nouveaux horizons sur sa propre manière de travailler. Ce partage d’idées et de bonnes pratiques reste trop rare dans cette profession atomisée où trop de domaines restent dans le même schéma technique, souvent conforme aux habitudes familiales héritées d’une voire deux générations.

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