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Quatre solutions pour développer le marché du vin au verre

L’évolution des modes de consommation favorise le développement du vin au verre. Des systèmes misent sur le conditionnement dans des contenants évitant la bouteille. La situation de pénurie de verre les met en lumière.

Conditionner du vin dans des grands contenants adaptés au service au verre évite l'usage de bouteilles. La situation de pénurie de verre pourrait favoriser ces dispositifs encore rares en CHR.
Conditionner du vin dans des grands contenants adaptés au service au verre évite l'usage de bouteilles. La situation de pénurie de verre pourrait favoriser ces dispositifs encore rares en CHR.
© Catherine Gerbod
 

Quatre solutions pour développer le marché du vin au verre

L’évolution des modes de consommation favorise le développement du vin au verre. Des systèmes misent sur le conditionnement dans des contenants évitant la bouteille. La situation de pénurie de verre les met en lumière.

Le Keykeg se positionne en précurseur

Concept

Le Keykeg est un fût conçu par l’entreprise hollandaise OneCircle permettant de servir le vin à la tireuse. Il se compose d’une poche laminée hermétique positionnée dans un fût en plastique et qui sépare de façon étanche le vin du gaz de distribution. Il existe en 10 l, 20 l ou 30 l mais le format 20 l est le plus utilisé pour le vin.

 

 
Quatre solutions pour développer le marché du vin au verre
© C. Gerbod

 

Fonctionnement

Le vin est enfûté par le producteur. Un coupleur de remplissage est fourni avec le kit de démarrage. Keykeg peut aussi missionner un prestataire pour le remplissage. Des tutos sont disponibles pour s’initier. Un fût se remplit en 40 à 50 secondes selon Keykeg. On peut en conditionner 4 ou 5 en même temps. Pour le brancher à la tireuse, il faut un adaptateur. Avant d’être récupéré ou jeté en déchetterie, le fût doit être dégonflé (il reste 2 bars de pression) avec un bouchon de dégonflage.

Types de vins

Le fût est aussi adapté aux effervescents. Des proseccos sont ainsi conditionnés en Keykeg. La pression maximum est de 7 g/l de CO2.

Atouts

Le fût est recyclable à 86 % car la poche laminée intérieure est un déchet ultime. L’entreprise développe un réseau pour récupérer les contenants avec des partenaires, afin d’éviter une mise en décharge ou une incinération, destinées qui sont encore majoritaires. Actuellement le taux de récupération est de 46 % (tous pays confondus). Selon Keykeg, pour un fût de 20 l, l’empreinte carbone est réduite de 50 % par rapport à un conditionnement en bouteille.

Prix

Sur le site Internet de la marque, le prix unitaire est annoncé à 14,93 euros mais le tarif est dégressif en fonction des quantités commandées. Une palette comprend 80 fûts de 20 l. Le fût est personnalisable par un Sleeve que Keykeg peut créer à partir du logo du producteur.

Marchés

« C’est l’export qui tire actuellement ce contenant », observe Patrice Lagarde, chef de marché chez Soufflet Vigne, revendeur du Keykeg en France. L’évènementiel est aussi un débouché croissant. Ainsi le responsable œnologique de Jaillance étudie ce contenant pour pouvoir servir de la clairette-de-die dans les fêtes de village. Même si le vin ainsi conditionné perdra son appellation, le système permettrait de lever le frein de l’ouverture des bouteilles.

Flexikeg joue la carte du réemploi

Concept

Le Flexikeg ce sont deux poches façon bib dans une outre en tissu (bâche architecturale) réutilisable, permettant de servir du vin à la tireuse. L’une des poches contient le vin. Autour, l'autre poche contenant de l'air comprimé fait pression et permet le tirage. Une fois vide et dégazé, le Flexikeg se plie. « Le volume est alors divisé par 10 », souligne Jean-Christophe Doux, président de l’entreprise. Seule la poche intérieure est à changer pour un nouvel usage. Parmi les formats existants de 5 l, 15 l et 30 l, celui de 15 l est le plus utilisé pour le vin. Il rentre dans les frigos de bar type Gamco. Sa hauteur de 65 cm et sa poignée facilitent sa manipulation.

