Le fongicide de biocontrôle à base d’amibe d’Amoéba n’attend que les autorisations
L’entreprise Amoéba devrait recevoir à la fin du mois de mars une réponse concernant le classement européen de sa substance active. La confiance est de mise.
L’entreprise Amoéba devrait recevoir à la fin du mois de mars une réponse concernant le classement européen de sa substance active. La confiance est de mise.
La société lyonnaise Amoéba, spécialiste du traitement biologique de l’eau, ne ménage pas ses efforts dans sa stratégie de diversification vers le biocontrôle. Après avoir multiplié les partenariats techniques ces dernières années, avec des pointures comme BASF, De Sangosse ou Certis, l’entreprise est dans les starting-blocks pour une future commercialisation d’un antimildiou. « Nous avons un produit formulé, prêt pour la demande d’autorisation de mise en marché », révèle Fabrice Plasson, directeur général d’Amoéba. Ce dernier attend impatiemment de franchir la première étape réglementaire importante, à savoir l’autorisation de la substance active par l’Europe.
« Le dossier devrait nous revenir vers la fin du mois de mars », ajoute-t-il. Depuis quatre années, l’amibe passe des tests au champ, qu’ils soient réglementaires (accrédités BPE, Bonnes pratiques d’expérimentation) ou d’usage, pour mieux comprendre le positionnement et les associations possibles. Cela représente plus de 70 essais en Europe et aux États-Unis. La jeune entreprise a travaillé en parallèle sur la formulation avec des sociétés spécialisées sur le sujet : adjuvants mouillants et adhésifs viennent dorénavant renforcer l’efficacité et la résistance à la pluie du futur produit. En ce qui concerne ses capacités, elles semblent intéressantes, et « supérieures aux spécialités de biocontrôle sur le marché, affirme Fabrice Plasson. Nous constatons entre 50 et 70 % de protection en moyenne sur une pression dans la normale, contre 25 à 40 % pour certains produits de référence en biocontrôle. »
Économiser jusqu’à 75 % de produit phyto classique
Des niveaux de protection qui n’atteignent pas les standards chimiques, ce qui fait dire à Amoéba que son produit ne sera probablement pas recommandé en solo, notamment en encadrement de floraison ou lorsque la pression s’intensifie. Mais des combinaisons, testées avec l’IFV, semblent prometteuses. Avec les phosphonates par exemple, si l’on souhaite rester dans le biocontrôle. L’entreprise appuie d’ailleurs sur le fait que sa solution est meilleure sur grappe que sur feuille, à l’inverse de beaucoup de produits naturels.
L’amibe pourrait représenter également une bonne opportunité pour aider à réduire les doses de produits phytosanitaires que l’on utilise actuellement. « Les résultats au champ montrent qu’un tiers de dose de cuivre associé à notre solution donne une efficacité équivalente à une dose normale de cuivre », illustre le directeur. Il est probable que la substance soit classée à faible risque, et pourrait être, à première vue, compatible avec l’agriculture biologique. La production à grande échelle ne pose pas de problème technique, une unité de production de l’amibe existe déjà pour le biocide d’Amoéba, et une deuxième devrait être construite et dédiée aux besoins du biocontrôle dès que la substance sera autorisée. L’entreprise lyonnaise espère lancer son produit en vigne dès 2024.
comprendre
Les amibes sont des micro-organismes unicellulaires. Certaines ont la capacité de phagocyter des bactéries pour se nourrir. C’est ce qui a poussé les chercheurs à s’y intéresser, pour résoudre notamment les problèmes de légionelles dans les tours aéroréfrigérantes. C’est pour cet effet biocide que la souche Willaertia magna C2c Maky, découverte dans les eaux thermales d’Aix les Bains, a commencé à être exploitée par Amoéba. En 2017, l’entreprise a découvert un effet phytosanitaire en laboratoire. Le produit développé contient des lysats d’amibe qui ont montré d’une part un effet éliciteur et d’autre part un effet direct sur la germination, ce qui en fait un vrai fongicide. La solution sera proposée sous forme de suspension concentrée (SC), utilisable comme un phyto classique. Un effet antioïdium semble avoir été également constaté en 2021, l’entreprise essaiera de confirmer cela cette année.
repères
Amoéba
Type de produit lysat d’amibe
Mode d’action éliciteur et fongicide
Lancement espéré campagne 2024
Découvrez l'intégralité de notre dossier "Mildiou, les alternatives de demain" ici :
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