Aller au contenu principal

"Le bois raméal fragmenté conserve l’humidité des vignes", Frédéric Bourgoin, vigneron en Charente

Frédéric Bourgoin, vigneron charentais, mène un essai de BRF de peuplier sous le rang. Cinq mois après l’épandage, en voici les premiers enseignements.

Frédéric Bourgoin, vigneron charentais, constate que cinq mois après l'épandage, le BRF n'a laissé pousser que peu d'adventices et a conservé l'humidité.
© C. de Nadaillac

« Tout est parti d’une rencontre avec Claude Bourguignon, se remémore Frédéric Bourgoin, viticulteur à Saint-Saturnin, en Charente. Il expliquait comment reconstituer un sol vivant, pour optimiser le goût du terroir. Pour lui, il fallait s’inspirer du système forestier, qui se perpétue sans ajout d’engrais, grâce à la dégradation de bois. » En viticulture, cela revenait à ajouter du bois raméal fragmenté (BRF). Parallèlement à cela, la filière viticole charentaise encourage fortement l’abandon du désherbage chimique sous le cavaillon.

Frédéric Bourgoin décide donc de réaliser un essai. « Mon but était de voir si cette technique peut être une alternative au désherbage chimique sous le cavaillon valable », résume Frédéric Bourgoin. Le viticulteur souhaite également voir combien de temps le BRF tient avant que les adventices ne percent, vérifier s’il maintient bien l’humidité et limite l’évapotranspiration et compte étudier si sa dégradation provoque une faim d’azote et/ou une action fertilisante.

Le vigneron se rapproche donc de l’interprofession forestière de sa région, Futurobois. Cette dernière lui conseille d’opter pour du BRF de peuplier. Il s’agit d’un bois exempt de tanins, particulièrement léger et poreux, et ayant de bonnes capacités de rétention de l’eau. Frédéric Bourgoin contacte alors tous les prestataires locaux, « afin d’avoir un bon bilan carbone ». La SARL Martin et fils est partante. En janvier 2017, le vigneron saute le pas.

Un épandeur à engrais organique pour installer le BRF

Dans un premier temps, il va chercher une benne de BRF pour mettre au point sa méthode d’épandage. Il compte employer un épandeur à engrais organiques, déjà présent sur l’exploitation. Ce Dagnaud de 5 m3 et de 1,5 m de large, est doté de chaînes à godets, qui déposent la matière sur deux disques rotatifs. Ces derniers la distribuent alors sous le rang, de part et d’autre. « Nous avons dû faire quelques modifications pour qu’il fonctionne avec du BRF, note le viticulteur. Nous avons notamment ajouté des barres métalliques entre les chaînes. Nous y avons passé quelques heures à souder. »

Quelques jours plus tard, il se fait livrer 70 m3 de P45 (BRF de 45 mm maximum de long), pour pailler les 33 ares du test, qu’il épand en couche de 15 cm d’épaisseur, sur 40 cm de large. L’opération est chronophage et prend deux jours. « La SARL Martin et fils nous a gracieusement fourni et livré le BRF dans une benne en U », indique Frédéric Bourgoin. Mais il a ensuite dû louer un manitou équipé d’une pelle (de la même largeur que l’ouverture de la benne) durant les deux jours, pour déplacer le BRF de la benne à l’épandeur. « Il faut être bien aguerri pour ces manœuvres, indique son père, Alain Bourgoin. Et il faut être précautionneux pour ne pas vider tout le contenu de la pelle à côté de l’épandeur. »

Au moment de notre reportage, le 22 juin, soit cinq mois après l’épandage, le taux de salissure du cavaillon était faible. Seuls quelques liserons, chardons et garances avaient réussi à traverser la couche de copeaux. De même, dès que l’on ôtait le BRF pour atteindre la terre, celle-ci était fraîche et humide bien que l’on soit en période de canicule et en plein après-midi. Le paillage permet donc réellement de conserver l’eau dans le sol. Et d’ailleurs, les micro-organismes ne s’y trompent pas. Ils étaient nombreux, collemboles, araignées, cloportes, à s’y bousculer. Du mycélium blanc avait même commencé à se développer sur le bois.

S’il est donc encore trop tôt pour connaître l’impact exact de cette technique à moyen terme sur les adventices et sur le sol, elle a un intérêt indéniable à court terme.

repères

SUPERFICIE 90 hectares

TYPE DE SOL terre de groies, sous sol du Portlandien (Jurassique)

ENCÉPAGEMENT ugni blanc

AOP cognac

ÉCARTEMENT INTERRANG 25 % en 3 mètres, le reste en 1,80 et 2 mètres

ENTRETIEN DE L’INTERRANG enherbement

PRIX DU BRF environ 12 euros HT/ha pour de faibles volumes

TEMPS D’ÉPANDAGE deux jours pour 30 ares avec interrangs de 2 m

Tous les articles de notre dossier "Paillage de la vigne" :

Les paillages, une fausse bonne idée ?

« Attention à ne pas encrasser les sols »

« La paille crée un amendement organique »

Le BRF conserve l’humidité

" Plus besoin d’herbicide entre les rangs "

 

Les plus lus

Prix des vignes 2024 : quelle évolution par région ?

La Safer a livré son bilan 2024 du prix des terres viticoles. La tendance générale est à la baisse des prix mais le nombre de…

<em class="placeholder">Vigne abandonnée à Saint-Gervais dans le Gard.</em>
Vignes abandonnées : un nouveau dispositif législatif plus dissuasif pour les friches viticoles

La pression économique et sanitaire renforce encore le sentiment d’urgence à endiguer l’essor des friches viticoles. Un…

<em class="placeholder">Thomas Saleilles produit désormais, en plus du raisin, du jus et des plants de grenade.</em>
Diversification viticole dans le Gard : « Je suis heureux des revenus complémentaires que m’apporte la grenade »

Facilement compatible avec l’activité viticole, la grenade demande peu d’interventions. Rencontre avec Thomas Saleilles, dans…

<em class="placeholder">Tracteur Same Frutteto Pro</em>
Same - L’autoguidage sans GPS sur les Frutteto Pro
Le constructeur italien Same lance les tracteurs spécialisés Frutteto Pro toute équipée.
<em class="placeholder">La famille Hauselmann dans sa parcelle de kiwis. </em>
Diversification viticole en Charente-Maritime : « Les gens font des kilomètres pour venir acheter nos kiwis »

Camille Hauselmann cultive, avec son frère et son cousin, des kiwis en Charente-Maritime, en complément de leur activité…

<em class="placeholder">Tracteur enjambeur Grégoire GS5 dans les vignes</em>
Grégoire – GS5, la nouvelle génération d’enjambeurs double rang

Grégoire lance la gamme d'enjambeurs GS5, qui remplace la G5. Elle adopte une nouvelle cellule de pulvérisation et une…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Vigne
Consultez les revues Réussir Vigne au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters des filières viticole et vinicole