 

 
Quatre solutions pour développer le marché du vin au verre
© Flexikeg

Fonctionnement

Il se remplit à partir d’une machine de mise équipée de connecteurs spécifiques. Des tutos sont disponibles sur le site internet. Pour le transport, il est possible de palettiser les Flexikeg (ou peut les séparer par des cales pour rouleaux de papier disponibles chez Raja puis cercler). Pour le service, le fabricant fournit un pied afin de disposer le Flexikeg debout. On peut aussi le suspendre par la poignée ou le coucher.

Types de vins

Il est surtout destiné à des vins tranquilles. Flexikeg préconise un peu de soufre à la mise. De essais vont être menés avec des professionnels sur des vins sans soufre et des pétillants.

Atouts

Quatre solutions pour développer le marché du vin au verre
Le fût vide se plie et prend peu de place. Le Flexikeg de 15 l vide ne pèse que 1,7 kg. Il est fabriqué en France. La poche intérieure usagée est recyclable et peut se glisser dans la poubelle jaune. À terme, une massification pourrait permettre de compacter les poches intérieures et de les revendre à des recycleurs.

Prix

De base, il faut compter 65 euros pour le fût, 5,50 euros pour la la poche et 30 euros pour le kit de connexion qui permet de remplir le fût. En option, la nourrice permettant de remplir jusqu’à cinq fûts en moins de 4 minutes coûte 450 euros. L’utilisateur peut accéder à une subvention de l’Ademe compte tenu de la réemployabilité du contenant.

Marchés

L’un des clients historiques de l’entreprise est un caviste, la cave de Montreuil. Il achète les Flexikeg et les fait envoyer chez des vignerons qui les remplissent et les expédient. Il se charge de changer les poches et renvoie les Flexikeg pliés aux vignerons. La cave cherche à convaincre davantage de vignerons pour élargir son offre. Flexikeg va développer un service de changement de poche pour attirer de nouveaux clients.

L’Ecofass, pour développer des marchés locaux

Concept

 

Quatre solutions pour développer le marché du vin au verre

L’Ecofass, conçu par la société jurassienne CG Industry, se positionne aussi sur le service du vin à la tireuse mais avec un fût réemployable. Comme pour les autres systèmes adaptés aux tireuses, c’est de l’air comprimé qui est présent dans le fût, sans jamais être en contact avec le vin, protégé par une poche en aluminium. Les contenances possibles sont de 10 l, 20 l, 25 l et 30 l mais le format 20 l est préconisé pour le vin.

Fonctionnement

« Le remplissage doit s’effectuer le fût retourné. Les poches sont équipées d’une tête plate type A ou creuse type S. Ces deux types sont des standards de brasserie, explique Aline Lonjarret chez Ecofass. Pour l’utilisation des fûts, il faut une cloche de serrage fournie avec la première commande de fûts, une clé à cliquet ou clé dynamométrique carré standard 1/2’’, une pompe et un compresseur. » Un fût se remplit en moins de 5 minutes. Il faut aussi apprendre à changer la poche intérieure. Ecofass propose un manuel d’utilisation, des vidéos sur son site internet et des démonstrations dans ses locaux. Le fût se conserve un an plein, et trois semaines une fois en place. De bonnes conditions de stockage du fût entamé et un bon entretien des systèmes de soutirage peuvent la prolonger.

Types de vin

L’Ecofass est adapté à des vins tranquilles blancs, rosés et aussi à des pétillants. Il convient moins aux rouges, sauf s’ils se servent frais.

Atouts

Pas besoin de tête spécifique, puisqu’il s’adapte aux tireuses à bière standard. Vide, le 20 l pèse 5,2 kg, donc beaucoup moins que le volume de bouteilles correspondant. Il est fabriqué en France et réemployable, ce qui favorise l’économie circulaire. Il permet de développer des marchés localement. La poche se jette en déchet ultime mais selon Ecofass, elle pourrait entrer dans un process pour être « broyée et servir de combustible pour chauffer des cimenteries par exemple ». Les fûts s’empilent sur deux rangées et peuvent être stockés sur palette.

