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question de vigneron
« Quel rythme de soutirage adopter durant l’élevage en barrique d’un vin rouge ? »

Faut-il soutirer régulièrement son vin en barrique ou au contraire pas du tout ? Un soutirage en fin d’élevage, avant vendanges, élimine-t-il ou favorise-t-il le développement des Brettanomyces ? Voici les conseils de spécialistes sur cette question.

Vigneronne et vigneron goutant leur vin rouge élevé en fut de chêne dans leur chai avant assemblage de la cuve. gouter. Vigne. Vin. Viticole.
Lorsque le vin en barrique est réduit, un soutirage s'impose. Mais attention à bien réajuster le niveau de soufre derrière.
© J.-C. Gutner
 

Nicolas Richard, chargé d’études au service technique d’Inter Rhône

« Tout soutirage enlève 1 voire 2 log de Brettanomyces »

 

 
Nicolas Richard, chargé d’études au service technique d’Inter-Rhône
Nicolas Richard, chargé d’études au service technique d’Inter-Rhône © N. Richard
« La première chose à savoir, c’est que tout soutirage élimine des Brettanomyces. On en perd au moins 1 log, voire 2 log. Et ce, quel que soit le vin, la barrique ou le niveau de contamination. Dans l’absolu, il faudrait soutirer tous les six mois. Une fois au printemps, en avril-mai, avant que les températures n’augmentent, et une fois avant vendanges.

 

Mais attention, on constate des hausses de populations de bretts au moment des vendanges. Cela est dû à l’inattention du maître de chai, occupé à rentrer la récolte. Or à cette période, les températures sont élevées et qui dit chaleur, dit multiplication des bretts. La température est vraiment un facteur très important de prolifération des micro-organismes. La semaine avant les vendanges, je recommande donc de vérifier les niveaux de protection et de procéder à des ajustements de SO2 si besoin, et de faire des comptages de populations. On considère qu’avec des tests PCR ou sur boîte de Pétri, si on est vers 102 levures/ml, il n’y a pas d’inquiétude à avoir, on peut soutirer sereinement. À partir de 103, cela doit mettre la puce à l’oreille. Il faut vérifier le SO2 actif, voire faire un léger chitosane et/ou une petite filtration. Puis on pourra soutirer. »

Romain Traste, œnologue-conseil chez Ecotone Œnologie, à Bordeaux, en Gironde

« Faire un contrôle microbiologique avant de soutirer »

 

 
Romain Traste, œnologue-conseil chez Ecotone Œnologie, à Bordeaux, en Gironde
Romain Traste, œnologue-conseil chez Ecotone Œnologie, à Bordeaux, en Gironde © R. Traste
« Tout dépend du vin, mais en règle générale, à Bordeaux, on ne soutire pratiquement plus. Car à l’instar des vins d’autres régions subissant les effets du réchauffement climatique, les vins bordelais ont des pH de plus en plus élevés qui les rendent plus sensibles aux conséquences induites par de trop grands apports en oxygène, dont l’installation des bretts.

 

Le nombre de soutirages à effectuer est en fonction de la capacité du lot à résister à l’oxydation, que l’on peut déterminer avec différents outils, comme le PolyScan ou le bilan oxygène. Il est aussi possible de suivre l’évolution en barrique avec des sondes.

Le premier soutirage, selon moi, est à réaliser vers le départ, lorsque le vin est réduit à la dégustation. Cela le nettoie de ses lies et le clarifie. Les particules lourdes, potentiels substrats pour les bretts, sont éliminées, entraînant avec elles toute ou partie de la population levurienne à risque. À ce stade, la température n’est pas très élevée, le risque est faible.

En fin d’élevage, à l’inverse, le risque augmente. La température dépasse généralement les 16 °C, ce qui rend le soufre moins actif. Un apport d’oxygène risque de booster le développement des Brettanomyces. Avant tout soutirage qui serait nécessaire pour cause de réduction, il faut effectuer un contrôle microbien. En dessous de 102 levures/ml, le risque est limité, on peut soutirer. Entre 102 et 104 levures/ml, il est possible de soutirer puis d’ajouter un peu de chitosane. Au-delà de 104, il faut ajouter du chitosane durant dix jours puis soutirer. »

Bruno Michéa, œnologue-conseil, directeur du Laboratoire AOC, à Beaune, en Côte-d’Or

« Oui, il faut soutirer avant vendanges »

 

 
Bruno Michéa, œnologue-conseil, directeur du Laboratoire AOC, à Beaune, en Côte d’Or
Bruno Michéa, œnologue-conseil, directeur du Laboratoire AOC, à Beaune, en Côte d’Or © B. Michéa
« Il faut forcément soutirer avant vendanges. Généralement, quand une attaque de bretts arrive, elle a lieu beaucoup plus tôt durant l’élevage, voire même lors de la phase préfermentaire.

 

De manière globale, le rythme de soutirage est fonction du cépage. Le pinot noir n’aime pas les soutirages fréquents et intempestifs. À l’inverse, un cabernet sauvignon, voire un merlot, s’en accommoderont davantage. Après, il ne faut pas oublier que, qui dit soutirage, dit dissolution d’oxygène et donc utilisation de SO2 derrière pour protéger le vin. En général, et sauf s’il y a l’apparition de goût de réduit, sur pinot noir, on effectue un bon débourbage après la vinification, puis un soutirage l’été pour mettre le vin en bouteilles ou pour finir l’élevage en cuve. Un soutirage avant vendanges permet de réduire la biomasse et de minimiser le risque.

En revanche, lorsque je travaillais dans le Médoc, on était plutôt sur un soutirage tous les trois mois. Mais il s’agissait d’élevages avec la bonde sur le côté et donc plutôt réducteurs. »

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