Aller au contenu principal

Agrivoltaïsme : après une sueur froide, les porteurs de projets appellent à la publication rapide de la PPE

Après avoir craint à l’adoption d’un moratoire sur les énergies renouvelables, les acteurs du photovoltaïsme et notamment de l’agrivoltaïsme appellent le gouvernement à publier au plus vite la prochaine programmation pluriannuelle énergétique pour définir un cap.

Panneaux photovoltaïques au-dessus de cultures.
A 377 voix contre 142, les députés ont rejeté le 24 juin la proposition de loi Gremillet qui comprenait un article instaurant un moratoire sur l'éolien et le photovoltaïque.
© Xavier Remongin/agriculture.gouv.fr

« La proposition de loi Gremillet devait donner à la France une stratégie énergétique cohérente et ambitieuse. Elle a été défigurée par des amendements de posture, un moratoire sur les renouvelables dévastateur, et des mesures sans vision ni analyse de leur impact », ainsi s’est exprimé Marc Ferraci, ministre de l’Industrie et de l’Energie le 24 juin sur Linkedin. Et de se féliciter qu’en refusant le texte (à 377 voix contre 142 pour), les députés « aient refusé de sacrifier notre souveraineté énergétique sur l’autel des postures idéologiques ». 

Pour rappel la proposition de loi Gremillet porte sur la programmation nationale et la simplification normative dans le secteur économique de l’énergie. En séance plénière, les députés RN ont soutenu un amendement LR porté par le député Jérôme Nury visant à suspendre tout nouvel investissement dans les énergies photovoltaïque et éolienne, adopté le 19 juin. Un vote ayant suscité l’indignation chez les partisans des énergies renouvelables.

Lire aussi : Hangars photovoltaïques agricoles : le tarif d’achat de l’électricité passe à 95 €/MWh jusqu’en juin… et après ?

Audrey Juillac, agricultrice et présidente de la FFPA : « Je suis consternée »

« Je ne suis pas surprise de ce moratoire sur le solaire. Je ne suis pas simplement inquiète non plus. Ni même très inquiète. Je suis consternée », a réagi le 23 juin Audrey Juillac, agricultrice et présidente de la fédération française des producteurs agrivoltaïques (FFPA) sur linkedin. Face au changement climatique déjà à l’œuvre, « nous proposions une solution perfectible, certes, mais concrète. Un levier parmi d’autres, et un levier d’avenir » s’exprime-t-elle encore ajoutant « protéger nos cultures et la pérennité de nos exploitations tout en produisant de l’énergie verte, c’est gagnant-gagnant ». Et de s’offusquer face « aux manœuvres politiques » qui « entendant priver [les agriculteurs] de cette solution ». 

Le 23 juin, dans un communiqué, la FNSEA juge « cette mesure inacceptable pour les agriculteurs ! » voyant dans ce « moratoire » « un coup économique brutal pour des milliers d’agriculteur développant des projets ancrés dans les territoires et qui contribuent aux transitions agricoles et bas-carbone ».

Même son de cloche du côté de France Agrivoltaïsme qui appelle le 20 « au sursaut des parlementaires pour garantir la pérennité des filières de l’énergie renouvelable » en rejetant le texte dans son intégralité.

Lire aussi : Inquiets pour leurs revenus, près de 50% des agriculteurs envisagent de produire de l’énergie

Agrivoltaïsme : la filière appelle à la publication de la programmation pluriannuelle de l’énergie 

Si l’appel a été entendu, France Agrivoltaïsme demande que soit publiée avant la rentrée 2025 la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), « attendue depuis de nombreux mois et de nouveau promise par le premier ministre avec le niveau d’ambition de la version soumise à consultation en mars dernier ». Et France Agrivoltaïsme d’appeler le gouvernement et les élus à « chercher un équilibre serein dans le mix énergétique français lors des prochains échanges relatifs à la programmation énergétique de notre pays ». 

