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« Pour agrandir son domaine viticole, maîtriser son marché, c’est la base », Cyril Laudet, vigneron dans les Landes

Cyril Laudet, vigneron landais, s’est lancé en parallèle dans deux projets d’agrandissement pour assoir sa stratégie commerciale.

En s'appuyant à la fois sur l'armagnac et le vin, Cyril Laudet accroit sa surface de production progressivement.
En s'appuyant à la fois sur l'armagnac et le vin, Cyril Laudet accroit sa surface de production progressivement.
© Domaine Laballe

Cyril Laudet a pris les commandes du Domaine Laballe en 2007, à 29 ans. Cette exploitation familiale située à Parleboscq, dans les Landes, à la limite du Gers, élabore à la fois du vin et de l’armagnac sur 20 hectares. En 2019, il a racheté l’ensemble des 75 hectares de terres du domaine. Une aquisition programmée de longue date. Convaincu du potentiel des vins et de l’armagnac issus de son terroir de sables fauves, il a enclenché un plan de doublement progressif de la surface de vignes. Il a déjà planté 1 hectare de baco franc de pied, et 1 hectare de folle blanche en 2022, 2 hectares de gros manseng en 2023. Sont prévus, 14 hectares de baco sur 2024 et 2025 et 5 hectares de folle blanche en 2026. Le tout, en préservant les bois et lacs, voire en réaménageant des haies.

En parallèle, il s’est agrandi, toujours dans les Landes mais à 140 kilomètres de là. Car en 2019, il a saisi la possibilité d’exploiter 5 hectares de vigne situés à Capbreton, au Domaine de la Pointe, à 800 mètres de la mer. C’est justement dans cette ville qu’il a installé ses bureaux et entrepôts. « Ces vignes sont les dernières du coin sur un terroir exceptionnel de sable », s’enthousiasme-t-il.

Établir des comptes prévisionnels solides

Pour assurer son essor, Cyril Laudet cherche à « avoir des bases solides ». Il a choisi d’embaucher une directrice administrative et financière en 2018. « Un vrai choix pour une entreprise qui, à l’époque, comptait moins de 10 personnes, quitte à me serrer la ceinture », appuie-t-il. Son but : rassurer ses banquiers et travailler avec des comptes prévisionnels bien cadrés et actualisés.

Le commercial est au cœur de sa stratégie. Son objectif est de produire ce qu'il estime pouvoir vendre. « Connaître et maîtriser son marché, c’est essentiel, c’est la base », conseille-t-il. Il a donc toujours libéré du temps afin de construire son réseau de distribution, de penser au marketing et aux projets. Pour pouvoir redynamiser l’armagnac, il a d’abord développé le vin, plus rapide à vendre. Il a misé sur l’attractivité de la côte landaise et basque. Sa gamme « Les pieds dans le sable », valorisant différents terroirs de sable des Landes (dont certains en négoce), est ainsi vendue à 90 % localement et fonctionne très bien.

Pour financer son extension de vignes d’armagnac, il fait évoluer ses bas-armagnacs avec des élevages plus courts et une approche cépage. L’intérêt économique rejoint ses intuitions sur le marché des spiritueux. Il a notamment lancé une blanche d’armagnac ou encore un armagnac de 3 ans.

Varier les sources de financement

Peu enclin à se lancer dans de coûteux investissements de machinisme viticole, il a préféré d’abord confier les travaux mécaniques des vignes à un voisin. « Les coûts mécaniques étaient ainsi garantis sur l’année, je savais où j’allais. Je n’ai acheté mon premier tracteur qu’en 2019, lorsque j’avais 20 hectares », explique-t-il.

En capitalisant sur son réseau, il a mis en place un financement différent pour chaque agrandissement. Pour racheter les 75 hectares de terres de son domaine familial, il a monté un GFA « avec des copains ». Le loyer que l’exploitation paye au GFA assure presque les annuités du crédit qu’il a engagé. « Deux banques qui croient au projet m’accompagnent, », confie-t-il.

 

 
Les vins élaborés au domaine de la Pointe sont vendus à 90 % localement.
Les vins élaborés au domaine de la Pointe sont vendus à 90 % localement. © Famille Laudet

 

Grâce à la rencontre de deux partenaires locaux, il a pu « racheter le Domaine de la Pointe sans les banques ». Lui et sa femme Julie détiennent 60 % du capital. « Il s’agit d’un îlot de 9 hectares dont 7 hectares appartiennent à la mairie et font l’objet d’un bail, seuls 2 hectares de vigne étaient à vendre », décrit Cyril Laudet. Il évoque un investissement total de 400 000 euros avec le matériel, la marque, les vignes. Seuls 3 hectares étant en production lors de la reprise, une restructuration est engagée. En plus des vins, les Laudet misent aussi sur le potentiel œnotouristique.

Les deux domaines sont chapeautés par la société Famille Laballe qui commercialise les vins. En tant que huitième génération, assurer la pérennité du domaine familial est une forte motivation pour Cyril Laudet.

repères

Domaine Laballe et Domaine de la Pointe

Surface 24 hectares et 5 hectares

Encépagement baco, folle blanche, ugni blanc, colombard, chardonnay, gros manseng, cabernet sauvignon, merlot, tannat

Dénominations AOC bas armagnac, AOC blanche d’armagnac, IGP landes, IGP côtes-de-gascogne

Effectif 20 personnes

Prix de vente consommateur à partir de 7,20 euros (vin) et de 45 euros (bas armagnac, 50 cl)

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