Prix

Un fût de 20 l est facturé « moins de 60 euros HT, une poche intérieure de 20 l, moins de 6 euros HT », communique Ecofass.

Marchés

Les performances de conservation de l’Ecofass ont été validées par des tests réalisés avec InterRhône il y a sept ans. « En France, c’est plus difficile à mettre en place pour le vin car il n’y a pas une habitude du vin à la tireuse comme en Italie ou Suisse, le consommateur est attaché à la présentation de la bouteille. Il faudrait imaginer lui présenter une étiquette ou une bouteille vide », constate Aline Lonjarret. L’un des premiers clients d’Ecofass est un distributeur suisse qui achète les fûts et les fournit à ses clients CHR après remplissage chez les vignerons. Un modèle que l’entreprise aimerait populariser en France.

Invineo veut optimiser le vin au verre

Concept

Conçu en Belgique, Invineo veut simplifier et optimiser le service du vin au verre en évitant l'usage de bouteilles. C’est une sorte de Nespresso du vin, rechargeable avec des cartouches en forme de tube contenant deux litres de vin conditionné dans une poche sous vide. Ce « bag in tube » évoque un magnum. Les trois compartiments de la machine sont autonomes pour la gestion de la température. Un verre se sert en moins de 5 secondes.

 
Quatre solutions pour développer le marché du vin au verre
© Invineo

 

Fonctionnement

La machine n'utilise pas de gaz alimentaire. Le refroidissement s'opère par un mécanisme breveté utilisant des dispositifs thermoélectriques. Connectée, la machine associe au vin une température de service optimale, enregistre la date d’ouverture de la cartouche, permet une analyse des ventes et une gestion des stocks. La protection est d’au moins trois semaines. Invineo achète le vin en vrac chez ses fournisseurs, leur envoie des flexitanks (250 l à 1 000 l). L'entreprise assure elle-même le conditionnement en cartouches. L’étiquette du producteur est adaptée pour figurer sur le tube qui sera visible dans la machine.

Types de vin

Invineo sélectionne des vins tranquilles rouges, blancs ou rosés chez des domaines indépendants, visant un prix au verre entre 4,5 et 8 euros en CHR. Elle les classe par profil aromatique. À ce jour, l’entreprise vend en moyenne 50 % de vins blancs (chardonnay, sauvignon principalement), 35 % de rouges et 15 % de rosés mais avec de fortes variations selon les lieux et les saisons. La carte propose par exemple un malbec en IGP val de loire, un beaujolais villages blanc ou un IGP veneto rouge.

Atouts

Les cartouches sont récupérées chez les clients lors des livraisons pour réemploi six à dix fois. La poche intérieure est à usage unique. L’analyse de cycle de vie calculée sur 300 km de rayon autour de l’entreprise fait état d’une diminution de 75 % de l’empreinte carbone par rapport à la bouteille.

Prix

La machine est vendue, louée ou proposée en leasing. Une location coûte 120 euros par mois avec un contrat de service. L’achat des cartouches de vin débute à partir de 15,50 euros HT (y compris droits d’accises).

Marchés

« Notre cible ce sont les établissements où le vin n’est pas le roi et où il y a un besoin de simplification du service », explique Thierry Tacheny, le fondateur. Invineo vise aussi l’événementiel, par exemple les bars des salles de spectacle. À ce jour, 150 dispositifs sont installés, dans un rayon volontairement limité à 300 km autour de Bruxelles, siège de l’entreprise (Belgique, Pays Bas, France jusqu’à Paris) par souci de coûts logistiques. Fournisseur historique d’Invineo, Christian Gourjon, vigneron du château Font Barrièle en costières-de-nîmes, souligne qu’il faut une grande rigueur lors du remplissage des contenants mais il est très satisfait de ce système qu’il juge innovant. Avec trois à cinq références, il expédie l’équivalent d’une palette par mois et la quantité est amenée à augmenter.

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