La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), seul outil capable de redonner visibilité et confiance aux filières

« Dans ce moment de clarification, il est désormais essentiel que le Gouvernement publie rapidement le décret fixant la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), seul outil capable de redonner visibilité et confiance aux filières, de sécuriser les investissements et de garantir notre souveraineté énergétique sur le long terme » demande aussi  le SER (syndicat des énergies renouvelables) dans un communiqué

Lire aussi : PPE : Quel objectif pour l’agrivoltaïsme dans la 3e Programmation pluriannuelle de l’énergie ?

Des objectifs clairs attendus pour l’agrivoltaïsme

Lors des deuxièmes rencontres de l’agrivoltaïsme le 16 juin à Paris, plusieurs intervenants ont milité pour la publication rapide de la PPE, avec des objectifs clairs pour l’agrivoltaïsme, le chiffre de 50 000 hectares revenant plusieurs fois.

Il y a des projets solides et du ménage à faire. L’important c’est que les projets soient viables économiquement

« L’agrivoltaïsme a décollé ? Il est plutôt en bout de piste, il va falloir qu’on définisse une trajectoire commune », s'est ainsi exprimé Jean-Yves Heurtin, vice-président des Chambres d’agriculture France lors de cette journée.

Voir tous nos articles sur l'agrivoltaïsme 

« Il y a des projets solides et du ménage à faire. L’important c’est que les projets soient viables économiquement », a réagi pour sa part Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, reconnaissant un « débat fort au sein du milieu agricole » sur le sujet. « Travaillons avec ceux qui ont envie pour se faire une carte de la réussite et des bonnes pratiques. Pour certains agriculteurs c’est le moyen de pérenniser des exploitations », ajoute-t-il.

Lire aussi : Encadrement des projets agrivoltaïques : la proposition de loi reportée de plusieurs mois

« On aura besoin d’énergie renouvelable sur les toits mais pas seulement arrêtons de mettre des bâtons dans les roues de l’agrivoltaïsme. C’est parti ! Les textes sont là, une maturité est en train de s’installer. Allons-y avec un vrai objectif sur 5 ans », complète Olivier Dauger, coprésident de France agrivoltaïsme

Christophe Gros, directeur de la régulation chez Enedis, appelle également à ce que « la PPE sorte le plus vite possible pour confirmer des ambitions ». Et de rappeler : « On investit pour 40 ans et au-delà ».

Lire aussi : Agrivoltaïsme : « c’est une filière récente, nous proposons 7 mesures pour qu’elle parte sur de bons rails »

Les plus lus

Eleveurs regardant leur troupeau de vaches allaitantes.
« Contrairement aux idées reçues, qu’ils soient issus ou non issus du milieu agricole les nouveaux installés se ressemblent beaucoup »

Les projets d’installation des non issus du milieu agricole ressemblent bien plus qu’on le croit aux projets des actifs issus…

Moissonneuse-batteuse New-Holland CR dans un champ d'orge
Moisson 2025 : c’est parti pour la nouvelle récolte des céréales !

Le top départ de la moisson 2025 vient d’être donné, en commençant sans surprises par la récolte d’orges d’hiver en Nouvelle-…

Hugo Clément discuant avec une éleveuse dans une prairie devant une haie.
Hugo Clément vise la production de maïs française dans Sur le front : comment la filière contre-attaque et dénonce une émission à charge

L’émission sur le Front consacrée à la filière française de maïs et présentée par Hugo Clément le 16 juin suscite de vives…

 troupeau en arrière plan derrière un champ de maïs
Des aides PAC 2024 revues à la hausse : quelles sont les aides concernées et quels sont les nouveaux montants ?

Plusieurs arrêtés parus au journal officiel du 13 juin réévaluent à la hausse des aides PAC découplées, couplées végétales et…

Champ de noisetiers à Cancon, capitale de la noisette.
Interdiction de l’acétamipride : le Conseil d’État rejette un recours de Phyteis

Le Conseil d’État a rejeté, dans une décision rendue publique le 5 juin, la demande du syndicat Phyteis d’annuler un décret de…

Parcelles agricoles et prairies dans la Somme
Comment l’Académie de l’agriculture propose de revoir la gouvernance du foncier agricole et le statut du fermage ?

Estimant la gouvernance foncière agricole obsolète et le statut du fermage inadapté, un rapport de l’Académie de l’agriculture…

Publicité